Assimilation

L’identité nationale selon Besson via Henry Ford

Éric Besson, dit le Marocain, nous a fait ce soir, chez Taddéï la démonstration la plus probante de son hypocrisie et de son impéritie. Oui, oui, je parle d’un ministre, celui qui fait des doigts d’honneur. Celui qui croit que perché sur son fauteuil rue de Grenelle, il peut voir toute la France. Mauvaise nouvelle pour Éric, il en est trop loin pour la saisir dans toute sa richesse et sa diversité : comme le lui disait justement Houria Bouteldja « Une identité nationale ça ne se décrète pas, ça se constate ». Et pas que sur la peau de sa Yasmina. Pas que dans les diners mondains. Pas que dans l’entre-soi.

Entre les tergiversations, de savoir qui est qui ou qui est quoi est apparue la phrase d’Éric que j’attendais tant, sur le modèle assimilationniste français : il le juge bon et à améliorer… Le pompon. Force est de lui reconnaître qu’au milieu de sa logorrhée a point cet accès de franchise. Assimilation. Quel culot! Mais après tout, quelle différence y a-t-il avec les propos de Brice l’Auvergnat au sujet du prototype Amine Benalia-Brouch? Cherchez un peu, il n’y en a aucune.

Il n’a pas eu le temps de tout vous dire. Voici la suite.
Le débat sur l’identité nationale va aboutir sur un concept subjectif d’identité, un mix bessono-hortefeulien qui deviendra objectif dans les textes. Ces messieurs sont les mieux placés pour savoir ce que c’est qu’est être un bon français : être athéo-judéo-chrétien, ne pas être trop foncé, avoir le cheveu lisse, l’oeil docile, boire de l’alcool, manger du porc, et si possible, être aussi arrogant que Éric. Voilà sur quel cahier des charges et quel prototype l’identité nationale devra produire en version standardisée des citoyens. Après la Ford T du siècle dernier, le Français T de ce siècle. On nage en plein délire pétainiste.

Ce débat identitaire n’a pas lieu d’être. Laissons chacun libre de vivre sa nationalité comme il le sent! Aujourd’hui, ce débat s’enfonce dans les marécages nauséabonds du (néo)colonialisme, de la xénophobie. Besson et sa smala vous donnent la marche à suivre pour vous sentir français, vraiment hein, parce que vous qui me lisez en ce moment oui, vous, je vous soupçonne de ne pas vraiment vivre cet état de plénitude.

A l’heure où la grippe A sévit timidement et que les masques verts se font rares, Besson double Bachelot et nous propose SON masque : un masque blanc sur votre peau noire ou bronzée, sur votre liberté d’être qui vous êtes, comme vous êtes. Pour avoir si longtemps douté de ma « francité », j’ai vu ce qu’elle était lorsque j’ai vécu à l’étranger. Me demander d’où je suis : de France. Et mon interlocuteur de partir sur les clichés, sans prêter attention à mon hâle, sans me demander si j’égorge un mouton dans ma baignoire. Et c’est à ce moment là qu’on se sent le plus français : quand individuellement on témoigne de sa nationalité, de son vécu, de la réalité de la France, la nôtre. « Je t’aime de loin », dis-je à la France, elle m’a répondu « Moi non plus. »

Pour finir, cette proposition consultative absurde sur l’identité nationale est ainsi une colonisation d’un autre âge. Éric pense que les valeurs de la France sont antinomiques avec celles de nos origines variées, pourtant elles sont présentées comme étant universelles. Allez comprendre. Assimilation, intégration… L’ethnocentrisme, le paternalisme empêchent Éric and co de regarder ces termes sous un autre angle. Ce n’est pas aux français d’origine étrangère de s’assimiler, c’est aux dirigeants de les intégrer comme étant français à 100%.

Soumaya D.

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