Marche contre l’islamophobie du 11 mai 2025 : premières remarques

La grande marche du 11 mai 2025 marque une étape importante dans l’affirmation des puissances décoloniales des musulmans de France, des Afro-descendants et des Palestiniens qui se sont traduites dans notre cortège mené conjointement par Perspectives MusulmanesUrgence Palestine, le Parti des Indigènes de la République et un bloc d’organisations panafricaines : Ligue Panafricaine-UmojaDynamique Unitaire Panafricaine et Ka-Ubuntu

Cette caractéristique majeure distingue cette manifestation contre l’islamophobie de celle de 2019, où certaines organisations autonomes de l’immigration avaient été exclues par les initiateurs de la marche afin de rallier une partie de la gauche blanche. Le martyre de notre frère Aboubakar a également créé les conditions d’une convergence inédite entre les organisations de lutte contre l’islamophobie et celles contre la négrophobie.  

Nous avons réussi à réunir à Paris 15 000 manifestants, dans un contexte nettement plus répressif, voire anxiogène, marqué par la fuite en avant raciste et autoritaire du gouvernement français, qui ose aujourd’hui menacer Urgence Palestine, la principale incarnation de soutien au peuple palestinien en France. Cette manifestation contre l’islamophobie était donc également, naturellement, un moment de mobilisation contre la dissolution d’UP et d’affirmation de notre fidélité à la lutte de libération palestinienne. 

Nous avons revendiqué la nécessaire autonomie de pensée et d’action des luttes menées par les musulmans, noirs, sans-papiers et colonisés. Il ne saurait y avoir de lutte contre racisme sans une direction définie par ceux-là mêmes qui résistent à l’oppression raciste. Pas de lutte contre l’islamophobie sans centralité musulmane. Pas de lutte contre la négrophobie sans centralité noire.

Par leurs voix liées entre elles par des années de combat, ces organisations ont réussi à faire résonner ceci : la lutte contre l’islamophobie, la négrophobie, la persécution des sans-papiers et les luttes de libération des peuples sous le joug du colonialisme et de l’impérialisme sont les conditions sine qua non d’une lutte conséquente et réelle contre le racisme et la colonialité. 

La force si visible et audible de notre cortège a dû rendre aveugles et sourds bon nombre de commentateurs et de journalistes qui ont rendu compte de la Marche sans évoquer la présence de nos organisations, autrement dit, sans évoquer celles qui ont poursuivi inlassablement le combat contre le racisme, le colonialisme et l’impérialisme, depuis des années, faisant face à la répression de l’Etat, et attirant de plus en plus les jeunes générations militantes qui savent que ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous.

La rédaction

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