Bilan d'une victoire

UNE TREHA POUR LE PS, LE SERMENT DE GAZA, PLUS QUE JAMAIS! BILAN POLITIQUE DE « TEL AVIV SUR SEINE »

Aux alentours du 5 août 2015, des militants propalestiniens à l’affût lancent une 1ere alerte à travers les réseaux sociaux. A partir d’une petite info reprise d’un journal sioniste en ligne « Cool Israël » (Cool pour kool, « la voix ») annonçant un événement, « Tel Aviv sur Seine », dans le cadre de Paris plage pour le 13 août.

Dans un 1er temps la mairie de Paris dément puis, 4 jours avant l’événement, elle reconnaît enfin son bébé. Entre temps l’info avait été confirmée par le journaliste Nadir Dendoune du courrier de l’Atlas. Une journée récréative de Paris Plage est bien prévue en hommage et collaboration avec Tel Aviv: « La ville qui ne dort jamais ». Des DJ de la Ville qui ne dort jamais étaient même attendus.

Tenue de s’expliquer, la maire Anne Hidalgo, signe d’un malaise, oscille entre plusieurs positions. Tout d’abord elle minimise le fait en le présentant tour à tour comme un simple événement culturel sans aucune connotation politique, puis comme le pendant d’un partenariat incluant les Palestiniens avec lesquels une coopération sur l’eau aurait été conclue notamment avec Bethléem et Jéricho ; enfin elle tente de faire passer la capitale Tel Aviv  » pour une ville « progressiste « , uniquement tournée vers l’hédonisme, frondeuse, hostile à Netanyahou et à sa politique belliqueuse et dirigée par un maire écolo et pacifique.
Comme preuve de cette mésentente entre Tel Aviv et l’Etat d’Israël, elle va jusqu’à avancer le fait que l’ambassade d’Israël à Paris n’aurait pas relayé l’info.
A cela nous opposons tout d’abord le fait qu’en conformité avec le droit international, Tel Aviv étant la capitale d’un Etat, elle le représente indépendamment des obédiences de sa municipalité. Cette ville assume les conséquences de la politique de celui-ci, pas seulement pour le meilleur mais aussi pour le pire. Tout comme les villes de Pretoria ou Le Cap ont dû assumer les conséquences du boycott de l’Afrique du Sud. Tout comme Moscou a subi les conséquences du boycott des jeux olympiques de l’URSS en 1980 en conséquence de l’invasion de l’Afghanistan. Israël est un Etat maintes fois dénoncé par des organismes internationaux, n’ayant jamais respecté une seule des résolutions de l’ONU dont pourtant il se prévaut pour sa création. Le boycott arme de la société civile par excellence est tout à fait adapté à cette situation de déni du droit de la part d’un Etat qu’encourage la collaboration de la plupart des grandes puissances.
Cependant arrêtons nous sur cet argument, le plus repris par les défenseurs du projet. Celui de Tel Aviv comme quasi corpus-separatum en Israël. Certes, la municipalité y est dite « de gauche », une gauche conforme au parti socialiste française, c’est à dire colonialiste et raciste, effectivement c’est le cas du parti Travailliste israélien. Ce dernier prétend être « attaché à la paix », à la différence du Likoud. Cette assertion est totalement inepte du point de vue palestinien. La colonisation, la répression des populations, les agressions contre le Liban ou Gaza n’ayant jamais cessé une seule journée sous les différents gouvernements travaillistes. Uniquement pour l’histoire récente (puisque jusqu’en 1982 tous les gouvernements israéliens, étaient travaillistes) que ce soit Shimon Peres ou le syndicaliste Amir Perets, comme 1er ministre, se sont tous deux rendus coupables de crimes de guerre pour avoir délibérément fait cibler des civils libanais ou palestiniens. Le 1er en 1996 au moment de l’opération raisins de la colère en 1996 au Liban, avec le massacre de Cana; le second en 2006 avec les 1500 civils libanais tués lors de ladite 3e invasion du Liban. Sans même revenir sur la poursuite effrénée de la colonisation, notamment à Jérusalem que le parti travailliste a mené avec entrain et qui rappelons le est considérée comme un crime de guerre par l’Onu. Ou encore sur les assassinats « préventifs » de militants palestiniens, les difficultés et humiliations quotidiennes, le soutien aux pires politiques répressives. Autant de méfaits qui sont à mettre au crédit du parti travailliste.

