Une commission d’enquête ou une bouffonnerie ?
L’assassinat de Hariri et de 21 personnes de sa suite en février 2005, a secoué le Liban et toute la région non seulement en raison de la brutalité extrême de l’acte mais aussi pour les implications politiques considérables qu’il a entraînées. Rappelons que ce crime initia une période de blocage gouvernemental et de tensions extrêmes pendant près de 5 ans, entre deux coalitions pro ou anti occidentale, respectivement du 14 mars et du 8 mars. Celui ci porta même le pays au bord d’une nouvelle guerre civile. Il apparaît clairement que la réaction des pays occidentaux face à cet attentat est dans la droite ligne des précédents coloniaux dans la région . Une politique qui peut se résumer par la stratégie désormais classique : instrumentalisation politique des tensions internes, intervention militaires, mise en place de gouvernements vassalisés. La commission d’enquête internationale puis le TSL, pilotés depuis Washington mais activement soutenu par Londres, Paris et Berlin s’apparentent à un véritable drone politique planant sur le Liban. Comme d’autres drones, mécaniques ceux là, pilotés depuis Tel-Aviv, ils ont tous le même objectif : susciter, exacerber et exploiter toutes les failles de la vie politique libanaise. Observons les différents actes de cette mauvais pièce.
L’acte 1 s’est joué en 2005, quelques mois après l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri et l’engagement personnel de J. Chirac à trouver les coupables du meurtre de son ami. Une commission d’enquête internationale indépendante est constituée sur décision du Conseil de Sécurité de l’ONU . La résolution 1595 (7 avril 2005) adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, appelle à faire toute la lumière sur cette sombre affaire. Elle prévoit la formation d’un Tribunal spécial pour le Liban ( TSL) qui sera créé en 2007 et qui a inauguré ses locaux en mars 2009 à La Haye.
Mais suffit il qu’une commission d’enquête internationale se proclame indépendante pour qu’elle le soit réellement ? L’Histoire prouve que c’est précisément cette insistance à se proclamer indépendant qui doit être regardée comme suspecte. Surtout quand ladite commission est sponsorisée par des Etats occidentaux dont le caractère prédateur n’est plus à démontrer et qu’elle a comme chef Detlev Mehlis, un procureur mis en place par Washington. Celui ci considéré par Kofi Annan comme un procureur très intègre est juste connu pour sa grande proximité avec certains services du renseignement comme la CIA, le BKA allemand et le Mossad israélien avec qui il a instruit à charge contre la Syrie et la Libye, dans les années 80, dans plusieurs coups fourrés montés de toute évidence par les services occidentaux. Il est aussi connu pour ses liens ténus avec de nombreux instituts liés aux gouvernement des Etats-Unis. Preuve de son indépendance : très rapidement et sans aucun suspense, à l’unisson de toute la presse occidentale et du mouvement du 14 mars, Mehlis accuse Damas d’être au cœur de ce complot. Celui ci reconnait pourtant n’avoir comme preuves tangibles que les révélations de 4 témoins dont deux présentés comme capitaux accusent directement la Syrie de l’organisation de ce crime.
Le premier est un Syrien, Mohamad Zouheir Siddiq, se présentant comme un ancien colonel des services de renseignements de son pays, ayant dû fuir la région après ses révélations pour trouver refuge en Espagne auprès de Rifaat al Assad, oncle de Bachar, opposant au régime syrien soutenu par les Etats-Unis. Siddiq sera ensuite pris en charge par les services français. Ce témoin parfait assure que le timing de l’attentat a été préparé au Liban par de hauts gradés syriens et libanais. En octobre 2005, l’Etat français se voit obligé d’interpeller Siddiq à la demande du procureur libanais Saïd Mirza pour des affaires d’escroqueries mais aussi lorsqu’il apparaît que ce prétendu colonel de l’armée syrienne est en fait un vrai déserteur mais comme simple chauffeur de général et puis surtout qu’il est un parfait affabulateur. Paris, curieusement refuse pourtant de l’extrader. Relâché en 2006 il est placé « sous protection policière » dans une confortable villa de Chatou. Cela n’empêche pas Mehlis de lui renouveler sa confiance dans les deux moutures de son rapport remis d’abord le 20 octobre 2005 puis le 10 décembre 2005.
