Héros

Le général Giap, fête ses 100 ans.

Le général Vo Nguyen Giap, héros militaire de l’indépendance vietnamienne et artisan de la débâcle française à Dien Bien Phu, célèbrait jeudi son centième anniversaire dans un hôpital militaire de Hanoï, sous une pluie d’hommages en dépit de sa mise à l’écart politique.

Considéré comme l’un des plus importants stratèges militaires de l’Histoire, il a infligé en 1954 dans la « cuvette » de Dien Bien Phu (nord-ouest) une cuisante défaite aux troupes colonisatrices françaises, événement fondateur de l’émergence d’un Vietnam indépendant et de la fin de la domination française en Indochine.

Ecartée sans ménagement par le pouvoir ces 30 dernières années, cette icône populaire n’en reste pas moins la figure la plus emblématique du Vietnam moderne, après son fondateur, Ho Chi Minh.

« C’est un personnage mythique et héroïque pour le Vietnam », résume ainsi Carl Thayer, chercheur basé en Australie.

Né le 25 août 1911 dans la province centrale de Quang Binh, Giap n’était pas destiné à devenir un soldat. Mais ses tactiques inspireront les combattants du monde entier pour des décennies.

Venu étudier puis enseigner l’Histoire à Hanoï, il s’enfuit à la fin des années 1930 en Chine. Il y rencontre l' »Oncle Ho », qui le charge de fonder l’armée révolutionnaire Viet Minh fin 1944.

Entre-temps, sa haine de la puissance colonisatrice n’a cessé de croître, alimentée par le décès de sa première femme dans une prison française.
Après la victoire à Dien Bien Phu, Giap continue de diriger ses troupes pendant la guerre du Vietnam contre les Américains et leurs alliés du Sud-Vietnam, jusqu’à la prise de Saïgon le 30 avril 1975.

Mais sa carrière politique est cassée par le numéro un du régime, Le Duan, et il est exclu du bureau politique du Parti communiste en 1982.

Malgré sa mise à l’écart, c’est son portrait qu’exhibaient des manifestants dans les rues de Hanoï lors de rassemblements ces dernières semaines contre la politique de Pékin dans des eaux disputées de mer de Chine méridionale.
Il est le « dernier héros légitime », souligne Thayer. Ses victoires sont le fondement de la rhétorique nationaliste du pouvoir qui ainsi « ne peut pas le dénigrer » complètement.

Le général ne s’est pourtant pas privé ces dernières années de donner son avis sur les problèmes du pays.

En 2006, il avait écrit que le Parti communiste « était devenu un bouclier pour les responsables corrompus ». En 2009, il avait publié une lettre ouverte joignant sa voix aux critiques contre un projet gouvernemental très controversé d’exploitation de la bauxite dans les hauts plateaux du centre du pays.
Sa famille et les plus hauts dirigeants vietnamiens sont venus lui rendre visite mercredi pour ses cent ans à l’hôpital militaire 108, où il est soigné depuis plus d’un an. « Sa santé est stable maintenant », a indiqué à l’AFP un de ses fils, Vo Dien Bien.

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