Bobigny 2014 : quand les Arabes et les Noirs font campagne pour la droite blanche.

« Pour ma part, je crois que les peuples noirs sont riches d’énergie, de passion qu’il ne leur manque ni vigueur, ni imagination mais que ces forces ne peuvent que s’étioler dans des organisations qui ne leur sont pas propres, faites pour eux, faites par eux et adaptées à des fins qu’eux seuls peuvent déterminer »[1]. Aimé Césaire

« Rendez-nous Bobigny », voilà le slogan ô combien symbolique de la liste de droite menée par Stéphane De Paoli pendant ces élections municipales 2014 à Bobigny et soutenu par le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde. Il y a un mois De Paoli était complètement inconnu, il a suffit de quelques semaines uniquement pour que son nom devienne l’emblème de la contestation anti-PC à Bobigny.

 

« Rendez-nous Bobigny », un cri de rage, un slogan politique qui en dit long sur le sentiment de dépossession des jeunes de la ville. Ce slogan a été tagué sur le béton de la cité Paul Eluard, en plein centre-ville. Un béton sur lequel est gravée la violence qui nous est faite, notre rage d’être sans cesse relégués au second plan, d’être invisibilisés dans les centres décisionnels de la ville, de n’être utilisés qu’au moment des fêtes et des galas de danses hip-hop, finalement notre rage d’être encore et toujours considérés comme des sujets coloniaux, des êtres inférieurs. C’est cette même rage qui avait amené les marcheurs pour l’Égalité de 1983 a manifesté leur refus du racisme, des crimes policiers, la revendication d’être traités comme des citoyens lambda. Ce mouvement pour l’Égalité aurait pu donner naissance à un ou plusieurs partis autonomes, héritiers de l’Étoile nord-africaine et du Mouvement des travailleurs arabes (MTA) structurés sur une idéologie solide qui reprenne les fondamentaux de Fanon et de Malcolm X, une idéologie qui mette au centre notre dignité et notre libération. Mais non, à la place, la gauche socialiste s’en est servie pour créer SOS racisme, pour endiguer et désagréger ce mouvement de l’immigration, pour neutraliser son autonomie et son tranchant radical.

Et les crimes policiers ont continué, et les contrôles au faciès se sont multipliés, et le droit de vote des étrangers est devenu un songe de plus en plus improbable… Et il y a eu le 11 septembre, la loi contre le voile de 2004, l’invasion occidentale de l’Irak, les innombrables interventions françaises en Afrique[2], encore et toujours la colonisation de la Palestine, la négrophobie et l’islamophobie. Et le PCF toujours et encore plus à l’ouest, replié sur lui-même, toujours aussi fermé dans son champ de vision économiste de la société, incapable de faire un pas vers l’indigène, de comprendre que la lutte des classes dans son acception euro-centrée n’est pas notre priorité, que c’est la question de la dignité, el Karama, qui est essentielle car elle cristallise les siècles de piétinement colonial culturel et identitaire. Le militant blanc de gauche, aussi sincère soit-il, aura beau avoir lu Fanon, il ne comprendra pas que ma mère ait pu être fière de voir Rachida Dati à la télé au moment où elle fut nommée ministre de la Justice, il ne comprendra pas que ma mère n’en a rien à foutre qu’elle soit de droite ou de gauche, que c’est une question de dignité : voir une Arabe bien habillée, et qui parle bien, c’est un bout de dignité retrouvé! Ce gauchiste me reprochera « d’essentialiser » ma mère et ma communauté, et donc une partie de moi-même au final, parce que moi aussi, instinctivement, je pense comme ma mère. Parce que ma mère m’a transmis au plus profond de moi, dans mon inconscient le plus archaïque, l’idée que nous sommes écrasés, infériorisés, humiliés en tant qu’arabes. Et qu’être à la télé en tailleur, débattre de politique et manier la langue française comme les Français c’est la plus grande réussite possible, même si ses propos sont « objectivement » contre les miens ! Il est là le clivage racial que ne veulent pas comprendre les gauchistes mais qu’ont bien compris la droite, en tout cas une partie de la droite, celle de Lagarde.

 

Mais qui sont ces Arabes et ces Noirs qui ont fait campagne pour la droite à Bobigny ?