Le 13 mars 2008, coup de théâtre dans une affaire qui en regorge : la France prétend via son ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner avoir « perdu » la trace de Zouheir Siddiq. Il se serait tout simplement évaporé dans la nature pour réapparaitre le 10 avril suivant…dans les colonnes d’un journal koweitien. Afin de faire taire dit-il les rumeurs sur sa possible liquidation. Que dire de plus de ce soi disant témoin présenté avec tambours et trompettes comme un témoin roi ? L’individu reconnaîtra non seulement avoir été poursuivi pour escroquerie au Liban mais surtout admettra avoir reçu des sommes gigantesques en contrepartie de son témoignage à charge contre Damas.
Depuis nous savons par Siddiq lui-même qu’il a été exfiltré de France vers le Golfe arabe grâce à un faux passeport tchèque remis par le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors que celui ci était encore ministre de l’intérieur. D’emblée trois questions se posent. Pour le compte de qui travaillait Siddiq, pourquoi la France l’a-t elle envoyé vers les Emirats et non remis à la justice internationale pour faux témoignage dans le cadre de ce même TSL et enfin question subsidiaire, pourquoi un passeport tchèque ? Ce pays entretenant d’excellentes relations avec le Mossad et plusieurs passeports des assassins israéliens de Mahmoud Mabhouh, cadre de Hamas assassiné aux Emirats , étant tchèques, ce détail pourrait ne pas en être un…
Le deuxième témoin clé se nomme Hussam-Hussam , un kurde syrien qui très vite apparaît tout aussi fantasque que le précédent. Il serait fastidieux de détailler ses multiples et contradictoires déclarations. Aussi contentons nous de rappeler que celui ci fut découvert miraculeusement à l’automne 2005 au moment où le témoignage de Siddiq commençait à prendre l’eau. Celui ci a bel et bien travaillé 13 ans pour les services de renseignement syriens. En novembre 2005, à la veille de l’interrogatoire de cinq responsables syriens à Vienne par la commission d’enquête internationale, Hussam-Hussam non seulement se rétracte mais à l’occasion d’une conférence de presse qui se tient le 28 novembre 2005 à Damas, révèle « qu’on » lui aurait dit quoi dire » sous la contrainte. Arrêté et battu par la police libanaise, il aurait été visité en prison par un journaliste proche de la famille Hariri pour se voir promettre la liberté s’il acceptait de témoigner devant la commission d’enquête internationale. « Lors d’une réunion au bureau du ministre de l’Intérieur, on m’a promis la somme de 1,3 million de dollars en contrepartie de mon faux témoignage dont le but était d’impliquer la Syrie dans l’assassinat de Hariri». Une réunion à la suite de laquelle, il assure devant la commission d’enquête que l’attentat a bien été préparé chez lui au Liban par de hauts gradés syriens et libanais et « se souvient » même avoir vu le véhicule fatal un Mitsubishi blanc peu de temps avant l’attentat, dans une caserne de l’armée syrienne. Le ministre de l’intérieur libanais, Hassan Sabeh, s’il confirme cette réunion nie toutefois avoir tenté de convaincre Hussam de faire un faux témoignage. Quant au journaliste s’il reconnait bien avoir visité Hussam-Hussam, il récusera les accusations de subordination selon lesquelles il lui aurait demandé de faire un faux témoignage, pour impliquer la Syrie dans l’attentat du 14 février.
L’hypothèse syrienne s’effondre
Au final, la commission d’enquête de l’Onu sera bien obligée d’abandonner ces deux super témoins parce que peu crédibles mais sans aller, bizarrement, jusqu’à les accuser ni d’entrave à la justice, ni même de faux témoignages. Rappelons que c’est essentiellement sur la base des allégations de ceux ci que Detlev Mehlis a concocté son rapport initial qui affirmait alors crânement : « Un faisceau de preuves conduit à l’implication tant du Liban que de la Syrie dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri ».
