Oreillette

Sami Shihab : l’honneur de la résistance

Sami Shihab, jeune résistant du Hizbullah, est devenu, depuis plus d’une semaine, la «bête noire» du régime égyptien et des médias pro-américains dans le monde arabe. Sami Shihab, jeune résistant du Hizbullah n’a fait que son devoir, celui de soutenir la résistance palestinienne dans la bande de Gaza, en mettant en place une aide logistique, pour l’acheminement des armes et des vivres pour la population assiégée de Gaza, depuis plus de deux ans.

Sami Shihab, résistant du Hizbullah, a été arrêté par le régime égyptien, au mois de novembre 2008, avant même la guerre meutrière sioniste contre la résistance et la population de la bande de Gaza.

Il est accusé aujourd’hui, par le régime égyptien, d’avoir monté une cellule du Hizbullah en Egypte en vue de «déstabiliser le régime et de diffuser le shiisme». Une infâme campagne médiatique est menée depuis plus d’une semaine contre Sami Shihab, et au-delà, contre le dirigeant de la résistance, Sayyid Hassan Nasrullah et contre le parti de la résistance, le Hizbullah, mettant en cause le principe même du soutien à la lutte du peuple palestinien, du soutien à la résistance en Palestine et le principe même de la résistance.
Une campagne infâme orchestrée par les pouvoirs arabes en place qui ne supportent plus, depuis la guerre meurtrière israélienne contre les Palestiniens à Gaza, le climat de colère qui agite les rues des capitales arabes.

Arrêté au mois de novembre 2008 par le pouvoir égyptien, ce n’est que depuis une dizaine de jours que la campagne virulente et mensongère a été lancée, ce qui montre bien qu’il s’agit d’une opération politico-médiatique orchestrée.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que des résistants sont arrêtés par les régimes arabes (la Jordanie, par exemple), surtout depuis le déclenchement de l’Intifada al-Aqsa, en 2000. Mais les régimes se contentaient de les jeter en prison.
Aujourd’hui, le régime égyptien, mais aussi le régime jordanien, se lancent dans une aventure inespérée en faisant de l’arrestation de résistants une affaire sécuritaire, qui toucherait leurs propres Etats, tout en voilant les véritables enjeux et les véritables motivations : soutenir la résistance armée du peuple palestinien contre l’ennemi commun, l’Etat sioniste.

Le régime égyptien met en avant sa propre souveraineté, accusant le Hizbullah de la transgresser parce qu’il a mis en place, sur le sol égyptien (Rafah), les moyens d’acheminer armes et vivres vers la bande de Gaza.
Deux logiques s’affrontent : celle de la légitimité de la lutte du peuple palestinien et des peuples arabes contre l’entité sioniste d’une part, et celle de l’abandon de toute revendication de libération et la soumission aux plans américano-sionistes soutenus par ce qui s’appelle la communauté internationale, dont le Quartet.

Pour la première, tant qu’il y a occupation, tant que l’Etat sioniste colonisateur est installé en Palestine, la résistance, sous toutes ses formes, est légitime, elle est un devoir et un droit et doit être soutenue.
Pour la seconde, la communauté internationale impose les règles du « jeu » : si jamais il devrait y avoir un Etat palestinien, il serait accordé conformément au désir de cette communauté, ce qui signifie la soumission aux intérêts impérialo-sionistes, que ce soit dans la forme et la nature de cet Etat, comme si la lutte avait pour but de constituer un Etat et non de libérer un pays.

Si Sami Shihab a été arrêté au mois de novembre 2008, pourquoi le régime égyptien a-t-il lancé son attaque contre le Hizbullah et sa direction au mois d’avril 2009 ? Si le résistant Sami Shihab a été arrêté pour son soutien logistique à la résistance palestinienne, pourquoi les accusations publiques portent sur la tentative de déstabiliser le régime, avec la création de cellules et diffusion du shiisme etc ?

Sayyid Hassan Nasrullah, dans une allocution, a expliqué les tenants de l’affaire, rejetant les accusations du régime égyptien et conseillant au procureur d’exercer, lorsqu’il sera à la retraite, le métier de scénariste, au vu du thriller mis en place et repris à la lettre par certains médias arabes à la solde du régime et des impérialo-sionistes.

Pour quelles raisons le régime égyptien a-t-il lancé son attaque ?

