Pétition

Lettre ouverte au président français Nicolas Sarkozy pour la restitution des 90 millions de francs or extorqués par la France à Haitï à la suite de son indépendance.

Dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui dans le quotidien français Libération, plus de 90 écrivains, universitaires de renom et autres personnalités mondialement connues demandent publiquement au gouvernement français de restituer les 90 millions de francs or extorqués par la France à Haitï à la suite de son indépendance.

Parmi les signataires, on retrouve le linguiste du MIT Noam Chomsky, la journaliste Naomi Klein, les écrivains Eduardo Galeano et Ariel Dorfman, le professeur de l’Université de Princeton Cornel West, les philosophes français Alain Badiou, Étienne Balibar et Jacques Rancière, ainsi que plusieurs membres du Parlement européen, incluant le militant altermondialiste José Bové. Des membres de l’Assemblée nationale de France et du Québec, de même que Walden Bello, écrivain et membre élu de la Chambre des représentants des Philippines, ont également signé la lettre. (Parmi les signataires figurent deux membres du PIR, notre porte-parole Houria Bouteldja ainsi que Sadri Khiari).

Le gouvernement français a indiqué qu’il envisageait de poursuivre en justice le Comité pour le Remboursement Immédiat des Milliards Envolés d’Haïti (CRIME) pour le canular inspiré des Yes Men dans lequel la France promettait, le 14 juillet dernier, la restitution de la dette historique d’Haïti.

Nous croyons que l’idéal d’égalité, de fraternité et de liberté cher à la France serait beaucoup mieux servi si, au lieu de dilapider les fonds publics dans des poursuites contre les auteurs du canular, le gouvernement français commençait à rembourser à Haïti les 90 millions de francs or qui lui furent extorqués suite à son indépendance.

Cette “dette de l’indépendance”, aujourd’hui évaluée à bien plus que les 17 milliards d’euros promis dans la fausse annonce du 14 juillet dernier, a forcé de manière illégitime un peuple s’étant libéré de l’esclavage par son indépendance à payer doublement pour sa liberté. Imposée sous menace d’invasion militaire et de la restauration de l’esclavage par le roi français Charles X afin de dédommager les anciens colons propriétaires d’esclaves pour perte “de propriété”, cette indemnité a fait ployer des générations d’Haïtiens sous le poids d’une dette illégitime, dette que la nation haïtienne n’a fini de payer qu’en 1947.

La France n’est pas le seul pays qui a une dette envers Haïti. Après 1947, Haïti a contracté des dettes auprès des banques commerciales et des institutions financières internationales sous la dictature de Duvalier, lequel a ainsi puisé des milliards dans les fonds publics. Les besoins vitaux et les aspirations au développement de générations entières d’Haïtiens ont par le fait même été sacrifiés pour rembourser ces dettes. Inclure Haïti dans les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et annuler une partie de sa dette actuelle ne réparent pas les dommages financiers encourus par ses dettes récentes.

De plus, en 2000, des prêts de la Banque interaméricaine de développement (BID) s’élevant à 150 millions de dollars et devant servir à payer des infrastructures de base ont été bloqués illégalement par le gouvernement américain en guise de pression politique. Cela aussi fit des dommages économiques et humains considérables. Voilà pourquoi ces institutions et gouvernements devraient être tenus responsables pour les méfaits commis envers l’économie et la société haïtienne.

En 2003, quand le gouvernement haïtien demanda le remboursement de l’argent extorqué à Haïti, le gouvernement français a participé a son renversement. Aujourd’hui, le gouvernement français répond à la même demande du CRIME en le menaçant de poursuites judiciaires. Il s’agit à n’en pas douter de réponses inadéquates à une demande qui est moralement, économiquement, et légalement inattaquable. Considérant les besoins financiers criants de ce pays dévasté par le terrible séisme du 12 janvier dernier, nous vous pressons donc, monsieur le Président, de restituer à Haïti, la première république noire de l’histoire, la dette historique de son indépendance.

Listes des signataires :

Tariq Ali, écrivain

Gilbert Achcar, écrivain

Michael Albert, Z Communications

Pierre Alferi, écrivain

Jean-Claude Amara, porte parole de Droits devant !!

Kevin B Anderson, University of California at Santa Barbara

Roger Annis, Haiti Solidarity BC

Anthony Arnove, écrivain et rédacteur, Haymarket Books

Alain Badiou, European Graduate School

Rosalyn Baxandall, State University of New York Old Westbury

Étienne Balibar, Professeur émérite de Philosophie, Paris-Nanterre

Nnimmo Bassey, Environmental Rights Action/Ami(e) de la terre–Nigeria

Pierre Beaudet, Alternatives internationales

Dan Beeton, Center for Economic and Policy Research

Walden Bello, Membre du Parlement aux Philippines

Medea Benjamin, Code Pink

Andy Bichlbaum & Mike Bonnano, les “Yes Men”

Serge Bouchereau, Résistance Haïtienne au Québec

Myriam Bourgy, CADTM International (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde)

