Hier avait lieu un rassemblement devant le Commisariat d’Evry en soutien à Barakacity et son président Idriss Sihamedi, mis en garde à vue et perquisitionné violemment pour avoir démasqué les impostures de figures médiatiques de l’islamophobie. Il est poursuivi pour « harcèlement moral » et « vol de documents ». Sa garde à vue a été depuis prolongée de 24 heures. Le rassemblement avait été appelé dans la journée devant le commissariat où Idriss Sihamedi était retenu depuis le matin. En dépit de la précipitation de l’appel, près de deux cent personnes étaient présentes hier soir.
En attendant de recueillir des témoignages dans les jours qui suivent, nous tenions à faire un compte-rendu du rassemblement à partir des deux lives réalisés, l’un au nom de Barakacity, l’autre de Decolonial News. Les manifestants, dont certains sont des personnalités musulmanes reconnues, y ont développé des analyses sur trois niveaux :
1/ La situation faite à la personne même d’Idriss Sihamedi
– Les méthodes policières choisies se révèlent totalement disproportionnées à double titre : non seulement au regard de la personnalité de cet homme, père de famille et dirigeant d’une ONG, mais aussi de ce qui lui est reproché, à savoir du harcèlement moral sur un réseau social. Le recours à une Brigade de recherche et d’intervention réservée à des situations impliquant des forcenés armés, des terroristes ou des prises d’otages, implique nécessairement l’usage de la violence physique et morale, ici contre une famille. Le domicile a été perquisitionné, c’est à dire dévasté. Alors que la plainte vise la personne d’Idriss Sihamedi, les locaux de l’ONG qu’il dirige ont aussitôt fait l’objet d’une perquisition. Ici aussi comprendre dévastation et destructions.
– Les manifestants ont questionné les motivations d’une telle agression policière, relevant d’un véritable terrorisme d’État. Beaucoup y voient une campagne d’intimidation violente décidée au plus haut après des révélations sur le mode de vie de Zineb El Rhazoui et l’annonce de la part du ministre de l’Intérieur de saisir la justice pour « dénonciation calomnieuse ». Idriss Sihamedi, loin de reculer, avait manifesté sa combativité.
2/ La dimension symbolique et politique de ce traitement policier
– Idriss Sihamedi est un musulman déclaré et fier de l’être, et ose s’opposer en égal aux mercenaires médiatiques et politiques de l’islamophobie d’État, voire à un de ses représentants, le ministre de l’Intérieur.
– Lui et Barakacity sont déjà la cible d’attaques politiques et judiciaires depuis des années. Il est le dirigeant d’une ONG musulmane qui a gagné une envergure mondiale et qui témoigne, de manière insolente aux yeux de l’État, d’une forme d’autonomie musulmane disposant d’une force d’action et d’une respectabilité auprès des musulmans de France.
Les participants au rassemblement ont vu dans le traitement qui lui est fait celui qui sera réservé à tous les leaders et personnalités de la communauté musulmane qui chercheraient à suivre une telle voie.
3/ La séquence ouverte par l’annonce du projet de loi contre le «séparatisme».
– Son arrestation doublée de perquisitions intervient à la suite de perquisitions de lieux musulmans comme des écoles coraniques et des agences de pompes funèbres, auxquelles Idriss Sihamedi et Barakacity se sont justement opposés publiquement.
– Par ailleurs, en organisant une première réunion rassemblant des personnalités diverses de la communauté musulmane, il participait activement à l’élaboration d’une contre-offensive musulmane à l’État. C’est à ce titre qu’il a été qualifié de « prisonnier politique » par le fondateur d’Islam&Info Elias d’Imzalène. Son arrestation si violente est interprétée comme une mise à l’épreuve de la réaction des musulmans de France et de leurs soutiens.
Le rassemblement, qui s’est passé de manière pacifique, a été marqué d’une grande émotion doublée d’une aussi grande détermination : cette arrestation injuste vise en fait toute la communauté musulmane. Une insistance sur l’unité s’est faite entendre, pour défendre les musulmans, leur droits, et la possibilité même de l’existence d’un mode de vie musulman en France.
Rédaction