 

Ils sont ceux qui ont eu un courage immense en 2008 et 2010 en créant des listes autonomes aux élections municipales puis régionales. En 2008, la liste indépendante LIBR n’a obtenu qu’un faible score sur la ville. Puis, en 2010 la liste Émergence se présentait à Bobigny (mais aussi à Bondy, Fresnes, Sevran, Massy et d’autres villes franciliennes). Elle ne se voulait ni à droite, ni à gauche mais en dehors du champ politique blanc. Les revendications étaient principalement celles de l’égalité. Mais encore une fois, le succès ne fut pas au rendez-vous. L’énergie mise à créer l’autonomie est bien trop immense au vu des faibles résultats. Les Arabes (car ils sont principalement Arabes les autonomes de Bobigny), auraient pu continuer à penser et construire l’autonomie, comme leurs frères de Bondy ou de Fresnes, mais ils ont renoncé. Ils ont cédé et ils ont pactisé avec la droite blanche ! Ils ont mené une campagne offensive jamais vue jusque-là dans la ville. Jamais nous n’avions autant d’affiches collées dans Bobigny, partout, dans tous les quartiers, toutes les cités, partout au centre-ville, nul ne pouvait échapper au violet de l’affiche De Paoli. Le slogan associé à ce visage était « Rendez-nous Bobigny ». Et pourtant il y a comme un décalage évident pour tous, un décalage qui saute aux yeux, ce « nous » de « rendez-nous Bobigny » ne correspond pas à ce quinquagénaire blanc en costard cravate. Avec un peu de distance, on se rend compte qu’il s’agit là d’une grosse arnaque. Déjà des lycéens de Bobigny se moquent de ce vieux technocrate et on commence à faire circuler l’idée suivante dans les réseaux sociaux « Votez pour moi, et je vous la mettrai bien profonde ».

ImageStephaneDePaoli

Dans « Rendez-nous Bobigny », à qui au juste doit être rendu Bobigny? Quel est ce « nous » dans lequel la plupart des Balbyniens se reconnaissent ? Ce « nous » est avant tout arabe et noir, il est musulman, il est aussi indien et asiatique, il est la femme voilée, il est le père de famille qui travaille à l’usine, il est le chibani à la retraite qui a échappé à la ratonnade policière du 17 octobre 61. On veut que notre mairie puisse ressembler à ses habitants. On veut une mosquée, une vraie, pour prier. Marre, d’être entassés comme des moutons dans les gymnases le jour de l’Aïd ! Marre de squatter dans les mosquées déjà pleines à craquer de Bondy, Drancy ou du Blanc-Mesnil ! Marre que la ville soit décorée uniquement pour Noël et pas pendant le mois du Ramadan que les trois quarts de la ville suivent ! On veut de la viande halal à la cantine. On veut que les femmes voilées aient accès à l’école et au travail sans discrimination. On veut un quartier propre et on veut que les écoles et les collèges aient plus de moyens, plus de professeurs, de surveillants, de matériel pour que nos enfants réussissent leur scolarité. On veut une ville qui nous ressemble et nous respecte.

 

La droite de De Paoli et Lagarde a mieux compris cela que le Parti Communiste Français, toujours aussi enclavé dans son vieux « chauvinisme inconscient » comme le disait Césaire à Thorez déjà en 1956. Les statistiques le prouvent :

– Sur la liste municipale PC menée par la maire sortante Catherine Peyge : 14 indigènes sur 43 candidats.

– Sur la liste municipale UDI et divers droite menée par De Paoli soutenu par Lagarde : 27 indigènes sur 43 candidats, dont deux voilées.

La droite de De Paoli et Lagarde a ainsi entendu ce besoin de visibilité : il y aura deux femmes voilées dans la liste des 43 candidats aux municipales et parmi elles Kahina Airouche sera notre maire ajointe, la première femme maire adjointe voilée de France ! Il fallait le faire, la droite l’a fait ! Zéro femme voilée du côté du PC. Comme l’a si bien dit Houria Bouteldja, la gauche ne sait même pas être opportuniste !

 

 

Faisons un petit tour maintenant aux soirées de soutien des deux listes qui se sont tenues à quelques  jours d’intervalle dans la même salle municipale Pablo Neruda, dans le centre-ville de Bobigny.