L’accusation s’effondrant, il n’en demeure pas moins que quatre innocents ont payé chèrement l’acharnement du TSL à faire vivre la piste syrienne. A la fin août 2005, c’est tout de même sur ce genre de témoignages bidons que quatre officiers supérieurs libanais, réputés proches de l’ancien président Emile Lahoud et de la Syrie furent envoyés en prison pour quatre longues années, alors qu’aucune charge sérieuse n’a jamais pesé sur eux. Parmi ceux ci, le chef de la Sécurité Intérieure, équivalent de la Gendarmerie en France, le général Jamil Sayyed, a décidé de porter plainte contre tous les responsables de son pays ayant trempé dans ce coup fourré. Notamment le procureur général Saïd Mirza cité précédemment. D’autre part, selon un scénario bien rôdé dans lequel Washington est passé maître, la déstabilisation officielle de la Syrie assumée au grand jour, a pu commencé par le biais d’une campagne médiatique d’une violence inouïe. Celle ci laissait alors craindre le pire, les rumeurs de renversement du régime syrien allant alors bon train. Que personne dans les sphères onusiennes, françaises, européennes, étasuniennes, soi disant soucieuses de connaître la vérité, ne s’interroge sur les commanditaires de Siddiq et de Hussam Hussam voilà qui est pour le moins étrange.
Et pourtant, après coup, Mehlis reconnait aisément comme pour se dédouaner, comme si cela était normal pour un juge international, avoir agi selon des apriori. A savoir que son accusation se fondait davantage sur une analyse de la situation politique au Liban et sur une hostilité supposée entre les alliés de la Syrie et ceux alliés à la famille Hariri que sur un ensemble de preuves tangibles. A l’époque pourtant, Hariri était un interlocuteur des syriens puisqu’il avait finalement voté la prolongation du mandat de Emile Lahoud comme le souhaitait Damas. Dés lors, on imagine mal ce pays, réputé pragmatique, jouer son avenir en décidant sur un coup de tête de commettre un forfait qui aurait pour lui des implications aussi considérables .
Ceux qui pensaient que ce fiasco judiciaire sans précédent avec ses témoins véreux, ses rebondissements glauques, ses emprisonnements d’innocents, cette campagne anti syrienne hystérique dans le but de déstabiliser ce pays mais aussi le Liban par ricochet, aurait amené à plus de pondération des puissances occidentales, curieusement plus acharnées sur le dossier que la famille Hariri elle même, sous estiment la détermination politique des promoteurs de ce TSL. Et ce, en dépit du revers essuyé et du temps perdu qui aura notablement entravé l’aboutissement de l’enquête, empêchant qu’elle ne se concentre sur des pistes sérieuses. La route de Damas étant par trop semée d’embûches, Devler Mehlis est congédié. Il sera gratifié de la croix du mérite par les autorités françaises pour services rendus. Exit le complot syrien.
Hezbollah, après la Syrie
C’est contre un autre segment du camp du refus à l’ordre impérialiste, celui de la Résistance libanaise que les parrains occidentaux vont désormais concentrer leur feu. Ce qui, compte tenu de l’agenda étasuno-israélien est tout simplement une autre manière de voyager au Moyen Orient, cette fois, vers Téhéran.
Il semble bien que les trois coups de l’acte 2 de cette production hollywoodienne aient déjà été frappés quand, en avril 2009, les quatre officiers libanais sont remis en liberté et innocentés. En fait dés fin 2006, quelques mois à peine après la fin de la guerre israélienne dite de juillet contre le Liban et l’extraordinaire victoire de la Résistance islamique alors que l’enquête piétine et que ni la Commission, ni le Tribunal n’arrivent à des conclusions crédibles. C’est en octobre de cette même année, un article signé Georges Malbruno donne le ton nouveau en rapportant des informations censées être confidentielles qu’il tient des services de renseignement et des membres de la Commission d’enquête. Cette dernière s’orienterait dit on en direction de membres du Hezbollah. La nomination le 15 novembre 2007 par le Secrétaire général des Nations unies du Québécois Daniel Bellemare à la tête de la Commission d’enquête internationale pour le Liban, en remplacement de M. Serge Brammertz, n’augure pas nécessairement de plus d’objectivité . En effet de plus en plus de fuites, savamment organisées comme autant de ballons d’essai, sont relayées par des médias comme le Monde en Avril 2009 ou le Deir Spiegel et son fameux article de mai 2009. Désormais, bien que rien encore ne soit officiel, le principal suspect dans cette affaire serait bel et bien le parti libanais de Cheikh Nasrallah dont des membres éminents de l’appareil militaire et sécuritaire auraient planifié et exécuté l’assassinat du premier ministre.
