Communiqué

Justice pour Yakou. Non à l’impunité policière.

Une fois de plus, les forces de l’ordre sont impliquées dans la mort d’un des nôtres. Yakou Sanogo est mort dimanche dernier à Bagnolet à l’âge de 18 ans alors qu’il tentait d’échapper à motocross, à un contrôle policier. C’est le quatrième décès de ce genre en trois mois : le 9 juin, Ali Ziri à Argenteuil, le 14 juin, Rabah Bouadma à Belfort, le 8 juillet, Mohammad Benmouna à Firminy. A chaque fois, bien sûr, la police déclare n’avoir aucune responsabilité.

Simple accident prétendent ainsi les autorités policières à propos de la mort de Yakou. Des témoins assurent au contraire que la voiture de police serait directement responsable de sa chute mortelle. Mais qu’importent, en vérité, les circonstances précises du drame. Un simple refus d’obtempérer à un contrôle policier justifie-t-il une course poursuite meurtrière comme si la police avait reconnu un dangereux criminel en cavale ? Comment ne pas comprendre que la multiplication des contrôles policiers, des dispositifs sécuritaires, du harcèlement, des humiliations, des brutalités gratuites, des comportements racistes, de la suspicion généralisée à l’encontre des jeunes des cités, notamment s’ils sont arabes ou noirs, sèment l’exaspération et incitent les jeunes à échapper par n’importe quel moyen et en prenant tous les risques, à un contrôle policier ?

Au-delà du déroulement concret des faits qui ont provoqué la mort de Yakou à Bagnolet et des responsabilités immédiates des policiers qui l’ont coursé, la responsabilité première de sa mort incombe directement aux autorités politiques et notamment au ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, la répression policière dans les quartiers populaires et, plus généralement, contre toute la population issue de l’immigration, a fait un bond en avant. Il s’agit, conformément à la politique coloniale, de rassurer ceux qui voient en nous des sauvages.

Au lendemain de la mort de Yakou, les jeunes de la ville étaient en colère. C’était parfaitement légitime. Certains ont exprimé violemment leur mécontentement en brûlant des voitures. Les autorités ont-elles entendu le message ? Non ! Au lieu de s’attaquer aux contrôles d’identités racistes, aux harcèlements des gamins, aux gardes à vue abusives, à la brutalité et à l’impunité policière…, le gouvernement a envoyé encore et toujours des CRS, des policiers et des hélicoptères pour quadriller la ville, tandis que de nombreux élus de la commune et des responsables locaux des partis politiques multipliaient les contacts avec la population et les manœuvres en direction des associations pour dissuader toute tentative de mobilisation pacifique de protestation.

Nous n’avons rien à attendre de ces forces politiques qui ne nous représentent pas et qui sont exclusivement préoccupées par des calculs politiciens et les échéances électorales.

Nous n’avons rien attendre de la réunion prévue à la fin du mois entre les associations de quartiers et des représentants de cet Etat qui organise la politique sécuritaire et incite la police à nous traquer dans nos quartiers.

Nous n’attendons rien, non plus, de l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS) qui servira comme le plus souvent à « blanchir » et à couvrir les violences policières.

Nous exigeons la constitution d’une commission d’enquête indépendante, comportant des représentants des habitants et des acteurs de terrain et dotée de vrais moyens, pour faire toute la lumière sur la mort de Yakou Sanogo.

Demain, Yakou sera enterré. Nous présentons toutes nos condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ses amis.

Mobilisons-nous contre le gouvernement et sa politique sécuritaire

Mouvement des Indigènes de la République

13 août 2009

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