 

Au meeting de la liste « Rendez-nous Bobigny », la salle est en mode grand colloque politique. Environ trois cent sièges où les Balbyniens assis ont écouté s’exprimer les habitants de leur ville inscrits sur la liste municipale. La salle était pleine mais pas à craquer. Il y avait tout le monde, les vieux chibanis, les daronnes noires et rebeues, les jeunes de mon quartier. 90% d’indigènes et 10% de blancs dans le public. Moi qui suis arrivée très sceptique à ce meeting, j’étais forcée de constater le sérieux de cette réunion, c’étaient les miens qui racontaient leurs problèmes, la pauvreté, la saleté, le logement, l’emploi mais pas le racisme, ni la négrophobie ni l’islamophobie. C’est sûrement le prix à payer quand on s’allie à la droite. Et même si on l’avait évoqué, Lagarde n’aurait rien eu à se reprocher : il aurait répondu qu’il faisait parti des rares, très rares élus, qui ont voté contre le projet de loi sur les signes religieux en 2004.

Tout au long du meeting, on répétait que cette liste n’était ni à droite ni à gauche, elle est seulement l’opposition, une opposition citoyenne, « par-delà les différentes convictions politiques, philosophiques et religieuses ». Pourtant au fond, on le sait tous : c’est la droite, c’est l’UDI, la droite, un point c’est tout. Et en réalité tout le monde le sait dans le quartier, mais on préfère se mentir parce qu’on n’assume pas encore de voter à droite.

Pour finir la soirée, Jean-Christophe Lagarde, le véritable architecte de cette liste, a eu un discours sublime d’intelligence. S’il y avait un jury pour récompenser le meilleur politicien aux municipales 2014, on décernerait l’oscar à Lagarde. Qu’est-ce qu’il sait nous parler! C’est effarant. Voici un court extrait :

 

« Ils se sont habitués au PC comme à l’UMP et à TF1, à ce que vous baissiez la tête, à ce qu’on vous instrumentalise, à ce qu’ils vous utilisent, à ce qu’ils vous enferment. […] Dans votre ville il y a beaucoup de gens enfermés, ballottés, trahis. Vous parlez pas aussi bien que les gens à la télé mais vous connaissez mieux la ville qu’eux. J’ai entendu plusieurs vérités ce soir, et bon Dieu ce que vous avez mis du temps à les dire, à les formuler, à les porter, à ne plus renoncer, pas vrai ?! Vous avez mis du temps parce qu’il y a une escroquerie ici : ils [le PC] sont les gentils et ils sont là pour vous, et ben non ils vous prennent en otage parce que plus ça va mal pour vous, mieux ça va pour eux, c’est comme ça qu’ils vivent depuis 90ans, il est temps que vous vous leviez et que vous preniez vos affaires en main, et vous allez les prendre en main. Il y a des gens ici qui se disent mais est-ce qu’on va savoir les prendre en main ? Mais bien sûr que vous saurez faire! De toute façon franchement ils sont si nuls que vous pourrez pas faire pire. Vraiment Kahina, c’est pas le discours qui compte, vous représentez réellement cette ville. C’est pas un problème de droite ou de gauche, oui c’est pas un problème de droite ou de gauche de savoir qu’on ne veut plus de rats à Bobigny, ce qui est quand même un comble parce que la dératisation y a rien de plus simple à faire et vous pouvez être sûr que si vous votez pour nous le 23 mars prochain il n’y aura plus de rats à Bobigny. C’est pas compliqué de faire en sorte que les logements sociaux ne soient pas réservés uniquement aux petits copains et aux petits cocos. C’est pas compliqué de mettre la cantine gratuite comme on l’a fait à Drancy, c’est quand même un truc de fou, moi je suis un salaud de droite et j’ai donné à tous les enfants de ma ville le droit de manger un repas équilibré gratuit quelle que soit sa conviction ou ses difficultés, et il faut que j’entende que c’est moi le salaud et que c’est eux les sociaux, mais on se moque de qui ? Bobigny est une ville deux fois plus riche que la ville de Drancy, que font-ils de votre argent ?! […] On n’entendra plus les discours débiles sur « on va t’aider », mais les gens ici ils n’ont pas besoin d’être aidés ! Ils ont juste besoin d’être libérés ! »

 

C’est un tonnerre d’applaudissements qui a succédé à ce discours. Lagarde nous comprend mieux que Catherine Peyge, maire sortante, sans aucun doute. Il exprime notre rage de ne pas être entendu, le besoin de libérer la parole, notre défiance vis-à-vis de la gauche qui nous aime bien tant qu’on se tait ou qu’on lui ressemble. Il critique l’UMP, comme le PC comme TF1, ça c’est le génie de Lagarde. Il vient nous tendre la main. Il est le maître blanc qui vient nous dire « je vous ai compris ». Et nous les indigènes on ferme les yeux sur son appartenance à la droite, et on consomme notre union avec lui.