Ces dernières semaines la tension est montée d’un cran quand mezza voce des noms de membres du Hezbollah ont été lâchés. Cependant jusqu’à maintenant, personne ne connait ni l’acte d’accusation ni les preuves sur lesquels le Tribunal compte étayer sa démonstration. Les informations circulant dans les médias parlent d’écoutes téléphoniques indiquant que des membres du Hezbollah (ou du moins leurs téléphones, sic !) étaient présents sur les lieux du crime. On ne sait rien, bien entendu sur le comment du pourquoi le Tribunal en serait arrivé à la conclusion que les téléphones repérés, et par qui au fait, appartiendraient bien à des membres de l’appareil militaire du Hezbollah . Il est vrai que d’emblée cette accusation paraît par trop désopilante . En effet, on imagine mal un cadre supérieur d’une organisation considérée comme une des plus performantes en matière de sécurité, se faire harakiri en ouvrant en son nom propre dans une boutique du coin de la rue, une ligne même temporaire sachant qu’il est une cible permanente pour Israël . Ou alors encore moins papoter avec ses comparses, une fois l’attentat contre Hariri réalisé . Et ce en utilisant ce même téléphone si facilement identifiable aux communications non cryptées. La discrétion des membres du Hezbollah et leur discipline de fer étant de l’aveu même d’Israël les éléments déterminants de leur succès, on imagine mal de la même façon , comme l’a pourtant suggéré Hariri junior à Hassan Nasrallah, comment des éléments incontrôlés de l’organisation de résistance auraient pu agir en free lance. C’est pourtant cette nouvelle fable que veut, de toute évidence, nous conter le nouveau enquêteur en chef de l’ONU, Daniel Bellemare.
C’est à ce moment qu’il est nécessaire de faire état de certains évènements sécuritaires libanais incontournables. Depuis longtemps le Liban est un terrain de jeu pour les services israéliens qui y ont entretenu des centaines d’agents rétribués depuis son irruption dans la région. Cependant un tournant stratégique a été réalisé ces dernières années par les services libanais en coopération avec Hezbollah. Ceux ci ont mis au jour de très nombreux réseaux d’espionnage israéliens (plus de 70 arrestations en 18 mois ! ). Des agents étaient recrutés dans toutes les confessions mais aussi dans toutes les classes sociales et milieux. Y compris parmi des officiers supérieurs de l’armée. Dernière en date des ces arrestations spectaculaires, un général au passé irréprochable. Cependant, les arrestations de ces dernières semaines avec la découverte d’un puissant réseau d’espionnage impliquant plusieurs cadres supérieurs de différentes entreprises de télécommunications prouvent que depuis des années la téléphonie mobile et fixe libanaise, tant privée que d’Etat était complètement infiltrée par le Mossad. En effet l’un des principaux agents interpellés pour intelligence avec l’ennemi, Cherbel Qazzi, contre lequel pèsent des charges très lourdes, occupait une position dirigeante au sein de la Société Alfa, deuxième entreprise de télécoms du Liban travaillant pour le gouvernement et collaborait avec Israël depuis 14 ans. Selon le quotidien al Safir il a avoué avoir installé des programmes informatiques et des puces électroniques dans les émetteurs d’Alfa. Ce qui permettait aux Israéliens non seulement de contrôler et de suivre les communications mais aussi de localiser les individus à assassiner puis d’effacer les informations enregistrées lors des communications. Des tours de passe-passe dignes d’un Harry Potter aboutissaient à fabriquer les traces d’une conversation téléphonique purement fictive entre deux abonnés et cela à partir de lieux tout aussi imaginaires. Idem pour les sms. Un certain nombre d’agents israéliens du réseau dit « télécom » ont fui en Israël, accréditant la thèse de leur culpabilité.
