Politique

Témoigner du Tawhid. Pour une théologie de libération dans les quartiers populaires

Au Nom de Dieu Le Clément, Miséricordieux,

  »Si vos parents, vos enfants, vos frères (et sœurs), vos épouses (vos époux), vos proches, les biens que vous avez acquis, un commerce dont vous craignez le marasme et des demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers que Dieu, Son Prophète et la lutte pour Sa Cause, alors attendez que vienne l’Ordre de Dieu, car Dieu ne dirige point les pervers. » Sourate 9 verset 24

Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous qui prétendons avoir pris pour religion l’Islam, il est courant de croire que les salat, le jeûne, le pèlerinage, les tenues vestimentaires licites et la consommation d’aliments hallal sont les seuls actes valables et prioritaires pour notre salut. Si appliquer l’Islam c’est seulement cela… alors que Le Tout Puissant nous pardonne d’être musulman ! 

Comment peut-on ne chercher qu’à s’acquitter des devoirs individuels et cultuels (fiqh al 3ibadat), et ne pas chercher à s’acquitter des devoirs collectifs d’organisation et de résistance (qui font partie du fiqh al mou3amalat)? Faisons-nous une lecture sélective du Livre Sacré ? N’allons-nous garder que les sourates de la période pré-hégirienne (rapport entre le Créateur et sa créature) et délaisser les sourates de la période post-hégirienne (rapport des créatures entre elles pour qu’elles s’organisent) ? Sommes-nous devenus ce que décrit ce verset: « Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste? Ceux d’entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que l’ignominie dans cette vie, et au Jour de la Résurrection ils seront refoulés au plus dur châtiment, et Dieu n’est pas inattentif à ce que vous faites »  S2 v85 ?

Certes, les pratiques cultuelles sont indispensables mais elles sont des moyens et non des finalités. Nous devons puiser dans la Salat, le jeûne, le pèlerinage, la méditation, etc., la force d’accomplir la tâche qui nous incombe: devenir une puissance organisée afin de réformer ce monde et le système inique qui le régit. 

Malheureusement, en 2011, nous avons beau remplir les mosquées, prier et méditer, nous y allons pour la plupart d’entre nous comme dans un refuge qui puisse nous préserver du monde réel, tout comme le dépendant à des jeux vidéo se complait dans son monde virtuel.

La mosquée ne doit pas être un anesthésiant mais un moteur, un lieu de ressourcement pour recharger ses batteries, pour mieux se dépenser dehors ! Elle doit être un champ où l’on cueillera individuellement et collectivement la lumière qui illuminera notre âme afin, en retour, d’éclairer la société, plongée dans les ténèbres de l’ignorance, de l’individualisme et de l’oppression. A l’image du Prophète (saws) qui dans la solitude et l’obscurité de la grotte Hira ramena la lumière afin d’éclairer le monde.

Nous n’appliquons plus les actes cultuels d’adoration pour y puiser la force qui nous permettrait de combattre, de « partir pour mieux revenir » afin de changer le monde, ce qui est l’essence même de l’Hégire (al hijra) comme le faisaient nos pieux prédécesseurs. Non, nous les appliquons pour fuir la réalité de notre condition et déléguer ainsi le fardeau du vicariat aux « agents du Mal ». Tout en nous concentrant sur des problèmes secondaires, tertiaires… voire inexistants. Pourtant le classement des priorités est une science en Islam (fiqh al awlawiyyat) qui change selon le contexte du lieu et de l’époque dans lesquels on vit.

Quand l’on constate le peu d’implication de notre communauté dans le champ politique (c’est-a-dire la volonté de créer un rapport de force pour réaliser nos finalités), comment peut-on aller et sortir de la mosquée l’esprit tranquille ? La Oumma n’est pas un postulat mais un projet, c’est à nous de la construire.  Si l’action ne suit pas, alors ce sera un coup d’épée dans l’eau. Dieu ne se trouve pas seulement dans l’architecture de la mosquée mais d’abord dans le cœur de l’Humanité, là où se livrent les batailles… conformément au hadith qui dit: « Le monde est une mosquée« . Nous nous devons d’avoir une foi active et non passive, sinon nous trahissons l’essence même de l’Islam qui est une religion de l’acte ancrée dans la réalité.