Et pourtant le programme de De Paoli/ Lagarde reste clairement à droite, notamment sur deux points :

– la mise en place de la vidéo-surveillance dite « vidéo-protection » et le déploiement d’une police municipale pour faire régner l’ordre.

– la promesse de la fermeture des camps de Rroms. Et il faut l’avouer bien que j’en ai honte, les Noirs et les Arabes de ma ville, majoritairement, veulent virer les Rroms. Les mêmes discours que les Blancs tenaient à propos des Arabes et des Noirs se retrouvent aujourd’hui dans la bouche de ceux qui ont gravi une marche dans l’échelle raciale : « les Rroms sont sales », « ce sont des voleurs », « Peyge veut leur donner des logements dans notre bâtiment, surtout pas ça… », etc. etc. Et la droite, fidèle à elle-même, promet de les dégager. Quelle honte pour les miens, quelle honte pour notre histoire, quelle honte que notre aveuglement ! Les Algériens auraient-ils oublié qu’il y a à peine quelques décennies nous étions plus d’une centaine de milliers répartis dans de misérables bidonvilles en France ?! Les Arabes et les Noirs font aujourd’hui la guerre aux Rroms pour bien tenir à se distinguer de ceux qui sont encore plus bas qu’eux dans l’échelle raciale. Ils ont l’occasion enfin de taper sur un plus faible. Et ils le font avec la droite blanche, celle qui au fond se rit bien de notre division entre indigènes !

 

Après ce coup de force politique extraordinaire, après cette libération momentanée de la parole des indigènes – certes sous contrôle de la droite blanche – mais quand même, le PC aurait pu essayer de répondre sur le même terrain, de faire de la politique. Mais non, il n’en est rien, ils ont été une fois encore à la ramasse, totalement à l’ouest !

Le meeting « Bobigny, ville engagée pour l’Égalité » de Catherine Peyge ressemblait à une fête de quartier, avec de la musique hip-hop, classique, argentine, du jonglage et de la danse. Quelques discours de syndicalistes bien gauchos venus remercier les élus de la ville pour leur soutien aux luttes des fonctionnaires et des ouvriers dans les écoles et dans les usines, et puis une jeune militante arabe nouvellement encartée au PS[3] venue faire sa minette et dire en riant aux éclats « vive le PS ! », comme s’il s’agissait d’un jeu.

Il n’y avait que quelques dizaines de places assises pour les personnes âgées et les handicapés, sinon nous étions debout à regarder ce spectacle, cette mise en scène innocente et naïve face à tant d’enjeux et de souffrance. C’est vrai, le PC semblait se moquer des Balbyniens, aucune prise en compte sérieuse de la violence du quotidien, de la violence des rapports sociaux, de la hagra vécue par nos parents, de l’échec scolaire, de la galère des jeunes !

 

