Espoir

Enfin, la Révolution arabe !

Le Procès de Bernard Henri-Levy qui a eu lieu le 28 janvier 2011 à la bourse du travail de Saint-Denis (93) à l’initiative du PIR, s’est déroulé alors que venait d’éclater une révolte de grande ampleur en Egypte. Pour rendre hommage au peuple égyptien, nous avons demandé à notre ami, le romancier et militant anti-impérialiste, Tariq Ali et à Sadri Khiari (PIR) d’intervenir sur le sujet avant que ne commence la séance. Ci-dessous, l’intervention de Sadri Khiari.

Chers frères, chères sœurs, chers amis,

J’ai un aveu à vous faire : Je suis un imbécile ! Pendant des années et des années, je me suis battu pour la Révolution arabe et, juste quand je me demandais s’il fallait encore y croire, là voilà qui resurgit !

Belle, impétueuse, populaire, elle est à nouveau là.

Elle a jailli là où on ne l’attendait pas. En Tunisie. Mon pays, dont je suis si fier aujourd’hui. Nôtre pays, dont nous nous sommes tous si fiers aujourd’hui.

Ce pays qu’a étouffé pendant un quart de siècle une clique de prédateurs, de voyous sans foi ni loi, appuyés sur un gigantesque appareil policier. Une clique de prédateurs qui, non contents de voler les richesses du peuple, ont vendu le pays aux puissances financières internationales et aux investisseurs étrangers. Une clique de prédateurs qui, contre monnaie sonnante et trébuchante, ont vendu la cause palestinienne à la diplomatie impériale.

Le peuple tunisien a renversé le dictateur mais la situation reste incertaine. La mobilisation est toujours puissante mais les forces antipopulaires sont toujours au pouvoir.

Chers frères, chères sœurs, chers amis,

L’avenir de la Révolution tunisienne ne se joue pas seulement en Tunisie. Il se joue dans l’ensemble de la région. Il se joue notamment en Égypte. Ce grand pays. Ce pays qui est aussi le nôtre. Ce pays qui est gouverné par un despote qui n’a rien à envier à Ben Ali. Ce pays dont le président ne cesse de trahir la cause sacrée de la libération palestinienne.

Eh bien, en Égypte aujourd’hui le peuple se soulève. Les médias impérialistes parlent de « contagion » comme si la révolution était une maladie. Pour nous, cette maladie s’appelle l’espoir.

L’extension régionale de la révolution est notre espoir. C’est l’espoir de notre libération. C’est l’espoir de la libération des peuples arabes. C’est l’espoir de l’unité des peuples arabes. C’est l’espoir de la libération de la Palestine.

Chers frères, chères sœurs, chers amis,

En Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Jordanie, en Algérie, au Maroc et ailleurs, nos peuples sortent d’une longue hibernation. Progressivement et à des rythmes différents. L’effervescence est partout. Une fois de plus, l’histoire démontre qu’au-delà des particularités de chaque pays, la nation arabe est un fait.

Elle existe. Elle existe dans le peuple. Elle existe dans cette révolution qui se propage. Elle existe contre les dictateurs arabes qui ont détourné les luttes anticoloniales à leurs profits. Elle existe contre ces dictateurs qui sont des relais de la domination impériale sur nos pays.

Les chasser, c’est reprendre le chemin interrompu de la lutte anticoloniale. Oui, au-delà des revendications démocratiques qui nourrissent les mobilisations populaires, la révolution à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est autre qu’un nouvel épisode de la révolution anticoloniale.

En vérité, je vous le dis, la révolution arabe n’a pas commencé en Tunisie. Elle a commencé ou plutôt re-commencé par la victoire du Hezbollah en 2006 ; elle s’est poursuivie à Gaza avant de rebondir en Tunisie, en Égypte et peut-être désormais dans d’autres pays arabes.

Ne nous leurrons pas, cependant. La route est encore longue. Les forces de la réaction puissantes. La Révolution ne suivra pas un chemin linéaire vers la victoire. Mais un nouveau cycle de luttes s’est ouvert dans toute la région arabe et nous devons tout faire pour qu’il mène à la victoire.

Chers frères, chères sœurs, chers amis,

La Révolution arabe nous concerne tous, directement, nous qui vivons au cœur d’une des plus puissantes métropoles impérialistes. Notre solidarité avec les peuples arabes en lutte doit être totale et active ! Par nos mobilisations, nous pouvons entraver le cours de la contre-révolution que la France et les autres puissances impérialistes ne manqueront pas d’organiser.

La victoire de la révolution arabe est notre victoire.
Vive la révolution arabe ! Vive la révolution décoloniale ! Et que tremblent ceux qui écrasent les peuples !

Sadri Khiari, 28 janvier 2011

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