Une des preuves de cela est que, dans le saint Coran, la croyance est souvent liée a une action : « ila ladhina aminou wa 3amilou salihati«  (sauf ceux qui croient et commettent de bons actes). De la même façon les racines « SaLaW » et « ZaKaW » s’y retrouvent 23 fois conjointement. Cela est aussi confirmé par le Prophète (saws)qui, voyant un jour des musulmans étudier ensemble dans la mosquée de Médine,leur dit: « Acquérez autant de connaissances que vous le pourrez. Mais n’oubliez jamais que ce n’est que par l’action que vient la récompense divine« .

Bien entendu pour ne pas agir précipitamment au risque de foncer dans le mur, il est nécessaire de méditer avant. Mais nous vouer seulement au culte et à la méditation n’est en rien la garantie que nous agirons. Nous en voulons pour preuve la profusion de ces courants musulmans piétistes existants et actifs en France. Il n’y a aucun doute sur la sincérité des frères et sœurs qui suivent et appellent à suivre ces courants, seul l’Omniscient peut le faire, mais prôner l’apolitisme est en soi une position politique puisqu’elle renforce et fait objectivement le jeu de ceux qui nous oppriment.

L’Histoire nous enseigne que des savants et des imams corrompus ou faibles, à la solde de l’impérialisme et des gouvernements occidentaux injustes, émettent des fatwas qui nous déconseillent voire nous font interdiction de nous préoccuper de politique, de près ou de loin. Ces avis religieux et juridiques ont un seul but, affaiblir la communauté musulmane en la rendant irresponsable et dépendante. Mais nul ne peut nous ôter notre responsabilité face a Dieu si ce n’est Lui-même. D’ailleurs L’Eternel et Son Messager (saws) nous mettent en garde quant au fait de suivre aveuglément les avis des savants alors que l’illicéité de leur position est avérée. « Ils ont pris leurs moines et leurs rabbins comme divinité en dehors de Dieu«  S9v31. D’ailleurs à propos de ce dernier verset, l’Elu de Dieu (saws) dit: “Ils ne les adoraient pas mais lorsqu’ils leur disaient que telle chose était interdite et que telle chose était autorisée, ils les suivaient” et Il (saws) ajoute: « S’ils leur avaient demandé de les adorer en dehors de Dieu, ils ne l’auraient pas fait, par contre, ils leur ont donné un ordre en déclarant licite ce que Dieu avait déclaré illicite et illicite ce que Dieu avait déclaré licite; ils ont obéi et c’est la que se trouve leur adoration« . Patience et méditation n’ont jamais été synonymes d’inaction, de passivité, d’indifférence ou de fuite. 

Au VIIe siècle, quand l’Egypte fut conquise, le Calife Omar Ibn Al Khattab (ra), n’a pas imposé dans le traité de reddition que le peuple se convertisse à l’Islam. L’Egypte n’est devenue majoritairement musulmane que 7 siècles plus tard. Ce qui primait pour le Calife (ra) ce n’était pas que les gens se convertissent mais plutôt qu’ils vivent sous les Lois de Dieu, des lois justes. Alors que malheureusement aujourd’hui où l’islamophobie d’Etat bat son plein et que nous vivons sous des lois injustes, ce qui prime pour la plupart d’entre nous, les musulmans, ce n’est pas que nous fassions en sorte de vivre dans un système régi par des lois justes mais plutôt que nous fassions nos salat et jeûnions au mois de Ramadhan convenablement… En attendant patiemment le Jour du Jugement Dernier pour être déclarés innocents du mal que nous subissons ou que d’autres subissent. Ainsi, nous nous détachons de notre responsabilité envers le Créateur, en tant que gérants de Sa création… Et cela malgré notre témoignage (chahada) et bien que le Prophète (saws) nous ait ordonnés : “Ne soyez ni oppresseurs ni opprimés!” Nous nous retrouvons donc à la fois victimes et complices par notre silence de cette oppression tout en nous félicitant que les mosquées s’emplissent de plus en plus… Cela n’est pas sans rappeler malheureusement cette parole du Messager de Dieu (saws): « Viendra un temps où les mosquées seront pleines mais où les cœurs seront vides« .

Beaucoup disent que nous ne pouvons pas combattre car nous ne sommes pas assez pieux, pas assez forts… pas assez musulmans. 

