« Nous ne laisserons pas réprimer le Collectif contre l’islamophobie en Europe »

Plusieurs organisations dénoncent dans cette tribune publiée dans Politis la répression du Collectif contre l’islamophobie en Europe, après le placement en garde à vue de plusieurs de ses salarié·es et la perquisition de leur domicile, comme le révélait Politis, mardi 13 mai.

Le 11 mai dans toute la France, des dizaines de milliers de personnes musulmanes, antiracistes, antifascistes, de gauche et/ou simplement attachées à la démocratie et à la défense des droits humains défilaient contre l’islamophobie et tous les racismes après l’assassinat atroce d’Aboubakar Cissé dans un lieu de culte.

À l’appel de dizaines d’organisations, c’est une réponse ferme et pacifique qui était donnée à l’extrême droite et à la course à l’échalote pour conquérir l’électorat du Rassemblement national menée, notamment, par le candidat à la présidence des Républicains et ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Mardi 13 mai, des salarié·e·s et membres du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), une des organisations signataires de notre appel à la marche, ont été perquisitionné·es et arrêté·es. Nous voulons d’abord dire notre chagrin et notre solidarité aux personnes concernées : quelle que soit la suite, une perquisition est un traumatisme psychologique, une violence physique, un préjudice moral qui laisse des traces irréparables. La triste banalisation de cette méthode d’intimidation préventive ces derniers mois contribue à la déshumanisation islamophobe : nous ne laisserons pas invisibilisée la souffrance des personnes et de leurs familles.

Que vise cette opération de basse police politique contre le CCIE ? Notre marche d’abord, la mobilisation contre l’islamophobie et tous les racismes qui se font jour. Mais aussi un baromètre précieux de la violence islamophobe au moment où elle s’intensifie, où des femmes portant le hijab sont agressées en pleine rue, où les attaques contre les lieux de culte se multiplient.

Le CCIE recense les actes islamophobes individuels et collectifs, relaie la parole des victimes, les accompagne dans des parcours juridiques complexes. Il dresse aussi chaque année un tableau sourcé, étayé, chiffré de l’islamophobie partout en Europe, et notamment en France. Il s’appuie sur des chercheurs et chercheuses issu·es de toutes les disciplines pour analyser les effets des discours de haine et des politiques publiques discriminantes.

Associations, collectifs, syndicats, partis politiques, à l’origine ou soutiens de la mobilisation unitaire historique de ce 11 mai, nous ne laisserons pas réprimer le CCIE. S’il s’agit de faire un exemple pour dissuader la poursuite de la mobilisation, nous sommes toutes et tous des exemples de la résistance à l’extrême droite et aux politiques islamophobes mortifères qu’elle inspire au gouvernement. La gestion par la répression autoritaire et violente de toutes les oppositions sociales, sociétales et politiques au gouvernement actuel est indigne d’une démocratie et doit cesser.

Signataires


Comité de soutien d’Abdourahmane Ridouane
Ligne de Crêtes
Collectif Marche du 21 avril contre les racismes, l’islamophobie et la protection des enfants
Stop aux violences d’état (SAVE)
RED jeunes
Union des démocrates musulmans français (UDMF)
Comité de soutien de Francois Burgat
NPA l’anticapitaliste / NPA-A
Argenteuil solidarité Palestine
Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF)
Cage international
Gaza Compiègne solidarité
Brigade anti-négrophobie (BAN)
Parti des indigènes de la République (PIR)
Perspectives musulmanes (PM)
Front uni des immigrations et des quartiers populaires (Fuiqp)
Collectif ivryen contre la loi séparatisme
Marche des solidarités
Intercollectif des sans-papiers
Étudiants musulmans de France (EMF)
Collectif stop islamophobie !
Assemblée des quartiers
Éducation Gaza
Émergence populaire 38
Collectif de défense des jeunes mantois
Égalités

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