Conférence

Faut-il, ou non, parler de race ? : leçons des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de France

Un débat sur la racialisation avouée et inavouée des enjeux politiques en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, à l’occasion de la parution de l’ouvrage « L’Atlantique multiracial. Discours, politiques, dénis », aux Editions Karthala, sous la direction de James Cohen, Andrew J. Diamond et Philippe Vervaecke.

12 avril 2012

17h00 – 19h00

Salle de conférence

56 rue Jacob 75006 Paris

Présidence : Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI-Sciences Po

Racisme culturel, discours d’indifférence à la couleur et néolibéralisme, Andrew J. Diamond, maître de conférences en études américaines, Université de Lille 3, et chercheur associé au CERI

Comparer le racisme anti-latino aux Etats-Unis et l’islamophobie en France, 
James Cohen, professeur d’études américaines, Université de Paris 3

Les organisations (dites) représentatives du culte musulman (France, Grande-Bretagne), Philippe Vervaecke, maître de conférences en études britanniques, Université
de Lille 3

« Diversité » et euphémisation de la lutte contre les discriminations dans l’entreprise, Milena Doytcheva, maître de conférences en sociologie, Université de Lille 3

Les espaces de mobilisation des Antillais en France et des Portoricains aux Etats-Unis, Audrey Célestine, maître de conférences en études américaines, Université de Lille 3

Discours médiatiques sur les émeutes en France et en Grande-Bretagne (1981), Agnès Tachin, maître de conférences en histoire à l’Université de Cergy-Pontoise

Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, le début du millénaire a vu se multiplier des discours épurés de toute référence à la catégorie de « race ». La tolérance et la diversité sont désormais les registres dominants que l’on emploie pour parler de questions relevant auparavant de cette dernière. Ainsi, aux États-Unis, l’élection de Barack Obama a donné un puissant élan à ce que Thomas Sugrue nomme le « grand récit de la réconciliation raciale », en dépit de la racialisation évidente des inégalités sociales.

De part et d’autre de l’Atlantique, la notion de color-blindness gagne en influence. Elle dissimule une forme de racisme culturel, ou de racisme différentialiste, qui se diffuse dans la sphère publique, et que revendiquent même parfois certains responsables politiques. Cette évolution intervient dans un contexte de remise en cause des modèles nationaux d’intégration et de déclarations catégoriques sur le prétendu échec du multiculturalisme : prises de position dont l’objet est de critiquer des politiques jugées trop différentialistes, tout en pointant du doigt certaines catégories de la population dont l’intégration s’avérerait problématique.

Ce volume se propose de mieux comprendre les logiques sociales de racialisation, et leur rapport au politique, dans une perspective comparative, et en recourant à différentes disciplines. Il pratique une forme d’« histoire du présent », à la fois empirique et théorisée. Celle-ci est de salubrité publique à l’approche d’échéances électorales cruciales, en Europe comme en Amérique, alors que les problématiques identitaires conservatrices, sinon réactionnaires, effectuent un retour en force dans le débat politique et l’exercice du pouvoir.

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