Le racisme anti-arabe : un racisme décomplexé

Le racisme respectable

M. Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur, à été condamné le 4 juin
2010 par le Tribunal correctionnel de Paris à 750 euros d’amende pour
injures à caractère raciste, 2000 euros de dommages et intérêts, avec
publication du jugement dans un journal.

Cette décision fait suite à des propos tenus lors de l’université
d’été 2009 de l’UMP où, posant pour une photo avec un jeune militant
d’origine maghrébine, il a déclaré : « Il ne correspond pas du tout au
prototype. Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est
quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes »…

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples
(MRAP) porte plainte et demande la démission du ministre. Car même si
M. Hortefeux n’est pas à son premier dérapage, ces déclarations sont
« d’une violence inouïe », explique Mouloud Aounit, président du MRAP.
Elles renvoient aux Français immigrés « l’idée qu’ils ne sont pas des
Français comme les autres, des Français à part entière. »

Pourtant le manque d’intérêt des médias pour cette condamnation,
l’absence d’indignation des politiques, voire le soutien au ministre
donne le ton. « Je ne considère pas que M. Hortefeux est un raciste,
c’est un ministre de la République, un républicain » qui a « eu une
phrase inacceptable », a expliqué l’élu PS de l’Essonne, Julien Dray
invité sur Europe1/Le Parisien. La Loi reconnait le ministre de
l’Intérieur français coupable d’injures racistes pour avoir insulté un
homme en raison de ses origines arabes. Mais cela ne suffit pas pour
faire de lui un raciste, c’est un républicain. Même la ligue
internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
considérait au moment des faits, cette affaire comme une simple
polémique qu’il fallait clore . Et que dire du « Prix de la lutte
contre le racisme et contre l’antisémitisme » que s’est vu décerner M.
Hortefeux le 13 décembre 2009, par l’Union des patrons et des
professionnels juifs de France (UPJF)?

Le racisme anti-arabe est toléré quand il n’est pas occulté. Cette
affaire illustre parfaitement le racisme sélectif promu par les médias
et les politiciens. Et une fois de plus, c’est le ministre de
l’Intérieur qui se fait le promoteur du racisme républicain. La
politique menée dans notre pays, alimentée par toutes sortes de
polémiques fait du racisme anti-arabe un racisme respectable et
décomplexé. C’est un devoir patriotique de condamner leurs voiles et
leurs burqas, symbole de l’oppression féminine, et danger pour la si
précieuse laïcité. Et comment ne pas s’indigner devant ces jeunes qui
sifflent la Marseillaise et brûlent les drapeaux français quand ce
n’est pas les voitures? Le racisme anti-arabe est devenu légitime.
Ayant pour conséquence d’imprimer dans l’inconscient collectif que les
valeurs des Musulmans ou des Arabes ( il n’y a pas de différence) ne
sont pas compatibles avec la république et représentent un danger
qu’il faut combattre.

Comment alors s’étonner quand – hasard du calendrier (ou conséquence)- le Rapport annuel sur les actes racistes et antisémites présenté le
1er juin par la Commission nationale consultative des droits de
l’Homme (CNCDH), indique que les principales victimes de racisme en
France sont les membres de la communauté maghrébine. Mais la
nouveauté, et surtout le plus inquiétant, c’est que ces actes commis
sont de plus en plus violents (agressions avec blessures, graves
dégradations d’édifice religieux) et de plus en plus nombreux .« Les
étrangers sont à nouveau le réceptacle du malaise social », dénonce
Marc Leyenberger de la CNCDH.

Nous devons régler ce problème maintenant, car nous n’acceptons plus
d’être insultés, stigmatisés et discriminés. Ils doivent le savoir !
Notre silence et notre absence de réaction les confortent dans leurs
sentiments de légitimité et les poussent à aller toujours plus loin
dans les provocations.

Alors, avis aux retardataires, la France doit changer . Et ce n’est
pas prêt de s’arrêter. La relève qui arrive, moins docile que ses
parents, est bien décidée à faire bouger les choses. Il faudra faire
avec!

Car cette relève refuse de s’assimiler et assume ses origines. Elle
ne demande plus mais revendique. Elle n’a pas besoin qu’on l’aime mais
veut qu’on la respecte.

Cette condamnation n’est qu’une toute petite victoire. Mais bravo au
MRAP pour avoir mené la bataille. En tout cas, le mot d’ordre est
donné : « tolérance zéro ». On ne laissera plus rien passer.

Sonia Tizaoui – PIR Marseille

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