Assassinat de Hariri : la piste israélienne
Mais en quoi cela concerne t-il l’enquête sur l’assassinat de Hariri ? En mai 2008, deux ans après la guerre de Juillet, la crise politique récurrente aboutit à un nouveau bras de fer à Beyrouth. Celle ci fait ressurgir le spectre de la guerre civile lorsque les hommes de Hezbollah se rendent rapidement maîtres de la capitale puis se retirent, paralysant sur place les milices proches du 14 mars. Parmi les causes de ce réchauffement, il y a la décision du premier ministre Fouad Siniora et de son cabinet de déclarer unilatéralement illégal le système de téléphonie fixe dont le parti de la Résistance a décidé de se doter. Et ce, précisément du fait des soupçons sur l’infiltration des télécommunications consécutifs à la guerre de Juillet. A l’époque, cet épisode est largement présenté comme un nouveau coup de force de la milice chiite contre le Liban tout entier.
Et pourtant, rétrospectivement ces soupçons n’étaient ils pas fondés ? Qu’en serait il aujourd’hui de la résistance libanaise si Nasrallah s’était docilement plié à l’injonction du 14 mars comme le demandaient les amis occidentaux du Liban? Mais surtout, pourquoi cette insistance de Siniora a imposer à Hezbollah un système de télécommunications complètement infiltré par Israël ? Etait il totalement ignorant de cette situation ? Toutes ces questions demeurent encore sans réponse.
En résumé, non seulement comme le font remarquer de nombreux juristes, les écoutes téléphoniques n’ont jamais constitué en droit de preuves formelles, précisément pour les possibilités de manipulation. Mais en plus, ces même preuves électroniques sur lesquelles compte se baser le Tribunal peuvent très bien se retourner contre un autre acteur régional, Israël qui de toute évidence dispose dans ce pays avec ses nombreux relais locaux d’une plus grande marge de manœuvre que les autorités elles mêmes. En effet si la presse occidentale, en vertu de son habituelle approche coloniale du Liban, se plait à démasquer depuis des années les Libanais pro syriens, comme si cela constituait un crime de sentir des affinités avec un pays arabe au Liban, elle est étonnamment complaisante avec la coalition pro occidentale et pro israélienne qui sévit depuis toujours au Liban et dont les figures sont connues.
C’est ainsi qu’ au cours d’une conférence de presse donnée lundi 9 août par Cheikh Nasrallah, celui ci a présenté, à la presse nationale et internationale, un certain nombre d’éléments matériels qui selon lui désignent clairement Israël. Plusieurs clichés du lieu de l’attentat et de la route empruntée par Hariri ce jour là, qui, le Sayyed l’assure, proviennent de satellites espions israéliens et ont été pris dans la période précédant l’attentat. Le temps mis pour présenter ces preuves depuis leur piratage, plus d’un an, étant dû aux difficultés de décryptage. Certes les clichés ne sont pas datés mais Nasrallah lui -même a l’honnêteté de le reconnaître : ils ne constituent pas des preuves formelles mais ils présentent un intérêt autrement plus sérieux que tout ce qui a été remué jusque là puisqu’elle désignent une piste clairement. De toute évidence, il s’agit de clichés satellites or qui a les moyens de survoler en permanence le Liban grâce à ses drones et satellites , si c e n’est Israël.
Les moyens nécessaires à un attentat d’une telle ampleur, les réseaux d’espionnage dévoilés, les clichés satellitaires révélés et l’intérêt manifeste qu’Israël, à la différence de tout autre intervenant régional, aurait eu dans la disparition violente de Hariri, à savoir semer la discorde, donnent un relief particulier aux accusations de Nasrallah. Tout cela ne constitue t-il pas un faisceau d’éléments pour une hypothèse, Israël, jamais évoquée jusque là ? Ces nouveaux éléments comme dans toute enquête impartiale devraient éclairer d’un jour nouveau l’enquête.
