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Gaza : ce que la France dit aux Indigènes de son territoire

Des centaines et des centaines de Palestiniens sont actuellement massacrés par l’armée israélienne. Qu’il s’agisse de mères en prière dans leur salon, de vieillards n’ayant plus la force de se déplacer, de familles refusant d’abandonner ces vieillards ou d’enfants insouciants jouant au foot sur la plage : la machine coloniale qu’est l’entité sioniste ne se soucie de la vie d’aucun arabe. Les colonisés sont des sous-hommes : la modernité occidentale l’a bien assez montré depuis Christophe Colomb, et Israël, en pur produit de cette Europe raciste et colonialiste qui a ravagé le monde et les peuples ces derniers siècles, continue d’en faire la loi fondamentale de son existence.

Les bombes israéliennes pleuvent, le gouvernement français applaudit et les cadavres d’Arabes s’entassent. Des cadavres de femmes et d’enfants en très grande majorité. Mais Israël l’a dit par la voix d’une de ses parlementaires : les mères Palestiniennes doivent aussi être toutes exterminées pour ne plus donner vie à de futurs « terroristes ». Des terroristes comme ces dizaines d’enfants déchiquetés qui jonchent les rues de Gaza actuellement. Comme ces petites têtes qui jouaient au foot pieds nus sur la plage avant qu’on leur fasse exploser leurs petits corps et leurs petits crânes.

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Mais la résistance Palestinienne qui se lève en face de cet ennemi barbare est héroïque, gigantesque, magnifique. Malgré des moyens des plus modestes, les glorieux combattants palestiniens infligent des pertes inimaginables à l’une des plus puissantes armées du monde. En dépit de leurs drones et avions de chasses, de leurs navires de guerre et de leurs chars, de leurs dizaines de milliers de soldats et de la pharamineuse logistique de soutien qui les accompagne, de leurs satellites et de tout leur matériel à la pointe de la technologie militaire employés pour tuer massivement les civils : la liste des cadavres d’envahisseurs sionistes en armes ne fait que s’allonger. Elle gonfle. Un à un, les noms de soldats colons s’inscrivent, les uns après les autres. Telle est la puissance de cette résistance lumineuse. Et que personne ne s’y trompe : c’est une promesse qu’ils font à leur peuple et au monde : l’inhumanité de la très lâche puissance technologique sioniste se fissurera toujours au contact de la dignité infinie des défenseurs de la Palestine.

Et de tout ça, que pense la France ? Rappelons-nous ce premier communiqué officiel de l’Elysée publié il y a une dizaine de jours, au commencement du déchainement de la machine militaire sioniste sur cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza. Le communiqué nous dit qu’à Benyamin Netanyahu, François Hollande « a exprimé la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces. » Le Gouvernement français n’essaye même plus de faire semblant : s’il faut exterminer des centaines de milliers de Palestiniens pour que ces colonisés arrêtent enfin de résister, alors Israël doit prendre « toutes les mesures » : le président de la République française signe. Et à cet égard, un petit détour par la guerre d’indépendance Algérienne nous rappelle très sûrement l’ampleur et le type de « mesures » que cette France peut considérer comme étant légitimes dès lors qu’il s’agit de faire taire la résistance d’un peuple arabe colonisé qui lutte pour sa libération. Mais cette guerre mal digérée par l’Etat français doit aussi lui rappeler chaque jour le caractère infaillible et infini du courage qu’un peuple arabe déshumanisé met à l’œuvre pour son salut et sa liberté. Le peuple algérien l’a merveilleusement prouvé dans le passé. Gaza nous le prouve encore aujourd’hui en faisant briller la résistance de son humanité sous les bombes.

La République française est structurellement coloniale : c’est donc très logiquement – fidèle à elle-même – qu’elle soutient l’implantation coloniale européenne en Palestine. Cet Etat d’apartheid est « un pays frère » selon les termes de Manuel Valls, qui a déjà dit son lien « éternel » avec l’Etat colonialiste. Et Hollande est lui allé jusqu’à déclarer son « amour » pour Israël, dans la maison même de Netanyahu. Et bien sûr, en faisant cela, le premier ministre et le président de la république n’importent pas le conflit : ils exportent simplement leur amour de la colonisation, de l’apartheid et de la répression de toute résistance palestinienne.

Et qu’en est-il des Arabes palestiniens ? Qu’en est-il des occupés dans cette histoire? Cela fait maintenant des décennies qu’ils sont colonisés par la violente et lâche machine de guerre sioniste : appartient-il aussi aux Palestiniens de « prendre toutes les mesures pour protéger leur population face aux menaces » ? Non. Bien sûr que non. Pour la France, il n’appartiendra jamais à des Arabes colonisés de pouvoir résister dignement. La France n’aime les indigènes que quand ils se soumettent. Elle aime Rachida Dati qui se moque éperdument de la colonisation. Elle adore Christiane Taubira qui après avoir tant parlé de l’esclavage (rappelons-nous son livre « l’Esclavage expliqué à ma fille ») ne s’offusque même plus de la politique néocoloniale française en Afrique ou des crimes policiers, et observe désormais un silence religieux lorsque des Arabes continuent de se faire coloniser et massacrer sur un critère purement racial. La France adore également l’imam Chalghoumi, ce référent religieux qui aime Israël et milite pour la sécurité de tous ses colons. Voilà un bon musulman tel que la République les aime ! Et la liste d’exemples est longue.

