Le PIR se joint à la joie du peuple syrien libéré du régime oppresseur de Bachar el-Assad. Cette victoire marque la fin d’une longue nuit qui a maintenu le peuple syrien dans les ténèbres de la solidarité internationale, durant 13 années de martyre. 13 longues années après son déclenchement, c’est une victoire pour la révolution syrienne, pour les peuples arabes ainsi que pour l’ensemble des peuples de la région, obtenue contre l’axe des régimes contre-révolutionnaires qui tentent d’étouffer leur souffle. L’effondrement final de ce pouvoir militaro-policier à la si grande longévité sonne comme un avertissement pour tous les tyrans qui mènent une guerre contre leur propre peuple.
Cette victoire marque également, nous l’espérons, la fin de l’interminable chantage auquel le peuple syrien, dans toutes ses composantes, a été soumis, où il s’est vu nier sa propre rationalité, sa propre capacité d’action et sa propre existence, et où il a été noyé dans les froides considérations géopolitiques des puissances impériales, les projections euro-centriques de la gauche anti-impérialiste et les terreurs racistes de ceux qui voient poindre dans tout soulèvement des peuples musulmans le spectre de la menace existentielle de l’Islam sur l’Occident.
Le sous-bassement idéologique islamophobe et sécuritaire qui a autorisé l’effacement du peuple syrien dans cette zone de non-être politique s’est systématisé avec la dévastation du monde arabo-musulman menée depuis plusieurs décennies sous la bannière de la « guerre contre le terrorisme », qui a fait plus de 4 millions de morts et plus de 38 millions de déplacés. A travers lui, les puissances impérialistes ont nié toute dignité aux peuples musulmans, les réduisant à une altérité radicale dépourvue d’humanité. La région s’est retrouvée à prendre les traits d’une gigantesque prison des peuples, au ciel zébré par les bombardements impérialistes, avec le consentement de publics occidentaux embrigadés dans la lutte contre « le djihadisme » et « l’Islam radical ».
Le répertoire antiterroriste islamophobe a été érigé en véritable mode de gouvernement et appliqué contre toutes les formes de résistance islamique, de la Palestine à l’Afghanistan en passant par l’Iran et le Liban. Mais au-delà de son usage intensif par l’état colonial d’Israël et l’ensemble du camp occidental, il a été également employé par de nombreux régimes du Sud pour justifier leurs actions aux yeux d’une « communauté internationale » encore dominée par le Nord global, qui ne comprend que la grammaire du racisme, de la civilisation libérale et de la suprématie des valeurs occidentales. A travers lui, des générations de gouvernants ont pu prétendre, à l’instar du régime syrien, jouer le rôle de rempart contre l’« obscurantisme », en se retournant contre leurs propres peuples. Il n’y a donc pas à s’étonner de voir l’extrême droite française pleurer la chute de celui en qui elle voyait un champion de la modernité dans une région de barbares, un champion préservant les « minorités » du spectre menaçant de la domination d’un Islam combattant, « sectaire » et « moyen-âgeux ».
En Palestine, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Somalie, nos peuples, leurs vies, leurs luttes et leurs aspirations sont occultés par le même prisme idéologique raciste et civilisateur qui justifie leur maintien sous surveillance et la volonté de les détruire. Guantanamo, Abu Ghraib et l’enfer des cachots israéliens témoigneront demain au tribunal de l’infamie que l’Histoire réserve au colonialisme. Les prisonniers syriens, palestiniens, libanais libérés de l’ignoble complexe carcéral de Sednaya témoignent aujourd’hui du vrai visage du régime de celui qui s’est fait le geôlier des peuples.
À ce titre, nous souhaitons que la longue marche du peuple syrien tienne lieu d’enseignement politique, pour tous nos mouvements et représentants. Aucune position anti-impérialiste, internationaliste ou décoloniale ne saurait être conséquente sans abolition de la grammaire islamophobe et eurocentrée qui a conduit de nombreuses organisations à une impasse politique et morale face à la volonté de libération du peuple syrien. On ne peut que se réjouir de la chute d’un régime participant aux structures de la colonialité déshumanisante qui pèse sur nos peuples, adossé aux stéréotypes racistes véhiculés par les extrêmes droites et leurs alliés sionistes. On ne peut que souhaiter que la libération du peuple syrien inspire tous les peuples encore sous le joug des régimes contre-révolutionnaires et participe de la libération de l’ensemble du monde arabe et islamique face à la géopolitique de la normalisation de l’oppression, dans une des régions aujourd’hui les plus polarisées socialement, des plus inégales économiquement et des plus touchées par les conflits dans le monde.
Le PIR salue le peuple syrien victorieux du pouvoir oppresseur et se joint à sa joie légitime, au moment où déjà pèsent sur lui toutes les menaces. Le peuple syrien connait les ennemis de sa libération. Il lui faut aujourd’hui trouver les voies de la reconstitution de son unité, dans la diversité de ses composantes, face aux puissances qui ont fragmenté et continuent à fragmenter son territoire en zones d’influence. Il sait reconnaitre ses faux amis, à l’heure où plusieurs États s’empressent d’annoncer la suspension des demandes d’asile, et d’envisager l’expulsion des réfugiés syriens.
