Discours introductif prononcé par notre frère Azzedine Benabdellah lors de la Conférence de Dhoruba Al Mujahid Bin Wahad, vétéran du Black Panther Party et de la Black Libération Army le 25 Septembre 2022 à Paris.
C’est un grand honneur pour le Parti des Indigènes de la République et la Fondation Frantz Fanon d’accueillir aujourd’hui Dhoruba Al Mujahid Bin Wahad, que nous remercions pour sa présence, ainsi que pour celle de nos frères et soeurs de l’association Dar Al Janub, Maison du Sud, qui l’accompagnent dans sa tournée européenne.
Militant révolutionnaire afro-américain, vétéran du Black Panther Party et de la Black Libération Army, Dhoruba est la fois l’acteur, le témoin et le passeur de témoin d’une génération qui a fait trembler la suprématie blanche sur ses bases. Cette génération qui a fait le lien entre le racisme domestique et l’ordre colonial international, entre les luttes intérieures des peuples non-blancs et celles des peuples du Sud, et entre la lutte contre le racisme et la lutte pour le pouvoir, est une source d’inspiration toujours renouvelée pour nos organisations et pour nos combats.
Dhoruba est un représentant de la Black Radical Tradition, la tradition radicale noire. Cette tradition, qui dévoile l’illusion libérale de l’intégration propagée par les élites non-blanches cooptées par le pouvoir, est la source très souvent non citée de nombreux discours et stratégies antiracistes. Car l’histoire des luttes noires de libération est falsifiée par ces mêmes élites cooptées, qui en occultent les véritables objectifs et en diffament parfois les acteurs, afin de promouvoir un agenda politique contraire aux intérêts de nos communautés et de nos peuples.
Cette génération a connu une répression sans merci, qui a conduit des vétérans comme Dhoruba à passer des décennies dans les prisons de la Suprématie Blanche. Nombreux sont encore aujourd’hui les prisonniers combattants enfermés par les Etats Coloniaux et leurs complices, afin de tenter d’éteindre la lutte qui, de la Palestine à l’Afrique, du Kashmir à l’Amérique Latine en passant par les vieilles métropoles impériales, vient contester ce vieux monde condamné à mort.
Condamné à mort, car c’est dans le contexte du déclin progressif de l’Occident que se développe la radicalisation des structure autoritaires de l’Etat racial, et que montent les politiques racistes et les partis d’extrême droite. L’adoption de la loi Séparatisme en France et le durcissement annoncé des lois migratoires constitue une énième étape de ce processus visant les musulmans, les noirs, les migrants, et toute communauté dont l’existence vient menacer la civilisation coloniale.
La conférence de Dhoruba porte précisément sur la résurgence de ces politiques et sur les moyens d’y résister. Penser l’autodéfense comme l’ont fait les militants révolutionnaires noirs, c’est penser le pouvoir et les moyens pour conquérir celui-ci. Dans la perspective de nos organisations en France, faisant face à un Etat de plus en plus violent et sécuritaire, n’hésitant pas à recourir aux dissolutions, aux mensonges, aux menaces et au harcèlement judiciaire et policier, les enseignements que Dhoruba Bin Wahad va nous offrir ne peuvent être plus d’actualité, et plus précieux, et nous l’en remercions par avance. Merci à toi Dhoruba, merci au CEDETIM et au CICP, et merci à vous tous pour votre présence aujourd’hui.
Thinking Self-Defense, Thinking Power (Introduction to Dhoruba Al Mujahid Bin Wahad)
Introductory speech delivered by our brother Azzedine Benabdellah at the Conference of Dhoruba Al Mujahid Bin Wahad, veteran of the Black Panther Party and the Black Liberation Army on September 25, 2022 in Paris.
It is a great honor for the Parti des Indigènes de la République and the Frantz Fanon Foundation to welcome today Dhoruba Al Mujahid Bin Wahad, whom we thank for his presence, as well as for that of our brothers and sisters of the Dar Al Janub association, House of the South, who are accompanying him in his European tour.
An African-American revolutionary activist, veteran of the Black Panther Party and the Black Liberation Army, Dhoruba is at once the actor, the witness and the passer of baton of a generation that has shaken white supremacy to its foundations. This generation that made the link between domestic racism and the international colonial order, between the domestic struggles of non-white peoples and those of the people of the South, and between the struggle against racism and the struggle for power, is an ever-renewing source of inspiration for our organizations and for our struggles.
Dhoruba is a representative of the Black Radical Tradition. This tradition, which exposes the liberal illusion of integration propagated by non-white elites co-opted by power, is the very often unquoted source of many anti-racist discourses and strategies. For the history of Black liberation struggles is falsified by these same co-opted elites, who obscure their true goals and sometimes defame their actors, in order to promote a political agenda contrary to the interests of our communities and peoples.
This generation has experienced merciless repression, which has led to veterans like Dhoruba spending decades in White Supremacist prisons. Many are still today the combatant prisoners locked up by Colonial States and their accomplices, in an attempt to extinguish the struggle that, from Palestine to Africa, from Kashmir to Latin America, passing through the old imperial metropolises, comes to challenge this old world condemned to death.
Condemned to death, because it is in the context of the progressive decline of the West that the radicalization of the authoritarian structures of the racial state develops, and that racist policies and extreme right-wing parties rise. The adoption of the Separatism Law in France and the announced tightening of migration laws is the umpteenth step in this process targeting Muslims, blacks, migrants, and any community whose existence threatens colonial civilization.
The Dhoruba conference is precisely about the resurgence of these policies and how to resist them. To think of self-defense as black revolutionary activists means thinking power and the means to conquer it. In the perspective of our organizations in France, facing an increasingly violent and securitarian state, not hesitating to resort to dissolutions, lies, threats and judicial and police harassment, the teachings that Dhoruba Bin Wahad will offer us could not be more topical, and more precious, and we thank him in advance. Thank you Dhoruba, thank you CEDETIM and CICP, and thank you all for your presence today.