Houria Bouteldja, Parti des Indigènes de la République

Jose Bové, député européen Europe Ecologie

Ellen Cantarow, journaliste

Leslie Cagan, co-fondateur, United for Peace and Justice

Aldrin Calixte, Haiti Survie/ Ami(e) de la terre–Haïti

Camille Chalmers, Université d’Etat d’Haïti & Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif
Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale

Noam Chomsky, Massachussets Institute of Technology

Jeff Cohen, écrivain & critique des médias

Jim Cohen, Science Politique, Paris VIII

Daniel Cohn-Bendit, député européen Europe Ecologie, co-président du groupe Verts-Alliance libre européenne

Brian Concannon, Institute for Justice & Democracy In Haiti

Raphaël Confiant, écrivain

Mike Davis, University of California Riverside

Warren Davis, Philadelphia Jobs with Justice

Nick Dearden, Jubilee Debt Campaign UK

Rokhaya Diallo, Les indivisibles

Christine Delphy, professeur de Sociologie

Rea Dol, directrice de l’école SOPUDEP à Port-au-Prince

Ariel Dorfman, Duke University

Berthony Dupont, Haïti Liberté

Stephen Duncombe, New York University

Ben Ehrenreich, écrivain

Joe Emersberger, MediaLens

Yves Engler écrivain

Eric Fassin, sociologue, Ecole Normale Supérieure

Dianne Feeley, rédacteuse, Against the Current

John Feffer, co-directeur, Foreign Policy In Focus

Anthony Fenton, journaliste & chercheur

Bill Fletcher, Jr., BlackCommentator.com

Eduardo Galeano, écrivain

Grazia Ietto-Gillies, UNCTAD & London South Bank University

Greg Grandin, New York University

Arun Gupta, rédacteur en chef, The Indypendent

Peter Hallward, professeur de philosophie, Kingston University

Hamé, rappeur, La Rumeur

Stuart Hammond, Canada Haiti Action Network

Thomas Harrison, co-directeur, Campaign for Peace and Democracy

Helene Hazera, producteur, radio France Culture

John Hilary, Directeur exécutif, War on Want
HK, musicien, Hk & les saltimbanks

Doug Ireland, Bakchich l’hebdo

Kim Ives, Haïti Liberté

Olatunde Johnson, directeur, Ami(e) de la terre–Sierra Leone

Eva Joly, députée européenne Europe Ecologie, présidente de la Commission Développement au Parlement européen
Mario Joseph, Bureau des Avocats Internationaux (Port-au-Prince)

Mathieu Kassovitz, réalisateur

Robin D. G. Kelley, écrivain et universitaire,
University of Southern California

Amir Khadir, Québec Solidaire, député à l’Assemblée Nationale du Québec

Richard Kim, The Nation

Sadri Khiari, Parti des Indigènes de la République

Naomi Klein, écrivain

Pierre Labossiere, Haiti Action

Joanne Landy, Campaign for Peace and Democracy

Fanfan Latour, Haiti Liberté

Charles Laurence, journalist and author

Jesse Lemisch, John Jay College of Criminal Justice, City University of NY

Reed Lindsay, journaliste

Pauline Londeix, ACT UP-Paris

Isabel Macdonald, journaliste

Christian Mahieux, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires (France)

Henri Maler, universitaire

Noël Mamère, membre de l’Assemblée nationale (France)

Betty Reid Mandell, New Politics

Marvin Mandell, New Politics

Jerome Martin, ACT-UP Paris

John G. Mason, William Paterson University of NJ

Gustave Massiah, membre fondateur de l’Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs– Initiatives Pour un Autre Monde

Georgina Murray, professeur, Griffith University

Cyril Mychalejko, Upside Down World

Robert Naiman, Just Foreign Policy

Jan Nederveen Pieterse, University of California at Santa Barbara

Bernard Noël, poète

Derrick O’Keefe, Alliance canadienne pour la paix

Karen Orenstein, Amis de la terre-Etats-Unis

Rosalind Petchesky, Science Politique, City University of New York

Wadner Pierre, Inter Press Service

Kevin Pina, Haiti Information Project

Justin Podur, York University

Serge Quadruppani, écrivain

Adam Ramsay, No Shock Doctrine for Haiti

Jacques Rancière, professeur de philosophie, Paris VIII

Judy Rebick, écrivain, fondatrice du site web Rabble.ca
William I. Robinson, University of California Santa Barbara

Pierre Rousset, Europe Solidaire Sans Frontières (ESSF)

Stephen R. Shalom, William Paterson University

Bobbi Siegelbaum, Educateur en santé

Steve Siegelbaum, fondateur, The Computer School, NYC

Fanny Simon, Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs– Initiatives Pour un Autre Monde

Eyal Sivan, réalisateur

Jeb Sprague, University of California Santa Barbara

Jerome Thorel, Big Brother Awards France

Louis-Georges Tin, Conseil Representatif des Associations Noirs

Steve Weissman, journaliste

Cornel West, Princeton University

Howard Winant, University of California Santa Barbara

Cécile Winter, medecin, Collectif Politique Sida en Afrique

Lawrence Wittner, State University of New York Albany

Marie Yared, Responsable du Plaidoyer, Vision du Monde France

Version anglaise : ICI

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