Alors que l’État colonial israélien, dans la poursuite infinie de sa furie meurtrière en Palestine et au Liban, s’est déjà engagé dans la destruction systématique de ses capacités militaires et a étendu son occupation du territoire syrien au delà du Golan occupé, nous rejoignons les organisations de la résistance palestinienne dans l’expression de notre plein soutien à sa lutte pour la reconquête de sa souveraineté, et dans le souhait de le voir reprendre son plein rôle dans une nouvelle géopolitique de libération face aux projets impérialistes et sionistes visant à dominer et à soumettre l’ensemble de la région.
Aujourd’hui la Syrie, demain la Palestine
Vive le peuple syrien libre !
Vive la lutte contre la tyrannie, le colonialisme et l’impérialisme !
PIR
Hail the Syrian people victorious over the oppressive power of the Assads
The PIR joins in the joy of the Syrian people liberated from the oppressive regime of Bashar al-Assad. This victory marks the end of a long night that kept the Syrian people in the darkness of international solidarity, during 13 years of martyrdom. 13 long years after its outbreak, it is a victory for the Syrian revolution, for Arab peoples as well as for all the peoples of the region, obtained against the axis of counter-revolutionary regimes that attempt to stifle their breath. The final collapse of this long-lasting military-police power sounds like a warning to all tyrants waging war against their own people.
This victory also marks, we hope, the end of the endless blackmail to which the Syrian people, in all their components, have been subjected, where they have been denied their own rationality, their own agency and their very existence, drowned in the cold geopolitical considerations of imperial powers, eurocentric projections of the anti-imperialist left and the racist terrors of those who see looming in any uprising of Muslim peoples the specter of the existential threat of Islam to the West.
The Islamophobic security discourse that authorized the erasure of the Syrian people in this zone of political non-being has been systematized with the devastation of the Arab-Muslim world carried out for several decades under the banner of the « war on terror », which has made more than 4 million deaths and more than 38 million refugees. Through it, imperialist powers have denied any dignity to Muslim peoples, reducing them to a radical otherness devoid of humanity. The region has taken on the features of a gigantic prison of peoples, with a sky streaked by imperialist bombardments, with the consent of Western publics enrolled in the fight against « jihadism » and « radical Islam ».
This Islamophobic anti-terrorist repertoire has been erected as a veritable mode of governance and has been applied against all forms of Islamic resistance, from Palestine to Afghanistan, including Iran and Lebanon. But beyond its intensive use by the colonial state of Israel and the entire Western camp, it has also been employed by many regimes in the South to justify their actions in the eyes of an « international community » still dominated by the global North, which understands only the grammar of racism, liberal civilization and the supremacy of Western values. Through it, generations of rulers have been able to claim, like the Syrian regime, to play the role of bulwark against « obscurantism », turning against their own peoples. It is therefore not surprising to see the French far-right mourn the fall of the one in whom they saw a champion of modernity in a region of barbarians, a champion preserving « minorities » from the threatening specter of the domination of a combative, « sectarian » and « medieval » Islam.
In Palestine, Syria, Iraq, Afghanistan, Mali, Somalia, our peoples, their lives, their struggles and their aspirations are obscured by the same racist and civilizing ideological prism that justifies keeping them under surveillance and the will to destroy them. Guantanamo, Abu Ghraib and the hell of Israeli dungeons will testify tomorrow at the tribunal of infamy that History reserves for colonialism. The Syrian, Palestinian, Lebanese prisoners freed from the ignoble Sednaya prison complex bear witness today to the true face of the regime of the one who made himself the jailer of peoples.
In this respect, we hope that the long march of the Syrian people will serve as a political lesson for all our movements and representatives. No anti-imperialist, internationalist or decolonial position can be consistent without abolishing the Islamophobic and Eurocentric grammar that has led many organizations to a political and moral impasse in the face of the Syrian people’s will for liberation. One can only rejoice at the fall of a regime participating in the structures of the dehumanizing coloniality that weighs on our peoples, backed by the racist stereotypes conveyed by the far-right and their Zionist allies. One can only hope that the liberation of the Syrian people will inspire all peoples still under the yoke of counter-revolutionary regimes and contribute to the liberation of the entire Arab and Islamic world from the geopolitics of the normalization of oppression, in one of the regions today most socially polarized, most economically unequal and most affected by conflicts in the world.
The PIR hails the Syrian people victorious over the oppressive power and joins in their legitimate joy, as all threats are already weighing upon them. The Syrian people know the enemies of their liberation. They must now find the ways to reconstitute their unity, in the diversity of the components of the Syrian society, in the face of the powers that have fragmented and continue to fragment the Syrian territory into spheres of influence. They know how to recognize their false friends, at a time when several states are rushing to announce the suspension of asylum applications, and to consider the expulsion of Syrian refugees.
While the colonial Israeli state, in the endless pursuit of its murderous fury in Palestine and Lebanon, has already engaged in the systematic destruction of their military capabilities and has extended its occupation of Syrian territory beyond the occupied Golan, we join the organizations of the Palestinian resistance in expressing our full support for the Syrian People’s struggle to regain their sovereignty, and in the hope of seeing them resume their full role in a new geopolitics of liberation against the imperialist and Zionist projects aimed at dominating and subjugating the entire region.
Today Syria, tomorrow Palestine
Long live the free Syrian people!
Long live the struggle against tyranny, colonialism and imperialism!
PIR