Nous ne pouvons continuer de trouver des excuses à notre passivité alors que nous avons les capacités d’agir collectivement pour changer les choses. L’Eternel Seigneur n’est pas dupe:

« Il n’y a de voie (de reproche), vraiment, que contre ceux qui demandent d’être dispensés (de lutter), alors qu’ils sont riches (d’argent, de santé, de temps). Il leur plaît de demeurer avec celles qui sont restées à l’arrière. Et Dieu a scellé leurs cœurs et ils ne savent pas. » S9 v87

Pour la grande majorité des savants, l’idéal dans le processus de notre vie réside dans l’étude pendant la jeunesse, puis l’action dans la force de l’âge et enfin la contemplation dans le troisième âge. En fait ces étapes doivent s’appliquer à chaque moment de la journée, étudier après salat as-sobh, agir dans la journée enfin faire des prières surérogatoires et méditer dans la nuit. Nous devons agir sans attendre d’être purs ou parfaits. Les cultes et l’action nous purifieront inchaAllah.

Certes, pour les musulmans vivant en milieu hostile à l’Islam, en village ou en centre-ville et qui sont plutôt victimes d’une islamophobie populaire : aller seulement à la mosquée, porter le hidjab ou la barbe, etc… sont des actes courageux et forts admirables en soi car relevant d’un véritable parcours du combattant pour ces frères et sœurs. De par leurs actes individuels et quotidiens, ils témoignent d’une résistance et d’une confiance en Dieu(tawakkul 3alAllah) à l’image d’Ibrahim (as), ce prophète qui est l’incarnation même du mot « sacrifice » et qui dit à ses ennemis: « Dieu me suffit et quel Meilleur Protecteur !«   alors qu’il (as) était seul contre tous et se voyait menacé d’être jeté au bûcher.

 Mais ce n’est pas la même chose pour nous, musulmans qui vivons dans des quartiers à majorité musulmane, là où affirmer son identité islamique est au contraire bien vue par les habitants de ces quartiers et qui sommes plutôt victimes d’une islamophobie institutionnelle. La forme de résistance que l’on applique doit s’adapter et varier de degré selon le contexte. De la même manière qu’au temps du Prophète (saws) montrer que l’on était de la religion de ce dernier (saws) n’avait pas la même valeur à la Mecque où les croyants étaient une minorité opprimée qu’à Médine où ils sont devenus une majorité gouvernante. Le témoignage se fait de façon différente selon le lieu et le moment. Comme à Médine, dans les quartiers populaires nous sommes majoritaires mais la différence réside dans le fait que nous sommes une majorité opprimée, désorganisée où l’individualisme prédomine, aussi bien spirituellement que matériellement, chacun craignant de perdre son petit confort malgré la mise en garde énoncée dans le Coran: « Ô vous qui croyez! Qu’avez-vous? Lorsque l’on vous dit: Elancez-vous dans le sentier de Dieu, vous vous êtes appesantis sur la terre. La vie présente vous agrée-t-elle plus que l’au-delà ? Or la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose comparée à l’au-delà. Si vous ne vous lancez pas au combat, Il vous châtiera d’un châtiment douloureux et vous remplacera par un autre peuple. Vous ne Lui nuirez en rien. Et Dieu est Omnipotent. » S9 v 38-39. 

Compte tenu de notre situation en France en ce début de XXIème siècle, nous ne devons pas fuir géographiquement pour mieux revenir comme l’a fait l’Aimé de Dieu (saws) et ses compagnons (ra) mais fuir notre aliénation pour revenir à l’essence de notre identité individuelle et collective et ainsi créer ici « notre Médine », notre lieu organisé, au centre même de « la Mecque », lieu d’oppression par définition. Nous devons pour cela créer une fraternité comme l’ont fait les muhajirounes de la Mecque avec les ansar de Yathrib, une fraternité dans l’acte. Et non pas une fraternité abstraite qui ne dépasserait pas le seuil de la langue. A la différence d’Ibrahim (as) qui était seul, nous devons agir ensemble en ayant confiance en Dieu et en nous faisant confiance. Cette confiance doit être le ciment de notre fraternité,comme nous le rappelle ce hadith : “Le croyant est à un autre croyant ce que les pierres d’un édifice sont les unes aux autres, elles se maintiennent entre elles.” Le tawakkul ne peut être conditionné que par une ambition saine :

  »Certes ceux auxquels l’on disait : Les gens se sont rassemblés contre vous; craignez-les – cela accrut leur foi – et ils dirent : Dieu nous suffit; Il est notre meilleur garant. Ils revinrent donc avec un bienfait de la part de Dieu et une grâce. Nul mal ne les toucha et ils suivirent ce qui satisfait  Dieu. » S3 v173-174.

