La CGTG, organisation syndicale membre du LKP, qui entend faire la lumière sur les zones d’ombres de cet assassinat, a bien tenté de se porter partie civile, mais le tribunal de Basse Terre a statué négativement.
Un nègre syndicaliste CGTG-LKP, assassiné, pas de quoi bouleverser les habitudes d’une «justice » qui sait parfois faire preuve d’un excès de lenteur : c’est sa première vitesse.
Or voilà que depuis 2008, deux avocats guadeloupéens qui ont prouvé leur attachement à la cause de leur pays, deux avocats qui souhaitent exercer leur métier avec la rigueur nécessaires, sont victimes d’écoutes illégales. Les conversations qu’ils échangent avec leurs clients, sont «écoutés» par les grandes oreilles d’un petit magistrat. La règle voudrait qu’une telle affaire, où la confidentialité professionnelle est délibérément violée, fasse l’objet d’une plainte, puis d’une enquête. C’est comme ça partout, sauf dans les républiques bananières où la démocratie ne fonctionne pas.
Sarah Aristide et Patrice Tacita, naïvement convaincus qu’ils vivent dans un pays où le droit français existe et s’applique, déposent plainte et attendent avec sérénité que la justice passe. Il ne se passera strictement rien. «L’affaire» est quasiment enterrée. Toujours cette «justice» à la vitesse lenteur. Rien là de surprenant. Nous sommes dans une colonie, et la justice qui sévit ne peut être que coloniale. Qui peut soutenir du contraire ?
Deuxième acte. Un an après le dépôt de leur plainte, et suite à un passage sur les ondes de RFO, média d’Etat, après un incroyable effet boomerang de plaignants, voilà les deux avocats du LKP, Aristide et Tacita, accusés de «diffamation» sur la personne d’un magistrat français du siège.
Aristide et Tacita devront les 16 et 17 juin se rendre à Paris où un juge parisien les a convoqués pour une imminente mise en examen. Force est de le constater : là, les choses n’ont pas traîné. Quand nécessaire et si besoin, la «justice» sait faire diligence. C’est sa seconde vitesse.
Pour déférer les deux avocats guadeloupéens, tout s’accélère. La double affaire Tacita/Aristide, tout comme l’Affaire Bino, sont des illustrations, presque académiques, de cette «justice» à deux vitesses pratiquée par des magistrats coloniaux. Il est clair que Sarah Aristide et Patrice Tacita n’iront pas à Paris. Ils n’acceptent pas d’être «déportés» loin de leur pays. Ils refusent tout «dépaysement». Les magistrats coloniaux français iront-ils jusqu’à utiliser la force pour contraindre les deux avocats à se rendre à Paris ? Pourquoi les magistrats ont-ils délibérément refusé une comparution par visio conférence ?
Il paraît presqu’évident que, cent jours après la suspension du puissant mouvement de masse qui a ébranlé le système colonial, l’heure soit à la revanche. Les nombreux conflits sociaux qui agitent encore le paysage social et pourrissent au soleil, sont la preuve que, sous la poussée du MEDEF, le patronat entend reprendre la main et ne veut plus rien lâcher. Tout est mis en œuvre pour dénaturer l’accord Bino. Du côté des tribunaux, le souci revanchard est tout aussi marqué. Des militants syndicalistes sont déférés et les avocats «criminalisés». Le pouvoir colonial qui orchestre tout cela, croit qu’après 44 jours de mobilisation, à la veille d’une période vacancière, les capacités de (re) mobilisation du peuple guadeloupéen sont diminuées. Les provocations vont donc continuer… mais les colonialistes français ne savent pas tirer les leçons de l’histoire. Ils sous-estiment toujours les colonisés.
Elie Domota, le porte parole du LKP, a affirmé son soutien résolu aux deux avocats et a lancé un véritable défi au pouvoir judiciaire colonial : «Essayez d’arrêter Tacita et Aristide !».
Le 24 juin prochain, le Congrès des élus, convoqué par Jacques Gillot, se réunira une nouvelle fois. On annonce par ailleurs, mais sans trop le dire, une visite de Sarkozy en Guadeloupe, avant la fin du mois de juin : chiche alors !
Danik I. Zandwonis
SOURCE : Carib Créole One