Résistance

Rassemblement à Saint-Priest après l’incendie de la mosquée

SAINT-PRIEST, Rhône – Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche en signe de solidarité avec la communauté musulmane de Saint-Priest, au lendemain d’un petit incendie criminel ayant visé la mosquée.

La manifestation pacifiste et oecuménique a rassemblé 3.000 personnes selon les organisateurs, 600 selon la police devant l’édifice, en banlieue lyonnaise.

« Cette mobilisation montre la volonté de la communauté musulmane de ne plus accepter d’être traitée de la sorte et de répliquer à chaque fois », a lancé le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane.

Il s’exprimait devant la porte incendiée de la mosquée recouverte d’une planche de contreplaqué pendant qu’un fidèle brandissait les restes d’un livre religieux détruit par les flammes.

« Cette situation est le fait de ceux qui ont banalisé l’islam comme une religion de guerre », a-t-il accusé.

Azzedine Gacci, président du Conseil régional du culte musulman, s’est dit « satisfait » de l’ampleur du rassemblement. « Il faut être ensemble dans les moments difficiles », a-t-il souligné.

Il a réclamé au gouvernement la mise en place d’une « cellule » recensant les actes islamophobes et de caméras de vidéo-surveillance dans les grandes mosquées comme celle de Saint-Priest, et lancé l’idée d’une « grande manifestation de toutes les religions au niveau national ».

« Nous avons recensé une dizaine d’actes islamophobes en deux ans. L’islamophobie doit être considéré au même titre que l’antisémitisme et le racisme », a-t-il fait valoir.

L’enquête menée par les polices judiciaire et scientifique de Lyon n’a pour l’instant pas permis d’identifier les auteurs de l’incendie qualifié de criminel par la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

« PLUS JAMAIS ÇA »

« Les forces de police sont totalement mobilisées pour retrouver les auteurs de ce crime », a assuré sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

Interrogée lors de l’émission « Dimanche Soir Politique » sur France Inter, Fadela Amara s’est déclarée « extrêmement révoltée ». « La République n’a pas besoin de ça », a déclaré la secrétaire d’Etat chargée de la Ville qui a appelé à la vigilance.

« On a l’habitude, en cas de crise économique, de chercher de boucs émissaires. Moi, je compte beaucoup sur la solidarité nationale pour faire face à la crise économique et pour chasser ces actes infâmes », a-t-elle ajouté.

Sur place, le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, a dénoncé un « acte odieux », rappelant les incendies précédents dans une synagogue et une église proches. « Plus jamais ça », a lancé le député UMP Philippe Cochet.

Des représentants du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), de l’évêché et de l’Eglise réformée sont montés sur la tribune de fortune pour exprimer leur solidarité.

Dans la foule se trouvaient de nombreux anonymes, habitants de la commune, comme Roumaïssa venue avec ses parents et ses jeunes soeurs. « Nous sommes venus pour manifester notre indignation face à cet acte ignoble », explique la jeune fille voilée de 18 ans.

Mounir, 40 ans, et Abdelhamid, 42 ans, habitants du centre-ville de Lyon, sont en colère. « Ce genre de passage à l’acte nous inquiète », dit le premier. « On voudrait que les réactions soient les mêmes pour les musulmans que pour les juifs », souligne le second.

« Il faudra quand même que le président de la République marque le coup », ajoute Abdelhamid.

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