Quant au maire de Tel Aviv Ron Huldai, présenté comme un parangon de vertu qui dés le début de la polémique s’est empressé d’apporter son soutien écrit à Hidalgo, c’est un général d’aviation, de réserve. Il a commandé une des bases les plus importantes d’Israël au moment de l’invasion du Liban dans les années 80. Durant toute cette décennie ce pays a été copieusement arrosé par l’aviation israélienne d’armes toutes plus effrayantes les unes que les autres, napalm, phosphore, bombes à sous munition etc. L’histoire n’ayant pas enregistré de protestations de sa part contre des ordres criminels, il a donc contribué à ce que soient commis des crimes de guerre.

De plus, l’argument exonérant Tel Aviv de toute responsabilité dans la colonisation fait fi du fait que cette ville profite largement des produits fabriqués dans les colonies. Tel Aviv en tant que telle bénéficie du travail sous-payé de milliers d’ouvriers palestiniens de Cisjordanie qui chaque matin après avoir traversé mille check-points puis le mur d’annexion, poussés par la détresse économique sont tenus de venir travailler dans la « ville blanche » pour des salaires de misère.
Pour finir là-dessus, précisons que dès le départ, à la fois, les éléments réputés les plus radicaux et ceux prétendument les plus modérés du sionisme parisien se sont retrouvés associés pour la défense de Tel Aviv sur Seine. Un large éventail s’est rapidement déployé en ce sens. Celui-ci allant de Patrick Klugman conseiller d’Hidalgo pour le Moyen Orient ou BHL jusqu’à la LDJ et le Betar, en passant par des personnalités dites modérées comme Askolovitch, et tout ce que le sionisme compte comme médias écrits ou radio. A cela il faut ajouter la plupart des partis les plus réactionnaires de ce pays, du PS, bien sûr au FN. Cette levée de boucliers protecteurs démontrant bien à contrario des propos d’Hidalgo, la nature tout à fait politique de l’entreprise.
Claude Goasguen mieux que tous dans le Figaro du 12 août bat en brèche l’argument d’Hidalgo.«Tel-Aviv ne se borne pas à une plage». «Comment peut-on distinguer la ville de Tel-Aviv de l’État d’Israël? La distinction laisse perplexe (…) et les intentions cachées de l’Hôtel de ville «Cette fête de Tel-Aviv Sur Seine doit constituer la fin d’un ostracisme à l’égard de l’Etat d’Israël», «Tel-Aviv sur Seine est pour moi le début d’un hommage à Israël sur Seine et j’invite tous ceux qui partagent ce sentiment à se manifester sur les réseaux sociaux pour faire entendre leurs voix», conclut Claude Goasguen.

Passé un premier temps où les militants un peu dubitatifs ont du mal à réaliser l’info, tant elle semble provocatrice, ils se mettent en branle.
Un premier pôle regroupant plusieurs associations décide après concertation d’organiser un contre événement intitulé Gaza plage avec prises de paroles, animation musicale etc. Un rassemblement autorisé par la préfecture de police aura donc lieu ce même 13 août sur un quai de Seine contiguë à celui de Tel Aviv sur Seine mais hermétiquement cloisonné par un cordon de CRS. Gaza plage attirera une foule conséquente.

Un second pôle militant regroupe une cinquantaine de personnes, individus ou membres d’organisations (dont le PIR), sous le pavillon de la campagne BDS France. Celui-ci analysant l’opération d’Hidalgo comme le test d’un partenariat futur, renforcé avec Tel Aviv et Israël considère qu’il faut s’y opposer de façon ferme devant les médias français et internationaux si possible et opte pour l’idée de porter la contestation au cœur même du dispositif policier. Face à ce qui peut être qualifié de check-point de Tel Aviv sur Seine. Des réunions sont organisées en ce sens auxquelles participent des militants individuels ou de différentes structures. Très rapidement à mesure que le jour approche les quais de Seine en plein centre de Paris entre pont d’Arcole et pont Notre Dame, offrent le visage d’un camp retranché où la densité de policiers au m2 atteint des hauteurs himalayennes.
Dans la presse le 1er ministre Manuel Valls annonce son soutien à Hidalgo de façon encore insultante pour les militants de la Palestine dont il qualifie l’action de « bêtise ». Certes sans répéter comme l’an dernier des menaces policières mais toujours avec ces sales insinuations sur l’antisémitisme supposé des manifestants anti israéliens. Ainsi chaque jour une déclaration officielle précise que tout sera fait pour assurer la sécurité de l’événement, compte tenu « des précédents en matière d’émeutes antisémites ». On annonce 500 policiers supplémentaires. Le calcul sera fait, 2 policiers chaque mètre environ.

