Repères

Qui est Benyamin Netanyahou ?

Benyamin Netanyahou, surnommé « Bibi » en Israël, naît le 21 octobre 1949 à Tel Aviv (Israël) dans une famille de militants sionistes d’origine lituanienne. Petit fils de rabbin, il est le second des trois enfants de Tsila et Ben Zion Netanyahu, un professeur d’histoire juive co-rédacteur de l’Encyclopédie hébraïque et longtemps secrétaire de Zeev Vladimir Jabotinsky (fondateur du Mouvement sioniste révisionniste).

Il passe son enfance dans le quartier de Talbyeh à Jérusalem. Membre des scouts, il est imprègné par la ferveur nationaliste, le racisme anti-arabe et le culte du Grand Israël. En 1963, il suit sa famille aux Etats-Unis où son père a obtenu un poste à l’Université de Philadelphie. Il y apprend l’anglais comme un Américain et commence à suivre des cours d’architecture.

En 1967, Benyamin Netanyahou rentre à Jérusalem pour effectuer un service militaire volontaire de cinq années dans une unité d’élite de Tsahal, l’armée israélienne. Il s’y forge une réputation de baroudeur, participant à la Guerre des Six-Jours (juin 1967), obtenant avec mention le grade d’officier et décrochant même une décoration à la suite d’une blessure au combat. De retour aux Etats-Unis en 1972, il change son nom en Binyamin Nitaï. Il reprend des études d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de Sciences politiques à L’université Harvard de Cambridge d’où il sort diplômé en gestion des entreprises, après être retourné en Israël pour participer à la guerre du Kippour d’octobre 1973. Durant ses études, il épouse Myriam Miqi, future mère de sa fille aînée, Noa.
Benyamin Netanyahou travaille quelques années dans un un cabinet de conseil en stratégie économique, le Boston Consulting Group. En 1976 il est profondément affecté par le décès de son frère, Jonathan Netanyahou, unique victime israélienne de l’opération déclenchée pour libérer les 106 otages de l’avion Air France d’Entebbe en Ouganda. Cet évènement sera la point de départ de son engagement politique, presque tout entier basé sur la « Sécurité » d’Israël. Il passe les deux années qui suivent à divers projets de propagande pro-israélienne et se consacre à une croisade contre le terrorisme sous couvert de perpétuer la mémoire de son frère (fondation du « Yonathan Institute for the Study of Terrorism »). Il retourne en Israël en 1978 où il travaille un temps comme responsable marketing chez RIM, une société de meubles. Il divorce de sa première épouse pour épouser Flayer en 1981.

En 1982, Benyamin Netanyahou abandonne définitivement le monde civil pour le combat politique. Un ami de son père, Moshe Arens, alors ambassadeur à Washington, l’appelle à ses côtés comme Premier secrétaire de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis. Piloté par le lobby juif américain dans le contexte de la Guerre du Liban, le jeune diplomate y apprend comment manipuler les médias pour défendre les crimes de guerre de l’Etat hébreu. Deux ans après, il est nommé Ambassadeur d’Israël auprés de l’Organisation des Nations Unies (ONU), fonction qui lui permet de se faire connaître sur la scène internationale.

En 1986, Benyamin Nétanyahou, fervent adepte du néolibéralisme prôné par Milton Friedmann et du néoconservatisme façon Ronald Reagan, retourne à Jérusalem pour rejoindre le Likoud, le parti politique de la droite israélienne sioniste créé en 1973 par Menahem Begin. En 1988, il est élu député à la Knesset (le Parlement israélien) et entre dans le gouvernement d’Yitzhak Shamir comme Secrétaire d’Etat à l’Information puis Ministre adjoint des Affaires étrangères et Ministre délégué au bureau du Premier ministre. Il est également nommé Conseiller spécial lors des négociations relatives à la Conférence de Madrid pour la paix. À la même époque, après divorcé de sa seconde épouse, il rencontre une jeune hôtesse de l’air, Sara Ben Artsi, qu’il épouse en 1991 et dont il aura deux fils (Yaïr et Avner).

En 1993, Benyamin Netanyahou prend la tête d’un Likoud affaibli par la victoire des travaillistes aux élections législatives de 1992. Il devient le fer de lance de l’opposition. Il combat les accords de paix d’Oslo ainsi que le retrait israélien de la Bande de Gaza. Il est également très hostile à la création d’un État palestinien, prône un contrôle israélien de l’ensemble de la Palestine pour parvenir à « la paix par la sécurité » et se prononce pour la construction de nouvelles implantations israéliennes sur une partie de la Cisjordanie. Pour les israéliens, « Bibi » incarne le profil du vrai Juif ashkénaze moderne, c’est-à-dire de culture américaine, néoconservateur et néolibéral (modèle Nicolas Sarkozy, dont il est par ailleurs proche). Ses positions extrêmistes sont sans doute en partie responsables de l’assassinat en novembre 1995 du Premier Ministre Itzhak Rabin, cosignataire israélien des accords d’Oslo. Peu avant, dans un meeting survolté, il n’hésitait pas à déclarer entre autres harangues que « Rabin a humilié la nation israélienne en acceptant le diktat du terroriste Arafat ».

