La résistance continue face à la Nakba continue

Partout en Palestine, partout où se trouvent des Palestiniens, partout où se trouvent des amis, des frères et des sœurs de Palestine, est rappelé aujourd’hui qu’il y a 76 ans, la Palestine a été officiellement confisquée à son peuple, entrainant tout le cortège de destructions : celles de vies et celles des conditions de vie et de perpétuation du peuple palestinien. Ce rendez-vous annuel vient commémorer la lutte obstinée que mène ce peuple, en dépit de la dispersion, pour résister en tant qu’être collectif palestinien et retourner sur ses terres auxquelles il appartient de toute son âme et de tout son corps.

Mais cette année, la commémoration de la Nakba sonne à nos oreilles de la même manière que les youyous qui accompagnent aussi bien l’accablement face à l’assassinat de martyrs que la proclamation de victoires. S’entremêlent la douleur brûlante et l’espoir retrouvé. La douleur, devant le génocide en cours, doublé des déplacements forcés et du risque de nouvelles expulsions massives et dispersions. L’espoir, devant la perspective de se rapprocher de la libération de la Palestine.

Cette ambivalence nourrit l’énergie combattante des Palestiniens et celle de leurs soutiens dans le monde entier. Comme elle découle de la nature existentielle de ce qui se joue partout en Palestine, partout où se trouvent des Palestiniens, et bien sûr plus particulièrement à Gaza, qui ne cesse de continuer à être le front déterminant.

D’un côté, la Résistance a réussi à rompre avec le faux statu quo imposé par l’Etat colonial, dont la logique était celle d’une colonisation ininterrompue et l’exacerbation conséquente de la dispersion du peuple palestinien. Ce à quoi nous assistons depuis octobre est une bifurcation dont les prémisses nous sont apparues ces dernières années avec les soulèvements des Palestiniens de 1948, les insurrections armées de jeunes brigades en Cisjordanie, les Marches du Retour et les luttes des prisonniers. Cette bifurcation a relevé d’une nécessité historique en vue de mettre un coup d’arrêt à la mort lente mais assurée de la Palestine et de reprendre en main son destin politique.

De l’autre côté, l’essence et le devenir profonds du projet sioniste ont été mis au jour aux yeux du monde entier. Il repose sur l’éradication du peuple palestinien et/ou de son identité sur les terres historiques de la Palestine, et ce faisant, sur la logique de guerre, quelles que soient la forme et l’intensité qu’elle prenne. Or, la guerre génocidaire vient de manière éclatante pousser au plus loin la logique de l’Etat colonial, en proie à une délégitimation de toutes parts, y compris au sein de ses « frontières ». Il ne peut se maintenir que par la logique de guerre, alors que se succèdent les défaites et que se fragilisent les fondements d’une société coloniale au service de la guerre.

La lutte du peuple palestinien est celle de son existence, pour son autodétermination et le retour inconditionnel de tous les réfugiés, et elle prend la forme de stratégies multiples. La guerre génocidaire de l’État colonial israélien, soutenue par ses partisans internationaux, fait face à une guerre de libération soutenue par une « unité des fronts » régionale impliquant les forces de la Résistance Islamique, et un réseau de solidarité international impliquant le Sud Global.

Depuis la France, s’associer à la commémoration de la Nakba palestinienne, c’est proclamer sa fidélité à la décolonisation totale de la Palestine. C’est aussi rendre hommage à tous les peuples en lutte contre le colonialisme, à l’instar du peuple Kanak qui refuse que sa libération puisse être confisquée par l’État français. Celui-ci s’entête à ne pas admettre que la Liberté, la Dignité ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction, d’aucune capitulation. La Kanaky et la Palestine nous rappellent que les années, les décennies et les siècles ne parviendront jamais à éteindre le désir d’exister. 

PIR

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