D'ailleurs, l'islamophobie d'ici

« En Afrique du Sud, la lutte contre l’apartheid politique a été en soi une lutte contre l’islamophobie » (entretien avec Iskander Abbasi)

Pour ce quatrième entretien de notre série D’ailleurs, l’islamophobie d’ici, nous nous entretenons avec le palestinien-américain Iskander Abbasi, doctorant à l’Université de Johannesbourg travaillant sur la théologie de la libération islamique et les études décoloniales. Il nous offre sa propre perspective sur la situation actuelle des musulmans de France à l’ère de la guerre globale contre le terrorisme, en la comparant avec son expérience aux Etats-Unis puis en Afrique du Sud, où la lutte contre l’apartheid a fait du pays « l’une des seules, sinon la seule, société post-islamophobe du monde ».

English version below

1. Que pensez-vous de la politique actuelle de l’État français envers les musulmans ?

L’État français est resté assez cohérent au fil des siècles dans son rapport à l’Islam. De Napoléon à Macron, l’État et la société français ont toujours tenté de libérer l’Islam de sa supposée arriération. La France a eu une relation antagoniste au pire — et au mieux petitement islamophile — vis à vis de l’Islam, nous divisant entre « bons » musulmans qui soutiennent la suprématie étatique française et « mauvais » musulmans qui s’opposent à une telle arrogance. La politique actuelle de l’État et la montée en puissance de l’islamophobie sont, d’abord, un produit de cette histoire, et, deuxièmement, le résultat d’événements récents à l’ère de la guerre globale contre le terrorisme.

Quand une société — que ce soit la France, l’Allemagne, les États-Unis ou les Émirats Arabes Unis — est choquée par la simple présence de musulmans confiants ne tolérant pas la violence raciste à laquelle ils sont confrontés jour après jour, cette société est vouée à échouer vis-à-vis du « problème musulman ». La France est-elle vraiment un phare de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ? Ou cela n’est-il réservé qu’à ceux qui correspondent aux standards du sécularisme étroit d’une élite bourgeoise exclusiviste ? C’est la question difficile à laquelle font face la France et tant d’autres pays. Les musulmans ont-ils leurs propres problèmes ? Bien sûr. Et nous ne devons pas célébrer la violence non-éthique et non-stratégique des takfiris ou d’autres acteurs politiquement isolés. Cependant, bien que notre communauté puisse être problématique, nous ne sommes pas le problème.

Dans un monde idéal, il ne devrait pas être nécessaire de s’excuser pour des actes que notre propre personne n’a pas commis. Comment se fait-il qu’en Amérique un adolescent blanc puisse pénétrer dans une église noire avec un pistolet semi-automatique, tuer des dizaines de gens en plein jour, et être traité comme un individu complexe ? Pourquoi les déclarations d’excuse ne viennent-elles pas de toutes les capitales occidentales dans le monde ? Ne venez pas vous plaindre quand vous récoltez ce que vous avez semé. Vous — c’est-à-dire le monde soit-disant civilisé séculier blanc occidental — devez réussir à vous tenir à de tels standards avant de venir frapper à nos portes.

2. Pouvez-vous comparer la politique envers les Musulmans en France avec celle de votre pays ?

Je suis né et j’ai grandi aux États-Unis, même si je vis maintenant en Afrique du Sud depuis un peu plus de cinq ans. En ce qui concerne l’Islam dans ces deux pays, relativement à mon expérience, c’est un peu comme le jour et la nuit. Ma vie a toujours été surveillée aux États-Unis, bien avant le 11 septembre 2001, en raison de mon héritage palestinien et musulman. En Afrique du Sud, la lutte contre l’apartheid politique a été en soi une lutte contre l’islamophobie. L’Afrique du Sud post-apartheid a ainsi été l’une des seules, sinon la seule, société post-islamophobe du monde. Les musulmans sont démographiquement une très petite minorité dans le pays, mais ils n’ont jamais souffert d’un complexe de minorité, et l’Afrique du Sud post-apartheid n’a pas non plus tenté de les minoriser. Ils font partie psychologiquement de la majorité et font incontestablement partie du tissu social diversifié de la société sud-africaine. Durant l’apartheid, l’État sud-africain n’avait pas spécialement de problème avec les musulmans concernant les cinq piliers de l’Islam, qui étaient définis comme des actes rituels avant tout personnels. Ce qui n’a pas été apprécié, c’est lorsque les musulmans ont développé leur agentivité contre l’apartheid à travers ce que l’on appelle le sixième pilier non-officiel de l’Islam, le jihad, une praxis et une lutte socio-politique. Ce n’est qu’en embrassant ce sixième pilier, aux côtés de nombreux autres groupes à la fois religieux et séculiers engagés dans une vaste lutte démocratique antiraciste et anti-sexiste, que les musulmans sud-africains ont inscrit leur marque dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Celle-ci est donc restée pour eux un foyer ou un lieu de liberté plus que tout autre lieu dans le monde musulman.