Si j’ignorais l’histoire de la République française et l’histoire du PCF, et que je me contentais uniquement de voter à partir de ces deux meeting, sans hésiter j’aurais donné ma voix à Lagarde heu à De Paoli, pardonnez-moi le lapsus. Oui sans hésiter j’aurais donné ma voix à ceux qui reconnaissent les problèmes de ma ville, qui savent l’étouffement vécu ici, qui disent quelque chose de la souffrance et du racisme institutionnel. Mais je sais ce qu’est l’État français et ce qu’est le PCF ! Je sais que l’État français (de droite comme de gauche) a colonisé mes grands-parents en Afrique, je sais qu’il a mis en esclavage les miens, je sais qu’il a fait travailler mes parents comme des animaux dans les usines, je sais qu’il continue à piller mon pays en Afrique, je sais qu’il a organisé des ratonnades contre les miens, je sais qu’il est le fer de lance du vampire capitaliste, je sais qu’il est le néocolonialisme. Et je sais que le PCF a eu des militants qui ont risqué leur vie pour soutenir la lutte des miens contre le colonialisme, je sais qu’ils sont mes alliés contre l’impérialisme, je sais que malgré tous leurs satanés défauts – avant tout leur paternalisme – je sais que beaucoup de ses militants luttent du côté des sans-papiers. Tout cela je ne l’oublie pas. Et je leur en veux de ne pas avoir considéré sérieusement les listes indigènes autonomes de 2008, d’avoir tenté de les écraser parce qu’elles n’étaient pas à leur image. Je leur en veux d’avoir pensé d’abord et en premier à leur parti et à leurs idéaux qu’ils pensent universels. Ils auraient pu composer avec les indigènes. Ils auraient pu mettre de côté leur laïcité à deux balles, leurs « valeurs de la république », ils auraient pu prendre en compte les aspirations des communautés balbyniennes, nous aurions pu partager la mairie avec eux. Mais non[4].

 

Ainsi donc ma ville Bobigny est passée à droite grâce aux indigènes. Nous avons mis fin à 95 ans de communisme. Et quelle ne fut pas ma tristesse de voir partir les communistes de ma ville, mes meilleurs adversaires, et parmi eux le maire adjoint algérien Abdel Sadi, tant apprécié ici. Quelle douleur n’est-ce pas de réaliser que la droite va désormais occuper la mairie. Mais surtout, c’est la colère qui me reste en travers de la gorge, ma colère contre cette gauche blanche, paternaliste et repliée sur elle-même. La droite locale a su caresser dans le sens du poil les jeunes Arabes et Noirs qui ont la rage, parce qu’elle est plus intelligente, plus sournoise, et moins laïcarde. Au lieu de persévérer à la construction de l’autonomie, la page du clientélisme indigène avec la droite locale est désormais ouverte, et je suis sûre qu’on se ramassera une belle claque. « On nous la mettra bien profonde », comme le disent les lycéens de ma ville, ces futurs acteurs politiques de Bobigny.

 

Je finirai enfin avec cette citation d’Houria Bouteldja :

 

« Leur tort [aux indigènes] n’est pas de se libérer de la gauche. Leur tort c’est de passer d’un maître à un autre. De changer de tuteur. Leur tort ici, c’est de choisir la facilité. De fuir les sentiers de l’autonomie[5]

 

 Aya Ramadan, membre du PIR

Version espagnole : Cuando árabes y negros hacen campaña para la derecha blanca


[1] . Extrait de la Lettre à Maurice Thorez, écrite par Aimé Césaire en 1956 à Maurice Thorez, alors secrétaire général du Parti Communiste Français. Il s’agit d’une lettre de démission.

[2] . Aux Comores, au Rwanda, en Somalie, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, en Côte d’Ivoire, au Tchad uniquement pour la décennie 90.

[3] .  Puisque le PC s’est allié au PS dans cette liste malgré la politique raciste et néocoloniale de ce parti au pouvoir !

[4] . Je demande à cette gauche, et particulièrement à la gauche balbynienne, à Mme Peyge et à ses conseillers municipaux  de méditer cet extrait de Sadri Khiari :

« Pour la gauche, la question n’est pas de se rénover ni d’être plus radicale dans une matrice finalement inchangée, mais d’engager en son propre sein une véritable révolution culturelle. Je ne doute pas de la générosité de certaines de ses composantes, mais en politique la générosité n’est jamais très loin du paternalisme ni ce dernier de la domination. Il lui faudra donc rompre avec l’illusion de sa propre universalité comme il lui faudra apprendre qu’elle n’est pas l’expression d’un même peuple des opprimés mais une expression, parmi d’autres, d’un privilège blanc qu’elle doit apprendre à combattre si elle aspire à rendre concevable une alliance politique entre les classes populaire blanches et les classes populaires issues de l’immigration, autour d’un projet susceptible d’asseoir la souveraineté effective d’un peuple à la fois un et multiple ». KHIARI S. (2013), « Le peuple et le tiers-peuple » in BADIOU A., BOURDIEU P., BUTLER J., DIDI-HUBERMAN G., KHIARI S., RANCIERE J., (2013), Qu’est-ce qu’un peuple, La Fabrique, Paris, p.135

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