Cela étant posé : que dit donc la France aux Indigènes, aux habitants des quartiers populaires, aux Arabes et Noirs, aux Musulmans, à tous ses issus de l’immigration postcoloniale ? La France leur dit une chose très simple :

« Indigènes, Arabes, Noirs et Musulmans de France : la colonisation n’est pas terminée et vos frères de Palestine continueront de la subir. Vous qui venez de peuples colonisés, avalez-ça sans faire de bruit, bien calmement. »

« Indigènes de France, Arabes et Musulmans : vos frères de Palestine continueront de se faire massacrer, vous continuerez de voir ces femmes et ces enfants palestiniens se faire déchiqueter par des milliers de bombes et vous n’aurez pas le droit de manifester dans les rues de Paris. »

« Indigènes de France issus de l’immigration postcoloniale : le passé colonial dont vous et vos parents êtes issus ne devra aucunement entrer en résonance avec ce que vivent les Palestiniens colonisés : vous êtes des français, l’école et la République vous l’ont assez appris et matraqué, et en bons français votre rôle est d’accepter l’Etat frère d’Israël qui considère les Arabes de Palestine comme des cafards. Soyez des robots républicains, soumettez-vous, n’ayez aucune émotions ni aucune colère et acceptez la colonisation aussi confortablement que l’accepte madame Taubira. La lumière à suivre – celle du pays des Droits de l’Homme – est là ! »

« Indigènes, Arabes et Musulmans de France : Prenez garde à ne pas importer un conflit qui se passe à des milliers de kilomètres. Même si le CRIF est notre fidèle ami et collaborateur, même si la France est fière de compter des militaires israéliens anti-arabes tels qu’Arno Klarsfeld dans les rangs de ses institutions, même si la France tolère la colonisation de vos frères non-blancs et musulmans : la France ne prend que le parti de la paix ! Soyez donc une nouvelle fois dociles, restez nos petits zombis républicains et ne vous sentez pas infériorisés ou niés : ne ressentez plus rien ! Suivez juste la voix de la paix imposée par cette France. Dans le cas contraire, « vous en assumerez toutes les conséquences » vous répète le gouvernement. »

« Indigènes de France et issus des quartiers populaires : si vous osez manifester votre solidarité pour Gaza, si vous nous faites l’affront de descendre par dizaines de milliers dans les rue pour crier votre indignation et votre rage face à ces nouveaux massacres racistes et coloniaux : vous serez encerclés, confinés, gazés, frappés, coursés et déshumanisés par une Police qui vous rappellera ce que vous êtes vraiment dans ce pays de France : de la merde ! Et les médias et politiques finiront le travail en vous définissant plus convenablement : des haineux, musulmans fanatiques et antisémites dépourvus de cœur, d’humanité et de toute conscience politique. »

Les choses étant donc très clairement ce qu’elles sont – un contexte raciste et colonial persistant- il est temps pour nous tous de nous lever et de prendre le parti de nous-mêmes. Soit nous nous soumettons à la position de force – coloniale et raciste – du gouvernement français qui souhaite nous « nier » purement et simplement tant sur le plan physique que sur le plan morale – soit nous restons dignes et solidaires pour résister le plus humainement possible en soutien à nos frères et sœurs de Palestine.

La France nous parle donc très clairement depuis le début des massacres à Gaza, continuons nous aussi à lui répondre sans aucune nuance : Jamais nous ne céderons, jamais nous ne nous soumettrons à cette lâche injonction de reniement, de lâcheté et d’oubli de nous-mêmes que cette France nous tend.

Nous étions 30 000 à la manifestation du 13 juillet. Et malgré les abjectes manipulations médiatiques et la pression des politiques, nous étions de nouveau des milliers à braver l’interdiction – très coloniale– de nous réunir pour exprimer notre solidarité au peuple palestinien et notre soutien indéfectible à sa résistance. Ce fut un grand jour, ce 19 juillet : le jour où l’Etat a perdu la bataille de Barbès.

Frères et sœurs : continuons à nous organiser, à nous mobiliser et à avoir confiance en notre force – humaine et politique – pour infliger bien d’autre défaites à tous les pouvoirs qui tenteront de freiner notre combat,

Pour Gaza,

Pour la Palestine,

Pour la justice,

La dignité

Et la liberté.

 

Vive la Palestine, Vive Gaza et Vive la résistance Palestinienne sous toutes ses formes.

 

Sherine Soliman, membre du PIR

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