C’est ainsi que le jour venu, défiant la vigilance policière 50 militants agissant en toute discrétion surgissent au plus près du « check point », au carrefour situé à 30 mètres de l’entrée de Tel Aviv sur Seine. Immédiatement encerclés par le dispositif policier, assez nerveux, ils tiendront pendant 20 mn environ. Slogans, banderole déployée, prises de parole devant la presse. Gardés encerclés place de l’Hôtel de ville, 1/2 heure environ, toujours étroitement encadrés par un cordon de CRS, ils sont ensuite évacués vers le site de Gaza plage de l’autre côté de la place du Châtelet. Sera alors improvisée sur 300 m, une belle marche-manifestation sauvage, de l’Hôtel de ville jusqu’à Gaza plage, à travers toute la place du Châtelet.
Pendant le même temps, des militants proches des Désobéissants réussissent à s’embarquer à bord de deux petits canots pneumatiques et brandissant des drapeaux palestiniens vont narguer Tel Aviv sur Seine. Avant d’être arraisonnés par la maréchaussée fluviale.

Que dire de tout cela ?
Dans l’ensemble pour M. Hidalgo on ne peut pas dire que ce soit une réussite. Puisque, certes l’événement s’est déroulé en fin de compte sans gros dégâts mais une bonne partie de la presse normalement favorable au PS a été plus que critique par rapport à celui-ci. Peu si ce n’est à droite ont trouvé pertinent l’argument « Tel Aviv havre de paix et de tolérance » dans la région. Certains notamment Barthes dans le journal le Monde tancent la « grille d’analyse périmée » du PS. La plupart des journaux que ce soit sur la forme en ce qui concerne la date retenue, un an après les massacres de Gaza ou pour les plus audacieux s’agissant de Tel Aviv, capitale d’un Etat plus que problématique, ont critiqué l’initiative d’Hidalgo.
En fait tout était prêt pour la confrontation, une confrontation politique que l’on pouvait imaginer dure. Chacun campant sur ses positions. Hidalgo ne pouvant se dédire et annuler l’événement comme un certain nombre de voix le lui demandaient, du fait des invitations lancées à des officiels israéliens. Quant à Patrick Klugman il donne le ton dans une imprécation pleine de menace « BDS, n’aura pas le dernier mot ! » lance-t-il dans les médias.
Les militants un an après les manifs gigantesques pour Gaza en 2014, ne pouvaient laisser passer une telle provocation sans réagir au risque de créer un précédent.
A priori la partie pour Hidalgo semblait facile. Au beau milieu du mois d’août, une population indigène censée être en vacances au bled, un événement, Paris Plage jouissant d’une bonne image, pour servir de camouflage, des partis de la gauche municipale eux-mêmes sionistes ou peu courageux sur la question, une opposition du centre, de droite et même du FN, aussi sioniste que le PS. Bref tout semblait concourir à faire de cet événement, une réussite.

A contrario pour les militants pro-palestiniens, l’opération semblait difficile. Des centaines de policiers municipaux, CRS et appariteurs des parcs et jardins parisiens déployés, + la LDJ et le Betar présents sur place. Mais aussi très peu de temps pour s’organiser et faire fonctionner les réseaux sociaux. Nouvelle arme redoutable des sociétés civiles.
1er constat. Au final pour Anne Hidalgo cette opération apparaît comme un fiasco en terme de fréquentation. Le communiqué triomphaliste de l’Hôtel de Paris diffusé avant même la fin de l’événement, histoire de prendre tout le monde de cours fait plutôt sourire puisque le surréalisme se conjuguant au ridicule il ne craint pas d’annoncer 110000 participants. Sur à peine quelques dizaines de mètre carrés de quais.
Sachant que les contrôles tatillons au check point, réalisés par une société privée choisie par l’ambassade ont pris environ une minute minimum par personne, cela voudrait dire qu’il aurait fallu 30 heures rien que pour introduire les 110000 participants. Comme le communiqué triomphaliste n’a été émis que six heures après le début du véritable début de l’opération, aux alentours de 12h, cela rend l’opération impossible à moins que les participants n’aient été déposés par barges de débarquement, hélicoptère ou encore sous-marin. Les chiffes les plus fiables parlent de 5 à 600 personnes au grand maximum à peu près autant que de policiers. Et il est clair que l’essentiel du public était constitué d’habitués des rassemblements communautaires pour Israël et non des larges foules parisiennes indistinctes. Il semble à peu près certain que ce communiqué ubuesque émane de Patrick Klugman, conseiller de M. Hidalgo et maître d’œuvre de ce fiasco qui jusqu’au bout aura poussé loin l’incompétence.

