Les deux jours passés au pas de course dans trois pays africains ont eu de quoi le réjouir. En République Démocratique du Congo, pays ravagé et toujours en proie à la guerre civile, trois contrats auraient été passés, dont un droit d’exploration de futurs gisements d’uranium pour Areva et des investissements pour Lafarge, le géant du bâtiment.
Mais c’est surtout au Niger que Sarkozy s’est félicité d’un contrat qu’il a prétendu abusivement être « gagnant-gagnant ». C’est encore une fois Areva, le groupe français spécialiste du nucléaire, qui en est le grand bénéficiaire ; son accord sur l’exploitation du gisement d’Imouraren a été finalisé. Pour l’emporter sur ses concurrents étrangers, Areva a dû accepter une hausse de 50 % du prix d’achat du minerai au gouvernement nigérien, en échange de la possibilité d’exploiter une des plus grandes mines d’uranium au monde.
Devant les critiques des associations et des organisations politiques nigériennes d’opposition, Areva a promis que les populations bénéficieraient d’investissements en matière de formation. Voire ! Après plus de quarante ans d’exploitation du minerai par Areva et son prédécesseur la Cogema, le Niger est resté l’un des trois pays les plus pauvres du monde. Les populations locales, comme celle qui vit près de la mine d’Arlit, connaissent la misère et les maladies. Les mineurs sont les plus atteints. Les dépôts de déchets radioactifs sont laissés à l’air libre, contaminant l’eau et les terres alentour. Sur les concessions minières venant d’être accordées, et qui couvrent 90 000 kilomètres carrés, habitent 300 000 personnes, essentiellement des Touaregs. Ils seront privés d’accès aux pâturages et aux points d’eau car la future usine de retraitement va pomper en masse le peu de ressources en eau disponibles dans cette zone aride.
On peut ainsi mesurer ce que signifie le « donnant-donnant » dont parle Sarkozy. C’est donner plein pouvoir et droit d’accès illimité aux richesses à Areva, et dans le même temps en priver les populations africaines.
Gilles BOTTI
SOURCE : Lutte Ouvrière Hebdo