C’est suite à une manifestation le 8 mars 2005 où le cortège des lycéens s’est vu attaquer par des bandes, sous le regard passif des forces de l’ordre, qu’Alain Finkielkraut lance son appel dans le journal Le Monde intitulé contre le « racisme anti blanc ».
L’enjeu est tout autre en réalité, c’est l’apparition de jeunes non organisés dans les syndicats classiques, mais issus des quartiers qui entrent dans la contestation sociale. Ce phénomène amplifié durant le mouvement du CPE, voit les partis et les syndicats dépassés et dans l’incapacité de se faire comprendre et de comprendre ces jeunes.
Dans les cortèges on voit une jeunesse bronzée, avec des références différentes, des slogans et des chants différents. Aux traditionnelles banderoles et aux pancartes, font place des drapeaux algériens, maliens, sénégalais, tunisiens ou encore comoriens. Le tout au rythme des derboukas avec des cercles improvisés au milieu du cortège, devant les passants médusés.
Alors bien sûre il a y aussi ces bandes, certes violentes notamment contre les forces de l’ordre. Mais est ce un phénomène nouveau ? Les images de voitures renversées, parfois incendiées, de magasins détruits ou bien de jets de projectiles contre la police. Toutes ces images n’ont-elles pas marqué l’Histoire de la contestation sociale en France ?
Ce qui est différent cette fois-ci, c’est la couleur des protagonistes. Ils ne sont pas blancs, ils n’appartiennent à aucun groupe idéologique. On ne peut pas les classer dans les traditionnels anarchistes ou trotskistes. Que la droite parle de « casseurs » ou de « voyous » c’est presque normal, mais on voit maintenant les syndicats et les partis de gauches reprendre ces terminologies à leur compte. C’est comme cela que l’on assiste à une coordination entre les services d’ordre d’organisations syndicales et la police pour faire la chasse à ces « intrus » venus des banlieues. On voit parfois ces mêmes services d’ordre charger ces jeunes à la place de la police, et parfois même les livrer.
Où est passée la traditionnelle explication sur le malaise sociale des révoltés dans l’histoire des luttes sociales de ce pays ? Où est la traditionnelle solidarité avec les inculpés et les « libérez nos camarades » ? Et la lutte des classes ?
Ce pays perd la mémoire quand il s’agit de Noirs et d’Arabes, il perd ses références, ses valeurs qui en réalité sont l’exclusivité du reste de la société, car tout cela n’a pas disparu. C’est toujours là, pour les dockers, les agents des raffineries, les métallurgistes, les agriculteurs ou encore les routiers.
Pour les habitants des quartiers populaires, on le voit aujourd’hui avec le mouvement des retraites, ça sera des comparutions immédiates, de lourdes peines avec de la prison ferme, mais c’est aussi se faire tirer dessus au flash Ball devant son lycée. Au mieux se faire charger par un service d’ordre syndical suivi d’un matraquage de CRS.
Personne n’a prévu et ne veut de leur présence, ils se sont imposés, ils disent qu’ils existent ! Il faut s’habituer à cet état de fait, car ce n’est que le début à 5 ans des révoltes des quartiers populaires.
Al Qamar Numide, PIR