A quelques jours du procès devant le Tribunal correctionnel de Paris de trois des policiers présents lors du meurtre d’Amadou Koumé, sa compagne Jessica nous a accordé un entretien où elle revient sur l’un des enjeux de ce procès : briser le mur du silence entourant l’impunité policière. Soyons présent(e)s les 27, 28 juin et 4 juillet au tribunal de Paris !
« Depuis le début, je suis face à un mur de silence, ce que j’appelle le silence coupable ». Cette phrase, Jessica Koumé, tu l’as prononcée lors d’un entretien que tu avais bien voulu nous accorder en mars 2017, et qui peut être aisément retrouvé sur le site du PIR. Il avait lieu la veille de la Marche pour la Justice et la Dignité, appelée par des familles de victimes de crimes policiers. Il avait lieu également et surtout deux ans après la mort de ton compagnon et père de ton fils, Amadou Koumé, Paix à son âme, tué par des policiers dans un bar à Paris.
Ce mur du silence dont tu parles, est celui qui a été édifié conjointement par la police, la justice et tous leurs auxiliaires, et cela dès les premières minutes de sa mort. Alors qu’un classement sans suite est prononcé en novembre 2015, tu déposeras une plainte avec constitution de partie civiles qui conduira à l’ouverture d’une information judiciaire. L’expertise médicale finira par conclure qu’Amadou a succombé à un « œdème pulmonaire dans un contexte d’asphyxie et de traumatismes facial et laryngé ». Ce vocabulaire médical permet de qualifier ici la mort d’Amadou sous l’effet conjugué de deux clés d’étranglement et d’un placage ventral long de plus de six minutes.
Ce mur de silence, tu as réussi à le fissurer sévèrement tout au long d’un combat mené grâce à ton intelligence, ta pugnacité, ta capacité à être soutenue par la famille, par l’autre famille forgée autour du collectif Urgence notre police assassine et des militants luttant contre le racisme et les violences policières, et par bien entendu par ton avocat.
Ce mur du silence serait en passe d’être brisé parce que nous sommes à quelques jours du procès devant le Tribunal correctionnel de Paris de trois des policiers présents, qui se trouvent être poursuivis pour « homicide involontaire », la juge d’instruction ayant relevé un certain nombre de négligences et un « manque de discernement » de leur part.
A quelques jours de ce procès tant attendu, pourrais-tu nous éclairer sur ses enjeux, ce qu’il représente dans la lutte pour la vérité et la justice concernant la mort d’Amadou?
Entretien réalisé par Samia Moucharik
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