2e constat. L’effet de surprise de la mairie de Paris a raté car le PS encore une fois non seulement a sous-estimé l’attachement à la Palestine d’une large fraction de la population et sa capacité mobilisatrice mais a présumé de ses forces. Ce qui montre l’extrême vigilance des militants et la permanente sensibilité sur cette question. Confirmant l’existence d’une génération Gaza mais aussi d’une large base militante d’extrême gauche sensible à la question. S’il est impossible pour le PS sioniste d’organiser « tranquilou » un événement Tel Aviv sur Seine, un 13 août, moment réputé le plus mort de l’année alors c’est que tout semble mal engagé pour les supporter d’Israël.

3e constat. Cette affaire constitue un camouflet pour la mairie PS de Paris en termes d’image politique. La ville postulante pour les JO, s’est couverte de ridicule. Hidalgo pour le plus grand nombre des observateurs de son propre camp ayant fait preuve d’une maladresse affligeante. Car non seulement elle n’a pas réussi à faire le plein en termes de soutiens au sein de sa majorité municipale, EELV ayant produit un communiqué hostile à cette initiative tant pour la conjoncture que dans le fond, le PG ayant aussi copieusement attaqué l’initiative sous peine de se retrouver isolé aux côtés d’Hidalgo mais cet événement a créé une mini crise de confiance au sein même de la gauche. Le PS en effet a méprisé sa propre majorité politique puisque Hidalgo n’a même pas daigné l’informer de son initiative bien légère et prise sans en mesurer les conséquences. Ce qui augure mal pour l’avenir. Si par son soutien explicite le 1er ministre Valls confirme son ancrage dans le sionisme le plus débridé, on notera le peu de réactions de soutien au sein même du PS
Cazeneuve ayant adopté une attitude en retrait, un député PS, Alexis Bachelet certes coutumier du fait mais tout de même, ira jusqu’à déclarer que l’apartheid israélien est pire que l’apartheid sud-africain !
En effet si à Paris le PS ne risque pas grand-chose, son électorat de bobos étant captif, il n’en va pas de même des élus PS dans le reste du pays et particulièrement en île de France. Certains élus locaux craignant au moment des élections de faire les frais d’une politique trop alignée sur Tel Aviv. Les autres partis et notamment les Verts étant inquiets eux d’être les victimes collatérales de celle-ci.
La conseillère municipale du Parti de gauche, Danielle Simmonet est la militante d’un parti institutionnel qui aura eu la réaction la plus rapide et la plus ferme. Dénonçant une véritable provocation et demandant l’annulation de l’événement.

Concernant le camp propalestinien

1er constat. Au chapitre des faiblesses, notons que la plupart des organisations issues de l’immigration ou musulmanes étaient aux abonnés absents ce 13 août dernier. Soit que les secrétariats étaient absents, soit qu’ils n’aient pas eu le temps de communiquer. Toujours est -il que cette carence n’a pas permis d’envisager une réaction plus large. Pour l’avenir il serait bon de mettre sur pied une sorte de Task force. Réseau d’intervention rapide reliant les principales organisations de l’immigration, musulmanes et leurs alliés d’extrême gauche, capable de se réunir et d’intervenir en cas de crise soudaine. Ainsi qu’un pôle communication internationale plus efficace, en direction des médias français mais étrangers, aussi et surtout.
En négatif, toujours, notons le peu de fermeté dans l’affaire du Collectif national pour une paix juste, l’atonie d’une bonne partie des principales organisations communautaires musulmanes. Pour ces dernières cette tendance est inquiétante car rappelons-nous qu’elles étaient demeurées étrangement muettes, l’an dernier pour Gaza et qu’elles n’avaient pas appelé à manifester.
2eme constat. Cette réaction militante en plein mois d’août démontre si nécessaire la vitalité du corps propalestinien en France, dans la continuité des manifestations de la génération Gaza l’an dernier. Elle prouve aussi la capacité à surmonter les antagonismes existant. Chaque pôle militant ayant joué sa partition en respectant celle des autres. Le collectif national essentiellement l’AFPS a préféré lui une action « diplomatique » auprès de la mairie de Paris qui s’est traduite par une entrevue grand-guignolesque avec l’inénarrable Patrick Glukman, socialiste, conseiller d’Hidalgo pour les questions internationales mais néanmoins militant zélé, vice-président d’SOS racisme, avocat du PDG d’Elf, de la famille de Guilat Shalit, de Caroline Fourest, de l’écrivain Bernard-Henri Lévy et des Femen.