Loin de nous l’idée de dire que les quartiers populaires seraient des lieux saints mais nous affirmons que devenir une force dans l’endroit même où l’on nous opprime est sacré. Dans ce contexte et cette situation islamophobe  pour être fidèle à l’esprit coranique et passer à l’étape supérieure, il nous faut nous organiser là ou nous vivons et subissons l’injustice, afin de devenir une force avec pour base, moteur et finalité le Tawhid (l’Unicité Divine).

Dans le système (nizam) dans lequel nous vivons et qui nous régit, nous sommes passés d’un racisme biologique à un racisme culturel. L’Islam étant entre autres une culture, l’islamophobie est bien un racisme. Cette islamophobie transcende tous les partis politiques mais nos priorités sont les discriminations raciales sous toutes leurs formes. Concernant le caractère halal ou non des partis politiques et des intellectuels, nous nous fierons, entre autres, au plan international à ce que l’on nomme « la preuve par la Palestine » et au niveau national à « la preuve par le voile ». Les positions qu’ils défendent sur ces deux sujets sont pour nous révélatrices. Le consensus politique de l’extrême-gauche à l’extrême-droite concernant la loi sur les signes religieux à l’école en 2004 et la commission sur la burqa en 2009, démontrent sans appel que nous, musulmans, n’avons rien à espérer des partis politiques et que nous devons créer notre propre force politique si nous voulons nous faire entendre et faire triompher nos revendications. A une condition tout d’abord, ne jamais solliciter aucune subvention de l’Etat ou autres instance de pouvoir. Les subventions sont des chaînes qui tout au long de l’histoire de l’immigration en France, nous ont asservis. L’expérience a prouvé à quel point est vrai le dicton bantou  cité par Lumumba  »la main qui donne est la main qui dirige« .

Dans la mesure où parmi les minorités nous sommes la religion majoritaire, il nous incombe d’être le fer de lance politique de la lutte des opprimés. Cela est nécessaire comme nous le rappelle le Livre Saint: « Et préparez contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi de Dieu et votre ennemi » S8 v60 … C’est également un serment que nous devons honorer : « Quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam, Il les fit témoigner envers eux-mêmes: Ne suis-Je pas votre Seigneur ? Ils dirent: Certes oui, nous témoignons ! et cela pour que vous ne disiez pas le Jour de la résurrection, nous avons été pris au dépourvu… » S7 v172. Ce témoignage, ancré dans notre « Fitra » (nature primordiale), concerne notre rôle de vicaire de Dieu sur Terre et donc notre responsabilité individuelle et collective concernant l’état du monde dans lequel nous vivons, aussi bien à l’échelle locale que globale.  

Nous devons nous unir dans tous les quartiers avec ceux qui subissent ces discriminations et qui les combattent…même si ils ne sont pas musulmans. Nous devons devenir une force politique et économique réelle, dotée de ses moyens propres, une force autonome. « Dieu ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. Dieu vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » S60 v8 et 9

Rappelons qu’au temps du Califat, les non-musulmans qui combattaient aux cotés des Musulmans pour défendre ses frontières, n’avaient plus à payer l’impôt de protection (jizya) et étaient considérés comme faisant partie des leurs. Rappelons également que depuis son exil en Egypte le grand émir marocain Abdelkrim al Khattabi, comprenant que les indigènes, musulmans et non-musulmans combattaient en fait un ennemi commun, l’impérialisme occidental, exhortait les soldats musulmans de l’armée coloniale française engagée dans la guerre d’Indochine à déserter celle-ci pour rejoindre les rangs du grand dirigeant vietnamien, Ho Chi Minh. De nombreux soldats suivirent cet appel.

Cette unité ne doit donc pas se faire sur la base d’une identité de confession religieuse mais sur la base d’une identité de commune oppression et face au même oppresseur.