L’Iran, le nouveau méchant loup
Le troisième acte de la tragi comédie de ce TSL se jouera en septembre. Le scénario est connu. Il risque d’être cette fois la mise en cause directe de l’Iran. Ce pays pourrait être désigné comme commanditaire de l’attentat dont le Hezbollah se serait prétendument rendu coupable. Plusieurs responsables des Gardiens de la Révolution identifiés comme agents traitants pourraient même être sommés pour l’occasion de comparaitre devant le TSL. Et ce, au moment même où deux nouvelles coïncidences surviendront en automne, l’aggravation espérée des sanctions sur le dossier nucléaire et le fait qu’englués en Afghanistan dans un nouveau Vietnam, les E.U s’apprêtent à désigner l’Iran comme le soutien réel des Talibans. En effet, quiconque suit les turpitudes de cette enquête ne peut être qu’interpellé par la coïncidence « heureuse » entre les accusations du Tribunal et l’agenda américain au Moyen Orient. En 2005, deux ans à peine après la guerre contre l’Irak, la Syrie était considérée comme faisant partie de l’axe du mal du fait de la politique de son gouvernement d’alliance avec l’Iran et de soutien au Hezbollah, de même que son opposition à la guerre. Depuis, les temps ont changé, la Syrie est reconsidérée comme un interlocuteur incontournable et voilà que des émissaires de pays européens les plus divers se précipitent à Damas pour pousser la présidence syrienne à abandonner son alliance avec l’Iran, c’est à dire le camp de la résistance. Entre temps, les Etats-Unis ont décidé d’adopter une nouvelle stratégie à l’encontre de l’Iran qui suppose une attaque plus frontale. Soit un durcissement des sanctions et un déploiement militaire important dans la région du Golfe arabo-persique et dans l’Océan indien. Cette nouvelle politique suppose aussi une attaque frontale du Hezbollah. C’est ainsi qu’il faut comprendre les dernières velléités de la FINUL qui au sud Liban veut étendre ses prérogatives au détriment de la résistance et de l’armée libanaise, en infraction flagrante avec la résolution 1701 des Nations Unies. La récente et meurtrière provocation israélienne à la frontière libanaise, le 3 août dernier couverte dans les faits par la FINUL, et les Etats- Unis confirme cette orientation.
La bouffonnerie du TSP loin de toute volonté de manifestation de la vérité apparaît bien comme un nouvel épisode d’une recolonisation de la région avec à la clé une offensive de grand style contre l’Iran et ses alliés dont le Hezbollah. Dans le but en éliminant un à un tous ses adversaires sérieux de pérenniser la dictature militaire israélienne sur la région.
Le TSL devrait formuler son acte d’accusation sur l’affaire dès septembre 2010. Le comble de la parodie est atteint lorsque ce tribunal dit international se trouve un porte parole improvisé en la personne du commandant en chef des Forces de défense israéliennes Gabi Ashkenazi. Celui ci a bien Indiqué l’objectif de l’enquête : détruire la résistance. Déposant, le 7 juillet dernier, devant la commission des affaires étrangère de la Knesset, il a tout simplement prédit avec jubilation, « avoir beaucoup d’espoirs, que la situation se détériorerait au Liban en septembre, après que le Tribunal aura inculpé le Hezbollah pour l’assassinat d’Hariri. » Il s’agit de sa part d’une de ces prédictions auto-réalisatrices dont Israël a fait le fondement de sa politique expansionniste et militariste. Comment Israël sait il que la Tribunal inculpera Hezbollah, si ce n’est parce que les pseudo preuves téléphoniques sont made in Tel Aviv.
Après l’Egypte de Nasser en 1956, le Liban de Kamal Joumblat en 1975, l’Irak de Saddam Hussein en 1990, la Syrie de Hafez Al Assad, voilà un nouveau grand méchant loup, désigné par Washington et Tel Aviv pour cause de non soumission, l’Iran de Ahmadinejad. On le constate tout est bon pour imposer la greffe israélienne à la région même au prix d’une nouvelle guerre dévastatrice. C’est pourquoi, l’Europe ferait bien d’y regarder de plus près ,avant, encore une fois de servir la soupe aux Etats sérial killers que sont Etats-Unis et Israël. L’aventure est très mal engagée cette fois pour les agresseurs et elle risque d’y perdre ses dernières plumes. Quant à nous, la tâche est claire, il s’agit de défendre la résistance et d’éviter qu’un deuxième Iraq ne se produise. Nous avons le nombre, il ne nous manque plus que la volonté politique.
Youssef Boussoumah, membre du PIR, et A. C.