1 – L’Egypte fait porter la responsabilité du piétinement des négociations inter palestiniennes au Hamas et à la ligne de la résistance. A cause de son histoire, mais aussi de sa géographie, l’Egypte considère qu’elle a un rôle primordial dans toute négociation dans la région, palestinienne interne ou entre les pays arabes et l’Etat sioniste. Or, depuis la guerre meurtrière contre Gaza, le régime égyptien semble de plus en plus isolé.
Les rapprochements entre pays arabes au sommet de Doha l’ont exclu, même s’ils sont de surface. Son impopularité à cause de son attitude lors de la guerre meurtrière consistant à fermer la voie de Rafah, à appliquer à la lettre les décisions impérialo-sionistes contre la population et la résistance, lui est devenue insupportable. Il lui fallait une voie de sortie, diriger les regards vers un «ennemi» responsable de tous les maux arabes, le Hizbullah «shiite», «aventuriste», pro-iranien»..

De plus, l’Egypte se considère gardienne de la bande de Gaza : même si le régime l’a détourné au profit des impérialo-sionistes, le droit qu’il exerce sur le passage de Rafah, il le veut exclusif.

2 – Se venger contre le Hizbullah, dont le secrétaire général avait réclamé du régime égyptien l’ouverture, dès le début de la guerre sioniste, l’ouverture du passage de Rafah. Dès les premiers jours de cette guerre, en décembre dernier, sayyid Hassan Nasrullah avait supplié le régime égyptien de ne pas collaborer avec l’agresseur, en ouvrant au moins la frontière, afin d’acheminer les vivres et médicaments. Il avait conseillé aux patriotes égyptiens d’exercer des pressions sur leur régime pour aller dans ce sens.
A l’époque, la presse et le pouvoir égyptien étaient montés sur leurs grands chevaux, considérant qu’il s’agissait d’une intervention dans les affaires internes d’un pays «souverain», certains avocats serviles étant même allés plus loin, menaçant de porter plainte contre Sayyid Nasrullah devant les tribunaux internationaux, pour «incitation à la violence contre un Etat souverain». L’arrestation du résistant Sami Shihab, pourtant avant l’agression et le discours, va donner l’occasion de régime égyptien de se venger.


3 – Les difficultés internes égyptiennes :
la crise financière et économique qui secoue les pays du Golfe risque de ramener au pays des centaines de milliers d’Egyptiens, sans emploi, qui s’ajouteront à une population déjà appauvrie et marginalisée dans un Etat qui ne vit que de l’aide américaine et qui n’a fait que miroiter à son peuple depuis les accords de Camp David, soit 30 ans, que « la paix » avec Israël permettra le développement économique du pays. Or, rien du tout, au contraire.
Ce sont trente années de perdues, pour tout le monde, sauf pour Israël. Ni développement, ni croissance, ni dignité récupérée, mais au contraire, répression, pauvreté et dépendance accrues. Il fallait trouver, pour la population et les nouveaux arrivants, un ennemi extérieur de taille, capable de rassembler l’énergie égyptienne, responsable de tous ses maux, puisque le régime découvre que sa souveraineté a été blessée. Or le régime égyptien a laissé les bombardiers israéliens passer sur son sol, il y a presque un mois, pour aller frapper le Soudan. Là, il n’est pas question de souveraineté !
Or, l’arrestation de Sami Shihab et d’autres Palestiniens et Egyptiens, accusés de servir de cellule du Hizbullah, a eu lieu suite aux informations fournies par les services israéliens, ce qui signifie collaboration entre l’Etat sioniste et le régime égyptien. Là, pas question de souveraineté !
Les services de renseignements sionistes pullulent dans le pays, soit un touriste sur deux, mais là, le régime égyptien ferme les yeux et ne parle pas de souveraineté !
Sans parler du rôle des ambassades étrangères et de leurs accessoires, militaires, culturels, éducatifs, etc.. Dans ce domaine, pas question de souveraineté ! Ce qui menacerait la souveraineté de l’Egypte, c’est Sami Shihab, un résistant du Hizbullah dont le but a été l’acheminement d’armes et de vivres à la résistance palestinienne à Gaza.


4 – L’enlisement égyptien dans un processus où, malgré les accords de Camp David, il n’avait jamais été aussi loin.
Les accords de Camp David, signés il y a trente ans, ont normalisé les relations entre le régime égyptien et l’Etat sioniste, sans que la population le suive, préservant un minimum de positions nationales au pays. Les dernières guerres meurtrières déclenchées par les sionistes contre les résistances au Liban et surtout à Gaza ont écartelé le pays, entre le régime soutenu par une couche pro-américaine haineuse et vengeresse et le reste du pays.
Si certains Etats peuvent encore masquer leur alignement pro-américain, le régime égyptien, à cause de sa géographie et de son histoire, ne le peut plus. Il s’enlise de plus en plus dans le plan américano-sioniste, même si par certaines déclarations de ses dirigeants, il cherche à se convaincre du contraire.
Par exemple, après que la presse sioniste ait dévoilé que les renseignements sur le résistant Sami Shihab ont été fournis par les services israéliens, le ministre égyptien des affaires étrangères déclare refuser de recevoir Lieberman, le colon-ministre sioniste. Même la presse sioniste l’a compris : il s’agit juste d’une manouvre pour se dédouaner publiquement d’une telle alliance contre le Hizbullah.

