1962 - 2012

Marine Le Pen promet aux pieds-noirs de solder l’héritage de la guerre d’Algérie

Marine Le Pen a assuré samedi aux pieds-noirs qu’elle solderait pour eux l’héritage historique de la guerre d’Algérie si elle est élue présidente et honorerait toutes les promesses non tenues par Nicolas Sarkozy et ses prédécesseurs.

La présidente du Front national a passé une grande partie de la journée au Barcarès (Pyrénées-Orientales) au milieu de centaines de rapatriés d’Algérie réunis en forum. Il s’agissait à l’évidence de s’assurer le vote d’un groupe acquis à la droite, et dont M. Sarkozy avait rallié une bonne partie à sa cause en 2007.

Les pieds-noirs pensent avoir été « baladés », a dit Mme Le Pen, candidate à la présidentielle de 2012, année qui verra aussi le cinquantième anniversaire de l’indépendance algérienne et de l’exode des Français.

« Si je suis élue présidente de la République, il est bien entendu que je réglerai d’une manière définitive tous les problèmes liés à votre exode forcé, tant d’un point de vue juridique que pécuniaire ou moral », a-t-elle promis à un auditoire pour une très grande part favorable.

Mme Le Pen a joué sur toutes les cordes sensibles des rapatriés. Elle a déposé une gerbe devant une stèle à la mémoire de leurs morts. Elle a entonné avec eux le Chant des Africains. Avec son compagnon Louis Aliot, fils de rapatriée, elle a exalté le souvenir de l’Algérie française. Avec lui, elle a dénoncé les « manipulateurs de l’Histoire ». Elle a évoqué les massacres de pieds-noirs et de harkis, la « tragédie » que demeure la guerre d’Algérie, « l’erreur tragique » que fut le départ de centaines de milliers de Français, les douleurs de l’exode.

Elle a invoqué la figure de son père, l’un des quelques députés à avoir démissionné pour aller combattre en Algérie.

« Mes amis rapatriés et harkis, mon père a toujours été à vos côtés hier, soyez assurés de mon entier soutien aujourd’hui et de ma détermination à vous rendre enfin justice », a-t-elle dit.

Elle a fait plusieurs promesses. Si elle est élue, l’Etat français reconnaîtra ses responsabilités vis-à-vis des rapatriés. Les questions en suspens comme celle des indemnisations seront résolues par une loi-cadre. Elle a réclamé le rétablissement de l’alinéa controversé de la loi 23 février 2005 qui disait les mérites de la colonisation et qui a été « piteusement et servilement retiré en 2006 sous la pression de quelques bobos ».

Mme Le Pen savait accéder là à certaines des exigences primordiales de l’Usdifra, son hôte et l’une des innombrables organisations de pieds-noirs.

Elle a suscité une ovation debout quand elle a plaidé l’abrogation de la double nationalité et surtout quand elle a touché directement au coeur: « J’exigerai en tout premier lieu le respect de vos morts et des cimetières que vous avez laissés là-bas. Je bannirai la date du 19 mars 1962 de l’histoire de France ». Cette date est celle du cessez-le-feu, récusée par les pieds-noirs.

Les pieds-noirs font partie des groupes dont la droite et l’extrême droite vont se disputer les faveurs. Un électeur pied-noir sur trois aurait déjà voté au moins une fois pour le Front, dit Eric Savarese, professeur en sciences politiques.

Le forum du Barcarès verra donc passer d’ici à dimanche les émissaires ou les messages des différentes composantes de la droite, y compris l’UMP.

Cependant s’assurer le vote des pieds-noirs n’est pas chose aisée. La représentation est éclatée. « Les pieds-noirs sont des Français comme les autres », a dit Mme Le Pen elle-même pour signifier qu’ils ne se détermineraient pas seulement en fonction de leur identité.

Ainsi le compagnon de Mme Le Pen a eu plus de succès quand il a critiqué le film Indigènes et Jamel Debbouze que quand il a fait le lien entre une décolonisation mal menée et les questions actuelles de l’immigration.

AFP

Source : 20 minutes

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