Communiqué de presse du Mouvement des indigènes de la république

Succès de la Deuxième Marche du 8 mai

Près de 4000 personnes ont défilé ce 8 mai 2006 de la place de la république à Barbès à l’appel du Mouvement des indigènes de la république. Il s’agissait, pour nous, immigrés, enfants issus de l’immigration, noirs, arabes et musulmans, de nous approprier l’espace public dans la perspective de la constitution d’une force politique autonome.

Le pari a été tenu : l’écrasante majorité des manifestants était constituée de personnes que la république s’acharne à considérer comme des indigènes. Femmes et hommes, de tous les âges, originaires des anciennes colonies, travailleurs, chômeurs, précaires, avec ou sans papiers, français ou non français, mais toutes et tous exclu-e-s, de fait, de la citoyenneté, nombreux parmi eux ont manifesté ce 8 mai pour la première fois de leur vie. Outre le souvenir des massacres coloniaux, outre les revendications urgentes comme l’abrogation de la loi sur l’égalité des chances, la dénonciation du CESEDA et l’amnistie des révoltés de novembre 2005, c’est l’exigence de la dignité qui s’est exprimée puissamment à travers cette Marche, comme elle s’est exprimée dans la révolte des quartiers populaires et comme elle ne cesse de s’exprimer dans les mobilisations de sans-papiers. La deuxième marche du 8 mai a montré l’existence d’un fort potentiel de luttes au sein des populations issues de l’immigration coloniale et postcoloniale. Des militants, issus des mouvements sociaux et de la gauche, ont tenu, par leur présence, à apporter leur soutien à notre combat anticolonialiste.

Cependant, le Mouvement des indigènes de la république a constaté avec surprise l’absence des partis et des organisations qui s’engagent habituellement dans les combats contre les discriminations et le racisme. Nous ne pouvons que regretter que ces forces n’aient pas jugé opportun de soutenir une initiative exprimant la volonté d’auto-organisation des personnes directement concernées par le racisme. Cela nous conforte dans l’idée que l’auto-organisation et l’autonomie politique des populations issues de l’immigration postcoloniale sont indispensables pour construire un rapport de forces susceptible d’imposer l’égalité, la justice et la dignité, c’est-à-dire la fin de l’indigénat.

Le Mouvement des indigènes de la république

Paris, le 9 mai 2006

PS : la photo qui illustre ce communiqué est emprunté au journal Le Monde : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-769503@51-768495,0.html

9 mai 2006

Ce contenu a été publié dans Actualités. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.