L’Afrique du Sud a fait face à de nombreuses lacunes et insuffisances depuis 1994. Il existe une xénophobie généralisée contre les ressortissants étrangers principalement africains et une continuation de diverses formes d’apartheid, qu’elles soient économiques, genrées ou écologiques. Pourtant, elle demeure un pays dans lequel la relation entre les communautés religieuses et l’État n’est pas un problème manifeste. La constitution sud-africaine repose sur une forme assez souple de semi-sécularisme/religiosité qui autorise ce type de relation. La religion est bienvenue dans la sphère publique. La France et de nombreux pays du Nord ont beaucoup à apprendre d’un pays comme l’Afrique du Sud, d’autres pays du Sud ou même de l’histoire islamique. Le niveau auquel les libertés séculières et religieuses ont été expérimentées dans le monde musulman d’avant la colonisation européenne était bien plus élevé que celui de l’Europe à la même époque. Durant les temps modernes, un pays comme le Liban est souvent évoqué en raison de son système politique grossièrement sectaire. Pourtant, mon père palestinien y a grandi, cinquante ans avant la guerre civile, dans une société où sunnites, chiites, druzes, catholiques, orthodoxes orientaux, juifs et non-croyants étaient capables de vivre côte-à-côte dans une paix relative, d’une manière qui semble de plus en plus inimaginable aujourd’hui dans de nombreuses métropoles occidentales. Je ne tente en aucun cas de dissimuler l’histoire des violences sectaires au Liban dans le passé et aujourd’hui ; la réalité n’était pas aussi rose que celle dépeinte par mon père. Ce que je suggère toutefois, c’est que nous devrions être plus prudents en ce qui concerne les questions du « qui », du « où » et du « quand » lorsque nous établissons nos normes de comparaison.

Aux États-Unis, je me sens constamment surveillé, d’une manière assez semblable à ce que les musulmans vivent en France. En tant que chercheur et activiste, il y avait toujours des limites à ce que je pouvais déclarer ou faire publiquement, étant donné la manière dont l’État américain était toujours quelque part dans ma tête, ou physiquement à surveiller mon existence. Bien sûr, les musulmans aux Etats-Unis et en France n’ont pas la même histoire, et ont vécu des formes de sécularisme et de racisme différentes. Mais je pense que nous devrions faire attention à ne pas simplement nous contenter d’une conversation Nord-Nord, même lorsque cette conversation provient d’en-bas. Il y a beaucoup à apprendre de nombreux autres endroits dans le monde, et de l’histoire de la division religieux-séculier et des dynamiques interraciales, en particulier comment ces relations jouent dans le rapport entre les communautés et l’État. Au bout de mon parcours, comme celui de tant de musulmans, d’Africains et autres qui vivent ou sont venus ici, c’est effectivement en Afrique du Sud — pour citer le pilier de la lutte chrétienne noire radicale contre l’apartheid Steve Biko — que je me suis senti le plus libre d’« écrire ce que je voulais[1]».

