On nous aime pas (et c'est tant mieux)

Les Indigènes de la République inquiètent la police

Symbole d’une dérive identitaire, le Mouvement des indigènes de la République est désormais sous haute surveillance. Depuis peu, les services de renseignements ont accentué leur attention sur l’idéologie sulfureuse de cette association.

Se présentant à l’origine en 2005 comme des «descendants d’esclaves et de déportés africains, filles et fils de colonisés» par la France, les Indigènes, gravitant dans la nébuleuse de l’extrême gauche, avaient recruté parmi ceux ayant combattu la loi interdisant le voile à l’école. Des fidèles du prêcheur musulman Tariq Ramadan, des altermondialistes ou encore des trotskistes sont ensuite venus gonfler les rangs des militants. Arc-bouté sur un virulent repli communautariste, le MIR a depuis lors versé dans l’outrance. Ainsi, le 8 mai dernier, jour anniversaire de la répression des émeutes musulmanes de Sétif en 1945, les Indigènes ont animé dans Paris une «marche décoloniale» conviant les «immigrés, noirs, arabes» à pourfendre «la République raciste et coloniale». Avec une bonne dizaine d’associations disant vouloir lutter contre les discriminations, le Mouvement des indigènes a drainé quelque 800 personnes, selon une estimation des renseignements généraux. Les Indigènes font aujourd’hui l’objet d’une note confidentielle de plusieurs pages. Derrière la banderole de tête, des manifestants brandissaient des slogans scandant «Non à l’intégration par le jambon» ou encore dénonçant la politique occidentale de la domination de la France».

Mais ce sont les déclarations d’Houria Bouteldja, porte-parole du mouvement, qui alimentent à nouveau aujourd’hui la polémique. À l’occasion d’une émission télévisée, cette femme membre du collectif féministe les Blédardes en réaction au collectif Ni putes ni soumises avait déclaré : «C’est le reste de la société qu’il faut éduquer, (…) c’est le reste de la société occidentale… Enfin de ce qu’on appelle, nous, les “souchiens”, parce qu’il faut bien leur donner un nom, les “blancs”.» Le néologisme de « souchiens » a provoqué l’ire au sein du gouvernement.

«Accusations mensongères»

Qualifiant ces propos d’«inacceptables», Brice Hortefeux s’est le premier déclaré «très choqué, très heurté». Après s’être félicité que les actes de racisme soient passés de 169 à 71 entre 2004 et 2007, le ministre de l’Immigration a déploré que le «risque existe aussi à l’égard de la communauté nationale». Sans attendre, il a attiré la vigilance de la garde des Sceaux, Rachida Dati.«L’association doit savoir qu’elle ne doit plus franchir les bornes», prévient-on hier dans l’entourage du ministre. Sur Internet, les Indigènes, évoquant des «accusations mensongères» et sentant peut-être le vent du boulet, assimilent maintenant le vocable de «souchiens» à une «formule de dérision». Cela ne les empêche pas de dénoncer «le président de la République, élu pour casser la résistance indigène». Nouveau dérapage ? «En dépit de certaines similitudes, le MIR diffère de la Tribu Ka, en cela qu’ils ne commettent pas d’action violente », note un spécialiste. Groupuscule prônant la suprématie de la race noire, Tribu Ka avait été dissous par décret en juillet 2006 pour ses menées racistes et antisémites.

Christophe Cornevin

Source : Le Figaro

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