5 – La popularité croissante du Hizbullah en Egypte : depuis la libération en mai 2000, le peuple égyptien, toutes tendances confondues, affiche sans crainte son admiration et enthousiasme pour une résistance arabe dont le but dépasse la manouvre politique pour aller au fond : contre l’occupation, seule la résistance paie.
La guerre meutrière sioniste en juillet-août 2006 et la victoire du Hizbullah ont élargi sa popularité, malgré les tentatives du régime et de ses acolytes d’en faire un bras iranien shiite. Les faits ont prouvé qu’il n’en était rien. La guerre meutrière contre Gaza et la victoire de la résistance armée ont confirmé, une nouvelle fois, que rien ne vaut la résistance, seule capable de répondre aux aspirations des masses arabes.
Dans l’affaire du résistant Sami Shihab, le régime égyptien a d’abord essayé de mettre en cause le Hizbullah, sans s’attaquer au Hamas, voulant insister sur le caractère shiite, donc jouer le jeu de la sédition entre musulmans. Mais le soutien affirmé, affiché et proclamé de la résistance palestinienne, toutes tendances confondues, et même des Brigades des martyrs d’al-Aqsa (Fateh) au Hizbullah et à son rôle dans le soutien à la résistance, a excédé le régime égyptien.
Lui qui pensait diviser entre musulmans, entre nationalistes, son scénario diabolique s’est avéré impuissant. Ne le soutiennent, comme l’a affirmé un journaliste égyptien, que ceux qui le soutiennent depuis longtemps. Sa campagne a échoué.

6 – Affaiblir le Hizbullah au Liban : en lançant son attaque déloyale contre le Hizbullah, le régime égyptien cherche à intervenir dans les élections législatives libanaises, espérant séparer une partie de l’électorat de l’opposition, du parti et de ses amis. En montrant que le parti du Hizbullah est un parti qui cherche à déstabiliser un Etat « puissant » comme l’Egypte, qu’il joue le rôle du bras iranien dans la région, l’Egypte espérait séparer le général Aoun et d’autres partenaires, du Hizbullah.
Mais il semble bien que cette tentative a échoué. En réalité, le régime égyptien intervient dans ces élections, comme d’autres puissances, les Etats-Unis par exemple, pour faire pencher la balance du côté du pouvoir actuel. Il y a de fortes chances que l’opposition emporte les élections, malgré toute la corruption financière mise en place depuis des mois.

De plus, la découverte récente d’un réseau de traîtres travaillant au service d’Israël, découverte due aux renseignements fournis par le Hizbullah aux forces de la sécurité intérieure libanaise, a de nouveau rappelé aux Libanais la réalité de leur pays : les sionistes agissent toujours pour détruire l’équilibre du pays, leurs visées n’ont pas cessé et la résistance est toujours menacée. Cette nouvelle affaire de traîtres balaie, dans une grande mesure, toute la tentative égyptienne et consolide le camp de la résistance, au Liban.

La guerre médiatique et politique menée par le régime égyptien, suivi par le régime jordanien, contre la résistance, là le Hizbullah, là-bas le Hamas, risque de se poursuivre, le temps nécessaire pour faire plier ou se faire plier, le bras.

La dernière guerre meurtrière israélienne se poursuit : ce que les sionistes n’ont pu obtenir par leurs destructions sauvages et leurs massacres épouvantables, les régimes arabes, égyptien et jordanien, en tête, essaient de l’obtenir par d’autres moyens : arrestations de résistants, campagnes de dénigrement, blocus renforcé et pressions.

Mais la résistance, au Liban et en Palestine, du moins, se renforce : elle acquiert des armes, elle forme les combattants, elle a défini sa stratégie, la libération de la Palestine. En face, l’Etat sioniste ne survit que par les massacres qu’il commet, les cris de guerre qu’il pousse, le soutien épuisant qu’il réclame de « la communauté internationale » mais surtout le rôle de gendarme que jouent pour lui les régimes arabes, et aussi l’Autorité palestinienne.
Jusqu’à quand ???

Cirepal (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine)

SOURCE : International Solidarity Movement

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