Pour les élections de 1996, Benyamin Netanyahou forme une coalition avec les partis nationalistes et religieux ultra-orthodoxes et bat de justesse le travailliste Shimon Peres auprès d’un électorat obsédé par la sécurité. Il est le plus jeune Premier ministre de l’Etat juif et le premier à être élu au suffrage universel direct. Son mandat de Premier ministre (1996-1999, couplé par intermittence avec celui de Ministre du Logement, de la Justice, des Finances et des Affaires religieuses) est entaché de nombreux scandales politico-affairistes où il est personnellement compromis. Sa politique s’illustre essentiellement sur le plan économique et social par des privatisations d’entreprises publiques, d’importantes coupes budgétaires dans les services publics et les programmes sociaux et un abaissement des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu. Sa politique extérieure est intransigeante et arrogante. Il prend comme directeur de cabinet Avigdor Lieberman, un ultranationaliste ouvertement raciste qui réclame l’expulsion des Palestiniens de Palestine. En septembre 1996 il ordonne l’ouverture du tunnel de la vieille ville de Jérusalem-Est longeant l’esplanade des Mosquées, ce qui déclenche aussitôt les affrontements israélo-palestiniens les plus violents depuis la première Intifada. Il poursuit la colonisation, notamment à Jérusalem (il refuse aux Palestiniens leur droit de faire de Jérusalem la capitale d’un futur Etat), et encourage les implantations sauvages en Cisjordanie. Il tente également, vainement, de faire assassiner à Amman (Jordanie) le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal.

La campagne pour les élections de 1999 voit s’opposer violemment Benyamin Netanyahou et Ehud Barak, candidat d’Israël Uni (nouvelle formation du parti travailliste), qui l’emporte finalement à une large majorité. Dès les résultats connus, Benyamin Netanyahou annonce sa démission de la direction du Likoud et son « retrait définitif » de la vie politique.

En novembre 2002, à la suite du retrait du Parti travailliste de la coalition gouvernementale, Ariel Sharon nomme Benyamin Nétanyahou ministre des Affaires étrangères à la place de Shimon Peres. Au sein du 2e gouvernement d’Ariel Sharon, il prend ensuite le portefeuille du Ministère des Finances jusqu’en août 2005, date à laquelle il démissionne en signe de protestation contre le Plan de désengagement unilatéral de la Bande de Gaza. Contraint par les Etats-Unis, lors de son mandat de Premier Ministre, de signer deux accords avec le chef de l’Autorité nationale palestinienne Yasser Arafat, il réclame à corps et à cris l’expulsion de ce dernier, estimant dès 2002 que « le moment le plus approprié pour l’exiler sera celui du renversement de Saddam Hussein » par son ami George W. Bush. En 2005, il prend la tête de l’aile dure du Likoud dont il devient le candidat officiel contre le Kadima créé par Ariel Sharon, mais le parti de droite perd ces élections anticipées, n’obtenant que 12 sièges à la Knesset lors des élections de 2006. Il est néanmoins réélu en 2007 a la tête du Likoud.

Fin 2008, alors que la campagne électorale bat son plein et que le gouvernement d’Ehud Olmert s’enlise dans les affaires de corruption, Benyamin Netanyahou surfe sur la vague de rejet du Hamas dans l’opinion israélienne et axe sa campagne sur la destruction totale du Mouvement de la Résistance Palestinienne. L’ancien militaire se montre dans l’opération « Plomb durci » — 1.300 morts palestiniens, la plupart civils — comme l’un des faucons les plus agressifs de l’Etat juif. Outre le Hamas, il promet également de détruire le Hezbollah et d’empêcher « l’Iran d’acquérir la bombe ». Concernant le conflit israélo-palestinien, il exclut de discuter du droit au retour des exilés, du statut de Jérusalem et du démantèlement des colonies sauvages sur les territoires occupés. Peu ébranlé par la crise financière et économique mondiale, il continue de prôner une politique économique ultralibérale accompagnée d’une réduction massive des impôts. Stratégie payante auprès des Israéliens puisque il talonne d’un siège le parti de centre-droit Kadima mené par la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni lors des élections législatives de février 2009 (27 élus pour le Likoud contre 28 pour Kadima). Soutenu par Avigdor Lieberman, leader du parti d’extrême-droite Israel Beitenou qui a obtenu 15 députés, ce qui lui donne la majorité au sein de la Knesset, le président Shimon Pérès le charge officiellement de former un nouveau gouvernement. Le chef du Likoud dispose désormais de six semaines pour mettre sur pied une coalition gouvernementale mais un cabinet dominé par la droite dure — Tzipi Livni et les membres de Kadima ont d’ores et déjà exclu d’y participer — risque de lui compliquer la tâche dans la mesure où ses alliés pourraient faire tomber le gouvernement à chaque concession accordée à la paix. Les relations risquent également de devenir difficiles avec l’administration américaine de Barack Obama qui a décidé de rompre avec la politique de soutien indéfectible aux fauteurs de guerre israéliens.

Benyamin Netanyahou est l’auteur de plusieurs livres, la plupart consacrés à sa croisade contre le terrorisme, dont notamment Lettres de Yoni (Correspondance avec son frère, 1978), Le terrorisme: défi et réponse (1980), Paix et sécurité, pour en finir avec le terrorisme (1996) et Combattre le terrorisme (2002).

Vendredi 20 février 2009

Source : http://www.republique-des-lettres.fr/10664-benyamin-netanyahou.php

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