3e constat. Si la question de Palestine en France n’est pas encore un sujet de politique intérieure en terme de débat électoral, il est clair qu’il le devient. Progressivement la sensibilité pro palestinienne de l’électorat jeune des banlieues, indigène ou pas peut de moins en moins être ignorée par les politiques. De plus, la Palestine est un sujet qui réalise un large consensus au sein des communautés issues de l’immigration, au sein des forces politiques indigènes mais aussi au sein des forces Blanches progressistes et ce sur un mode plus radical qu’auparavant.

Il est clair qu’Hidalgo à l’avenir révisera sa copie. Et qu’elle ne recommencera pas de si tôt. Va-t-elle se débarrasser de Patrick Klugman à qui une bonne partie de cet échec est imputable ? Il y a peu de chances car trompée par son approche philosémite/antisémite de la communauté juive, P. Klugman étant appelé à un brillant avenir à la tête du CRIF, Hidalgo n’osera jamais se défaire d’un aussi encombrant mais précieux collaborateur.

Cependant, Il y a fort à parier que la prochaine fois elle essaiera d’introduire Tel Aviv par le biais d’un partenariat israélo palestinien dans le cadre d’une promotion de la paix. C’est dans ce sens que sont allées certaines déclarations d’élus critiquant l’action unilatérale d’Hidalgo « et si au moins les Palestiniens avaient eux aussi eu droit à une plage ». Cela pose un problème politique important et un véritable casse-tête. Un partenariat avec Israël est-il légitimé sous prétexte que dans le même pack se trouve l’autorité palestinienne ? Une invitation conjointe des deux protagonistes Palestiniens et Israéliens épuise-t-elle le sujet de la lutte contre le colonialisme sioniste ?

Le partenariat à trois: mairie de Paris, autorité palestinienne et mairie de Tel Aviv devenant la règle, l’autorité palestinienne risquerait de devenir le Cheval de Troie de l’Etat d’Israël. La mairie de Paris cherchant à nous faire accepter le sionisme en nous jouant l’air connu du en démocratie, chacun peut s’exprimer. Il va de soi que pour les militants, avec ou sans l’autorité palestinienne, le colonialisme sioniste n’est pas acceptable
4e constat. Cette action au final confirme le renforcement de BDS en poids et en audience. Un certain nombre de médias étrangers notamment britanniques ont couvert l’événement et en général l’ont dénoncé comme étant provocateur ou maladroit Des milliers de personnes ont soutenu les pages événements sur FB et la pétition en ligne demandant l’interdiction de l’événement. Alors que l’après Charlie a produit son patriot act à la française, cela n’a pas intimidé les réseaux sociaux qui ont prouvé leur grande capacité mobilisatrice et leur efficacité renforçant une cyber démocratie d’expression dont le contrôle continue d’être un enjeu pour le pouvoir. Contrairement aux vœux de Patrick Klugman, BDS n’a pas été bâillonné et a eu au moins un des derniers mots avec sa manif dans le centre de Paris comme belle expression de sa vitalité.
De plus, cette fois ce n’est pas simplement la politique israélienne qui a été dénoncée mais la Ville de Tel Aviv elle-même, c’est à dire le cerveau pensant de l’occupation de « la Palestine de 48 à 67 », du fleuve à la mer.
Il est clair que la réaction ferme somme toute des milieux propalestiniens, constitue un avertissement à tous les institutionnels et politiques qui dans les mois et années à venir ne vont pas manquer de rééditer une telle opération. Mais attention, forts de cet enseignement ils reviendront, mieux organisés. A nous d’avoir un coup d’avance.

Youssef Boussoumah, militant du PIR

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