3. Que pensez-vous des réactions internationales à la politique islamophobe d’Emmanuel Macron ?

Il ne semble pas que le monde ait tant réagi que ça, en dehors de certains secteurs de la société civile au sein du monde musulman qui ont engagé des boycotts culturels et économiques de la France. La réponse — ou plutôt, la non-réponse — de la vaste majorité des différents pays est révélatrice de la normalité de l’islamophobie. Les musulmans sont présumés coupables, qu’ils aient commis un crime, une injustice ou non. Nous continuons d’être la cible première des pays du Nord et du Sud qui n’osent pas remettre en question les entreprises transnationales et les complexes militaro-industriels, qui ont prospéré grâce au sang, aux terres, aux ressources naturelles et à l’argent de la guerre contre le terrorisme, et à la longue guerre contre la civilisation islamique qui dure depuis maintenant des siècles. Ce problème — un problème intrinsèquement global — n’a pas de solution miracle. Nous devons soutenir les boycotts auxquels nous assistons dans certaines parties du monde musulman, tout en gardant les yeux ouverts sur les hypocrisies qui existent dans ces sociétés. Ce sont des sociétés dont nous sommes originaires et que nous continuons de chérir, mais elles connaissent aussi leurs propres problèmes qui ne sont pas toujours simplement de la faute de l’Occident ou du Nord global.

La lutte des musulmans opprimés dans le Nord global est liée à celle des opprimés du Sud, comme les Indigènes de la République l’ont brillamment expliqué depuis près de deux décennies maintenant. Nous devons nous opposer à la tentative grossière de Macron de se servir de l’islamophobie pour se maintenir au pouvoir, tout en affirmant que la lutte contre l’islamophobie en France a des implications au niveau global. Quand l’industrie de l’islamophobie en France est alimentée par la gauche ou par la droite, cela a des implications pour tous. L’ère de la guerre contre le terrorisme a érodé les libertés civiles à travers le monde bien au-delà de la seule perspective des musulmans marginalisés. Nous devons réaliser qu’à notre époque une injustice faite à un seul est une injustice faite à tous, d’une manière inédite dans l’histoire de l’humanité.

4. Quel message voudriez-vous transmettre aux musulmans en France et aux activistes et organisations qui luttent contre le racisme d’État ?

Ne lâchez rien et soyez patients. En tant que Palestinien, je pense au concept de sumud, de persévérance inébranlable. Ce moment est crucial, et aussi difficile soit-il, nous devons continuer de lutter. Notre religion nous enseigne que même si nous entendons sonner la Trompe annonçant la venue du Jour du Jugement, nous devons toujours planter la graine que nous tenons dans la main. La Justice suprême appartient à Dieu. Dans le temps limité dont nous disposons ici-bas, nous ne pouvons que faire de notre mieux pendant les vingt-quatre heures dont nous disposons chaque jour. La vie, comme l’État français, n’est que temporaire. Que nous soyons récompensés pour cette lutte dans cette vie ou la suivante n’est pas quelque chose que nous pouvons calculer. Ce que nous pouvons calculer, c’est notre capacité et notre potentiel à changer ce que nous pouvons avec notre cœur et avec nos mains.

Comme le dit le cri de ralliement en Afrique du Sud, Amandla ! — qui signifie « Pouvoir !». La réponse est Awethu ! — qui signifie « Pour Nous ! ». Pouvoir au peuple. Pas aux entreprises. Pas aux États islamophobes et aux formes de sécularisme autoritaire. Pas aux ennemis de la décolonisation et de la libération, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud. Et oui, pour les croyants, ce pouvoir vient de Dieu avant tout. Mais nous ne sommes pas fatalistes. Il n’y a pas de lutte dans le sentier de Dieu sans prise de conscience de notre propre pouvoir et de notre valeur collective, inspirés de notre Créateur. Nos camarades en France ne le ressentent peut-être pas toujours, mais vous nous inspirez et nous responsabilisez tous — vraiment toutes les générations — dans votre lutte. C’est une lutte pour votre époque, et pour les temps à venir, tout comme vos ancêtres se sont battus pour vous puissiez encore vivre, respirer, sourire et pleurer aujourd’hui. Nous vous encourageons à poursuivre ce combat, jusqu’à ce que la Casbah soit secouée par les youyous, ou que la Trompe retentisse pour une nouvelle génération, qui équilibrera la balance de la Justice.

