L’administration pénitentiaire multiplie les transferts pour « faire de la place » aux nouveaux arrivants. Un climat néfaste s’installe dans la capitale, fait d’un mélange de délation généralisée, avec la videosurveillance et les médias pour soutien, de chasse à l’homme quotidienne sur fond de « profilage racial », et d’un abbatage judiciaire « en règle » dans des tribunaux débordés.
Le 8 janvier 2014, un jury de dix personnes, saisi à la « Royal Courts of Justice » de Londres pour statuer sur la « légalité » du meutre de Mark Duggan, s’est prononcé après trois mois d’enquête. Pour huit d’entre elles, Mark Duggan a été tué « dans les règles », estimant que les policiers avaient respecté la loi.
La justice britannique demandait à ce jury de répondre à deux questions : « Mark Duggan était-il armé au moment de son interpellation? » et « Le policier qui l’a tué a-t-il agi conformément à la loi ? ». A la première question, le jury s’est accordé sur le fait que Duggan n’était pas armé. L’argument de légitime défense invoqué depuis le début par la police londonienne n’a pas résisté à l’examen des faits. En revanche, à la deuxième question, le jury a répondu positivement. Ce dernier a considéré que la police a bien fait son devoir en abattant un homme désarmé, car l’arme que Duggan aurait eu en sa possession, selon le policier tireur, a été retrouvée à plus de six mètres du véhicule (aucune empreinte, ni trace ADN de Mark Duggan n’ont été retrouvées sur l’arme).
Les réactions de la famille ont été à la hauteur de ce crachat au visage infligé par un jury « populaire ». A la sortie du tribunal, la tante de Mark Duggan, a déclaré : « La majorité des gens de ce pays savent que Mark a été éxécuté. Nous allons lutter jusqu’à notre dernier souffle pour que justice soit rendue, pour Mark, pour ses enfants et pour tous les morts en garde à vue. Pas de justice, pas de paix! ». Devant le tribunal, la sortie des magistrats est accueillie dans la colère aux cris de « meutriers, racistes, menteurs » et de « Qui a tué Mark Duggan ? La police a tué Mark Duggan ». Un des manifestants déclarera : « Comment peuvent-ils l’abattre de sang froid, en plein jour, et persister à dire qu’ils étaient dans leur droit ? »
Le chef de la police londonienne, parlant de la mort de Duggan comme d’une « tragédie » pour la police londonienne, s’est quant à lui réjoui que le jury ait reconnu que « nos officiers ont agi conformément à la loi lorsqu’ils ont été confrontés à un criminel armé qui représentait une menace pour eux et pour la population ». La mort de Mark Duggan vient s’ajouter à la longue liste des crimes policiers, notamment à Londres où le « racisme institutionnel » et la « gâchette facile » de la police viennent endeuiller les communautés à intervalle régulier.
Collectif Angles Morts
anglesmorts@gmail.com
Ping : « Nous voulons qu’ils subissent ce qu’ils nous ont fait subir » | Les Indigènes de la République