Le Sceau des Prophètes (saws) a prôné une religion en fondant un État, c’est-a-dire un système ayant pour base et but le Tawhid, fonctionnant grâce à des structures politiques. Ce ne sont pas seulement les prêches qui ont concrétisé la victoire de l’Islam mais surtout le rapport de force. 

Cette force n’a pas vocation à être suprématiste, à devenir un lobby nous octroyant des privilèges au détriment des autres. Elle a pour but de réformer la société et le système qui la régit pour le bien commun (maslaha) de tous sans exception.

Il ne s’agit donc pas de vivre en parasite de ce système malade mais d’en être un remède puissant. Si la communauté musulmane arrivait à établir un rapport de force, serait-ce pour profiter de privilèges au détriment par exemple des Noirs non-musulmans, des blancs indigénisés ou des Roms? Chercherions nous seulement à défendre les intérêts des Palestiniens, parce que majoritairement musulmans et parce que Jérusalem est une ville sainte tout en gardant le silence sur le carnage que constitue la Françafrique ?

La Justice et les biens de ce monde doivent profiter à tous. Notre responsabilité devant tous doit être éprouvée à chaque instant de notre vie. Dieu n’a pas envoyé le Prophete (saws) seulement pour les musulmans  « nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les êtres de l’Univers« S21 v107. Ce verset est particulièrement bien appliqué par Omar Ibn Al Khattab (rA) lorsqu’il offrit une pension à un juif aveugle dans le besoin. Il se sentait responsable de tout le monde, pas seulement en tant que « Amir al Mouminin » (commandeur des croyants) mais surtout en tant que Lieutenant de Dieu sur Terre…comme devraient l’être tous les hommes et femmes conscients de leur témoignage. Ce sens aigu de la responsabilité envers la Création et les créatures de Dieu qu’avait le Prophète(saws) les 4 califes bien guidés (rA), les Compagnons(ra),les pieux prédécesseurs et tous ceux qui ont lutté, doit revenir a l’ordre du Jour et être notre priorité. Car nous rendrons des comptes dans ce bas monde et dans l’autre.

Par le biais du Coran et les grands principes qu’il contient, l’Islam  est un cadeau universel et intemporel que Le Tout-Généreux fait à l’Humanité. Il a pour but de créer une harmonie aussi bien autour de nous qu’en nous-mêmes. Sa bonne application est la condition ultime pour être fidèle à ce que Dieu attend de nous. Aussi, en plus de la sincérité, il nous faut être conforme à ce qu’attend de nous le Créateur en effectuant une lecture lucide du monde et de l’époque dans laquelle nous vivons. Il nous faut comprendre ce qu’est vivre au XXIème siècle, afin d’atteindre les finalités de la voie islamique (maqasid ach-chari3a islamiya) que sont entre autres, la Justice,la Liberté et la Paix.

Le but ultime de tous les prophètes(as) est de mettre en cause et de défier les systèmes humains fondés sur l’ignorance et l’oppression, afin d’établir le système de vie révélé par le Créateur pour le bien de l’Humanité. Nous devons nous situer dans la continuité de cette lutte, non en mimant bêtement le passé mais en étant fidèle aux principes immuables de la Chari3a. Il y va de notre responsabilité vis-à-vis de Dieu, de ses créatures et de notre conscience.

« Dieu ne change pas l’état d’un peuple tant qu’il ne change pas ce qu’il y a en lui-même » S13 v11

Alors quel sera notre comportement durant notre existence physique: indifférence individualiste et donc inexistence politique ou unité combattive et donc existence politique, face au désastre ?… Allahou a3lem (Dieu est Plus Savant).

Que L’Unique nous permette de changer ce qu’il y a en nous même, afin que nous changions l’état de notre peuple pour que ce dernier change l’état du monde.

Qu’Il nous permette d’assumer notre rôle de vicaire dans ce bas-monde(dounia) et de faire en sorte que Ses Lois deviennent le système spirituel, politique, économique et écologique qui régit le monde des Humains.

« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Dieu qui sait, alors que vous ne savez pas. » S2 v216

Sofiane ould Bechaouche, membre du CRILA (cercle de Réflexion Islam, Liberation et Anticolonialisme du PIR), octobre 2011.

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