Lettre ouverte

A l’attention d’Etienne Pinte, député de la première circonscription des Yvelines

Monsieur le député,

Je sollicite votre attention suite à des faits survenus à Bobigny le mercredi 30 avril 2010. Said Bourarach, vigile d’un magasin et père de famille de 2 enfants, s’est fait mortellement agresser sur son lieu de travail par six individus dont quatre agresseurs à la responsabilité pénale clairement établie. Son corps a été retrouvé dans le canal de l’Ourcq. A l’origine, Monsieur Bourarach avait refusé l’accès à un couple qui voulait entrer dix minutes après la fermeture du magasin. Le ton est monté. Selon des témoins, des menaces de mort ont été proféré par l’un des membres du couple, avant de déboucher sur le drame quelques minutes plus tard. La procureure de la république du tribunal de grande instance de Bobigny, Madame Sylvie Moisson, a ouvert une information judiciaire contre 4 personnes pour « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Pourtant, les témoignages concordent concernant la préméditation ainsi que le caractère raciste de ce crime.

Ce drame n’est pas sans rappeler une liste déjà bien longue de crimes commis contre des immigrés ou contre des citoyens français d’origine arabe ou africaine. La motivation souvent raciste de ces crimes est systématiquement occultée.

Si je semble prendre à coeur personnellement cette affaire, c’est parce que je suis un miraculé de cette liste déjà bien longue que je viens d’évoquer. En effet, le 25 juillet 2008 à Guyancourt, je me suis fait agresser par deux individus qui m’ont interpellé, après que l’un d’eux m’ait demandé si j’étais musulman, avant que l’autre ne m’avoue qu’il était « nazi ». Suite à ma plainte déposée, j’ai été surpris de la qualification de ma plainte : « violences volontaires aggravées en groupe ». Rien sur la motivation raciste. La médiatisation de mon affaire m’a permis une requalification de ma plainte avec la circonstance aggravante, après que mon avocat en ait fait la demande auprès du procureur de la république du tribunal de grande instance de Versailles. Une médiatisation relative, car peut-être n’êtiez-vous pas au courant de mon affaire. Pourtant, mon cas réel n’a pas entraîné le même flot d’indignations politiques à l’Assemblée Nationale. Contrairement au cas fictif de Marie-Léoni, dont vous vous souvenez peut-être encore, plus connue désormais en tant que « mythomane du RER D ». Je n’avais pas jugé opportun de vous saisir de mon affaire, ayant obtenu la requalification de ma plainte ainsi que le témoignage de soutien du maire de Guyancourt, Monsieur François Deligné. Mes agresseurs sont toujours en liberté à l’heure actuelle, bien qu’identifiés de manière formelle par mes soins, et bien que l’un d’eux soit récidiviste. Dans l’attente du procès.

Mais je ne cesse de m’interroger sur le silence relatif qui a entouré mon affaire, malgré le déni de justice de la première qualification. Et c’est un silence plus grave auquel a droit M. Said Bourarach, puisque seule la sénatrice de Paris, Madame Alima Boumédiene-Thiéry, a témoigné son soutien et sa solidarité à la famille, en exigeant que la lumière soit faite sur ce crime. Pire encore, les seules rédactions qui ont traité cette information se sont permis de relayer les accusations d’antisémitisme des agresseurs, qui se disent de confession juive. Un nouveau palier vers l’indécence a été franchi lorsque le grand rabbin de France, Monsieur Gilles Bernheim, a condamné l’acte des agresseurs en fustigeant le prétexte invoqué par les suspects (des injures antisémites), comme si ceux-ci étaient avérés. Enfin, le summum de l’indécence a été atteint par l’union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, qui a cru bon de calmer la colère légitime de beaucoup de concitoyens en invitant Samy Ghozlan à témoigner son soutien à la famille. La présence de ce dernier, ancien policier à la retraite reconverti dans la protection des extrémistes de la LDJ (Ligue de Défense Juive), a confirmé les soupçons de bon nombre d’observateurs avertis quant à l’appartenance des assassins à cette organisation.

Par conséquent, je vous adresse la requête d’interpeller le gouvernement lors de la prochaine séance des questions à l’Assemblée Nationale afin que celui-ci mette tout en oeuvre pour que toute la lumière soit faite dans cette affaire et que justice soit rendue à Monsieur Said Bourarach.

Compte tenu de votre parcours atypique dans votre structure politique, où vous aviez signifié clairement votre engagement contre la douple peine, contre la peine de mort ou, plus récemment, pour la protection des associations d’aide dans les camps de rétention et contre la politique d’immigration d’Eric Besson; compte tenu des passions que cette affaire déchaîne auprès de nos concitoyens internautes et dans les sphères militantes qui organisent la mobilisation pour exiger la vérité sur ce crime, j’ai bon espoir que ma requête trouvera un écho favorable par votre intermédiaire. En plus d’un modeste soulagement que vous pourriez apporter à la douleur de Madame Nathalie Bourarach et ses enfants, c’est un signal fort que vous adresserez à celles et ceux qui oeuvrent au quotidien pour relever le défi du vivre-ensemble.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le député, ma haute considération.

Nouredine RACHEDI

Nouredine Rachedi est membre du Parti des Indigènes de la République

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