Solidarité avec Calais et les migrantEs: contre la destruction du bidonville

Le pouvoir a décidé de détruire le campement de la Lande à Calais. Laisser faire sera tragique pour les migrantEs, pour Calais et pour notre monde.

Le campement n’est pas la jungle et les migrantEs ne sont pas des sauvages. La jungle qui vient, la véritable jungle, c’est plutôt le monde de ceux et celles qui, de Hollande à Le Pen, en passant par Sarkozy, veulent détruire le campement.

Rappelons que c’est ce même pouvoir qui a poussé les migrantEs à construire un bidonville dans ce lieu insalubre après les avoir expulséEs de force des campements et lieux occupés dans le centre de Calais. Rappelons que c’est ce même pouvoir qui a construit des « abris » sur le campement pour mieux justifier, il y a 6 mois, la destruction de sa partie sud. Rappelons que c’est ce même pouvoir qui a envoyé les CRS réprimer la manifestation de solidarité du 1er octobre et détruire les sanitaires. Rappelons que ce même pouvoir a déjà expulsé dans des « vols groupés » plus de 1500 migrantEs de Calais ces derniers mois et qu’il pourchasse les réfugiéEs dans les rues de Paris. Rappelons que c’est ce même pouvoir qui planifie l’expulsion de milliers de réfugiéEs afghanEs dans un troc sordide avec le régime afghan.

Ce campement n’a jamais été une jungle. Malgré les conditions et la pression de la police le campement est le lieu où peuvent se rassembler les migrantEs, où ils peuvent s’organiser. Le lieu où peuvent converger les personnes solidaires et se tisser des liens. Le lieu où ils et elles ne sont plus invisibiliséEs. Pour exister politiquement. Malgré les conditions.

Il n’y aura pas d’alternative au bidonville et autres campements ou lieux occupés tant que les migrantEs qui désirent aller en Angleterre seront empêchéEs de le faire et tant que ceux et celles qui désirent s’installer en France n’auront pas l’assurance de pouvoir le faire.

En fait il y a une alternative qui est celle du pouvoir. Et cette alternative, avec la destruction du campement, c’est la jungle, la vraie. Une situation d’invisibilité, d’atomisation, de précarité accrues. Où les migrantEs seront d’autant plus la proie des passeurs, des violences policières, des expulsions et des racistes.

Car la jungle n’est pas un monde sans loi. La loi de la jungle c’est la loi du plus fort. C’est la loi du Capital qui asservit ou détruit. Qui asservit et qui détruit. Qui impose sa technologie, ses médias, sa police et ses tribunaux, son Etat de plus en plus monstrueux. Qui s’impose par sa technologie, ses médias, sa police et ses tribunaux, son Etat de plus en plus monstrueux. Qui veut faire de sa loi la loi exclusive.

Et cette jungle gangrène déjà Calais asphyxié par les murs, les barbelés, les caméras, les drônes, le racisme, toutes ces entraves à sa vocation de passage et d’échanges. Elle gangrène nos villes et nos quartiers. Elle gangrène jusqu’au moindre village de France où le FN organise des rassemblements. Elle gangrène l’Europe des murs et de la haine.

Elle gangrène nos propres cerveaux qui s’habituent à l’indifférence tandis que les migrantEs continuent de mourir en mer par milliers. Elle tue dans les quartiers populaires, elle contrôle au faciès, elle agresse les MusulmanEs et criminalise désormais tous ceux et celles qui refusent l’asservissement, syndicalistes, activistes des Zad, personnes solidaires des migrantEs… Elle nous rappelle que les membres de « l’Affiche rouge » exécutés par les nazis étaient à la fois juifs ET étrangers ET communistes. Qu’ils étaient « l’armée du crime ».

Le temps nous est compté. La destruction du bidonville à Calais c’est la jungle qui avance. Nous ne convaincrons pas ce pouvoir. Il est celui de la jungle. Hollande comme Sarkozy et comme Le Pen veulent en être les rois.

Mais nous pouvons nous soulever et faire barrage aux progrès de la jungle. Opposer à la loi du Capital celle de nos solidarités.

Le temps nous est compté. Peut-être est-il déjà trop tard pour empêcher la destruction du campement. Mais les batailles perdues sont toujours celles qu’on ne mène pas. Qu’au moins s’amorce la contre-offensive. Pour Calais, pour les migrantEs, pour notre monde et notre humanité.

Nous appelons ceux et celles qui le peuvent à aller à Calais pour témoigner de leur solidarité avec les migrantEs, pour témoigner des moyens utilisés par les autorités.

Nous appelons à nous rassembler dans toutes les villes, dans tous les villages, les 15 et 16 octobre, devant les mairies, devant les préfectures, en solidarité avec les migrantEs et contre la destruction du campement de Calais. Et à converger vers Amiens le 19 octobre aux côtés des syndicalistes de Goodyear et de toutes les victimes de la répression et des violences policières.

De Vintimille à Calais en passant par Paris et toutes les villes et villages, nous appelons à nous organiser, aux côtés des migrantEs pour la liberté et contre la jungle qui vient.

Premiers signataires :

Catherine Achin, AG du mouvement anti aéroport à Notre Dame des Landes du 11 octobre, Guy Alloucherie, Jean-Claude Amara, Nathalie Astolfi, Ana Azaria, Ludivine Bantigny, Francine Bavay, Amal Bentounsi, Olivier Besancenot, Jacques Bidet, Catherine Boskowitz, Saïd Bouamama, Houria Bouteldja, Manuel Cervera-Marzal, Jacques Chastaing, Compagnie Jolie Môme, François Cusset, Laurence De Cock, Joss Dray, Christian Drouet, Houssam El Hassimi, Annie Ernaux, Jules Falquet, Mireille Fanon-Mendès France, Patrick Farbiaz, Christian Faucomprez, Eric Fassin, Vanessa Fourez, Valentin Fraix, Georges Franco, Isabelle Garo, Franck Gaudichaud, François Gèze, Denis Godard, Dominique Grange, Anahita Grisoni, Catherine Grupper, Nicolas Jaoul, Serge Guichard, Jonathan Joly, Almamy Kanouté, Stathis Kouvélakis, Mathilde Larrère, Noé Le Blanc, Elisabeth Lébovici, Jacques Lecron, Pierre Le Pillouër, Gilles Manceron, Philippe Marlière, Fernanda Marruchelli, Xavier Matthieu, Julien Moison, Nadia Monier, Claire Nancy, Jean-Luc Nancy, Olivier Neveux, Ugo Palheta, Patrick Pierre, Christian Pierrel, Alain Pojolat, Prudence, Nathalie Quintane, Gael Quirante, Juliette Rennes, Juliette Rousseau, Ali Reza, Jean-Marc Rouillan, Michel Simon, Omar Slaouti, Francesca Soleville, Jacques Tardi, Martine Tessard, Etienne Tassin, Marlène Tuininga, Béatrice Turpin.

 

Pour signer cet appel : Ici

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