Iskander Abbasi

Traduit de l’anglais par Rdr Cahen

[1] « Write what I Like »


« In South Africa, the fight against political apartheid was immanently a fight against Islamophobia » (interview with Iskander Abbasi)

For this fourth interview in our French islamophobia seen from elsewhere series, we spoke with the Palestinian-American Iskander Abbasi, PhD candidate at the University of Johannesburg in South Africa working on Islamic liberation theology and decolonial studies. He offers us his own perspective on the current situation of Muslims in France in the era of the global war on terror, comparing it with his experience in the United States and then in South Africa, where the struggle against apartheid made the country « one of the few, if not the only, post-Islamophobic society in the world ».

1.What do you think of the current policy of the French state towards Muslims? 

Well, the French state has stayed pretty consistent over the centuries with regards to Islam. From Napoleon to Macron, French state and society has always tried to liberate Islam from its supposed backwardness. France has had an antagonistic relationship at worst – and petty Islamophilic one at best – when it comes to Islam, dividing us into “good” Muslims who support the French state’s supremacy and “bad” Muslims who are opposed to such arrogance. The current state policy and uptick in Islamophobia is, firstly, a product of this history, and, secondly, a result of recent events in the era of the global War on Terror.

When a society – whether it be France, Germany, the USA or the UAE – is triggered by the mere presence of Muslims who are confident and unable to tolerate the racist violence they face day in and day out, this society is bound to fail with regards to their “Muslim problem”. Is France really a beacon of liberty, equality and fraternity? Or does it only allow those whom fit the standards of an exclusivist bourgeois elite and their narrow-minded secularism? This is the tough question France and many other countries are dealing with. Do Muslims have their own problems? Of course. And we should not celebrate unethical and unstrategic violence by takfiris or other politically homeless actors. However, while our community can be problematic, we are not THE problem. In an ideal world, there should be no need to apologize for acts not committed by our own persons. Why is it that in America a white teenager can walk into a Black church with a semi-automatic gun and kill tens of people in broad daylight and he is treated as a complex individual? Why do apology statements not come from every Western capital in the world? When chickens come home to roost, don’t come asking us for different colored eggs. You – meaning the Western white secular so-called civilized world – must attempt to hold yourself to such standards before you come knocking on our doors.

2. Could you compare the policy towards Muslims in France and that in your country? 

I am born and raised in the United States, though have been living in South Africa for just over half a decade. With regards to Islam, the experience between the two countries is like night and day. My life has always been policed in the United States, long before 9/11, due to my Palestinian and Muslim heritage. In South Africa, the fight against political apartheid was immanently a fight against Islamophobia. Thus, post-apartheid South Africa exists has been one of the only, if not the only, post-Islamophobic society in the world. Muslims are demographically a very small minority in the country, but they have never had a minority complex, nor has post-apartheid South Africa attempted to minoritize them. They are psychologically part of the majority and are very much unquestionably a part of the diverse social fabric of South African society. During apartheid, the South African state was fine with Muslims when it came to the five pillars of Islam, which were defined as primarily personal ritual acts. What was disliked is when Muslims expressed their agency against apartheid through what is often called the unofficial sixth pillar of Islam, which is jihad, or socio-political praxis and struggle. It was only by embracing this sixth pillar, alongside many other groups both religious and secular in a broad anti-racist and anti-sexist democratic struggle, that South African Muslims cemented their mark in a post-apartheid South Africa. South Africa has thus remained more of a home and site of freedom for them than any other place in the Muslim world.

South Africa has faced many shortcomings and inadequacies since 1994. There exists pervasive xenophobia against predominantly African foreign nationals and the continuation of various forms of apartheid, whether economic, gendered or ecological. Yet, it remains a country where the relationship between religious communities and the state is not an overt problem. The constitution of South Africa has a relaxed form of semi-secularism/religiosity that allows for this type of relationship. Religion is something welcomed in the public sphere. France and many other countries of the North have a lot to learn from a place like South Africa, other countries in the South or even Islamic history. The level of religious and secular freedoms experienced in the Muslim world prior to European colonization were in ways greater than that of Europe during those times. In modern times, a country like Lebanon is often cited in for its crass sectarian-based political system. Yet, my Palestinian father grew up there fifty years ago prior to the civil war in a society where Sunni, Shi’i, Druze, Catholic, Eastern Orthodox, Jewish and non-believing were able to live in relative peace side-by-side in a way that seems less and less possible now in many Western metropoles. I am by no means attempting to white-wash the history of sectarian violence in Lebanon then or now, the reality was not as rosy a picture as my father paints it. What I am suggesting though is that we should be more careful about who, where and when we make as our standards of comparison.

In the United States, I constantly feel watched and policed, not in a way too dissimilar from that of Muslims in France. As a scholar and activist, there were always limits to what I could publicly say or do given the way the American state was always in my head or physically surveilling my existence. Of course, there are differences between the forms of secularism, racism and historiography of Muslims in the USA and France. Yet, I think we should be careful not to just make this a West-West conversation, even when that conversation is coming from below. There is much to learn from many other places in the world and from history with regards to the religious-secular divide and inter-racial dynamics. Especially how those relationships can play out between communities and the state. In my journey and those of many Muslims, Africans and others who live here or have visited, it has been actually been in South Africa – to quote their very own radical Black Christian anti-apartheid struggle stalwart, Steve Biko – where I have felt the most free to “write what I like”.

3. What did you think of the international reactions to Emmanuel Macron’s islamophobic policy? 

It seems that the world has not offered much, aside from certain civil society sectors from within the Muslim world engaging in cultural and economic boycotts of France. The response – or rather, non-response – from the vast majority of countries is indicative of the normality of Islamophobia. Muslims are presumed guilty, whether they engaged in a crime, injustice or not. We continue to be the primary target of both global North and South countries who dare not question the transnational corporations and military-industrial complexes who have been thriving off the blood, land, natural resources and money made off the War on Terror, and the much longer war on Islamic civilization that has been ongoing for centuries. This problem – an inherently global problem – has no quick fix. We should support the boycotts we are seeing in certain places within the Muslim world, even as we keep our eyes open to the hypocrisies in those societies. These are societies that we came from and continue to hold dear, yet they too have their own struggles that are not always simply a fault of the West or global North. The struggle of oppressed Muslims within the global North is linked to that of the oppressed in the South, as the Indigenous of the Republic as brilliantly made clear for nearly two decades now. We must oppose Macron’s crass appeal to weaponize Islamophobia so that he can stay in power, while also maintaining that the struggle against Islamophobia in France is one that has global implications. When the Islamophobia industry in France is strengthened through the Left or Right, that has implications for all. The era of the War on Terror has eroded civil liberties across the planet far outside the scope of marginalized Muslims. We must realize that in our times an injustice to one is an injustice to all in a way unseen before in human history.

4. What message would you like to send to Muslims in France and to activists and organizations fighting against state racism?

Stay strong and have patience. As a Palestinian, I reminded of the concept of sumud, or active steadfastness. This moment is crucial, and as difficult as it may be, we must continue to struggle. Our religion teaches us that even if we were to hear the horn sounding for the coming of the Day of Judgement, we must still plant the seed we hold in our hand. Ultimate justice is only for God. In the limited time we have here on earth, we can only do our best in the twenty-four hours we have each day. Life, like the French state, is temporary. Whether we are rewarded for this struggle in this life or the next is not something we can calculate. What we can calculate is our ability and potential to change what we can with our hearts and hands. As the rallying cry in South Africa goes, amandla! – which means “power!”. The response is awethu! – which means “to us!”. Power to the people. Not to corporations. Not to Islamophobic states and harsh forms of secularism. Not to the enemies of decolonization and liberation, whether in the North or South. And yes, for believers, this power ultimately comes from God. But we are not fatalists. There is no way to struggle on God’s path without realizing our own power and collective self-worth as inspired from our Creator. Our comrades in France may not always feel it, but you are inspiring and empowering all of us – generations, really – with your struggle. It is a struggle for your times, and for many times ahead, just as your ancestors fought so that you could be here still living, breathing, smiling and crying today. We encourage you continue this fight until the casbah is rocked by ululations, or until the horn sounds for a new generation to balance the scales of justice.

Iskander Abbasi

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