Droit de réponse de Houria Bouteldja refusé par le Canard Enchaîné

Le Canard Enchaîné, tout comme Le Monde, a refusé ce droit de réponse alors même que les délais et la procédure ont bien été respectés. La version envoyée est plus courte car les règles qui encadrent le droit de réponse sont strictes. Il convient alors de s’interroger sur le fonctionnement d’une presse qui prétend défendre la liberté d’expression sans permettre aux personnes mises en cause la moindre possibilité de rétablir leur vérité. Non seulement Le Canard Enchainé, qu’on a connu plus loyal, s’arroge le droit de salir des militants, mais il s’avère en plus incapable de respecter ses propres obligations légales, et ceci, en toute impunité.

Monsieur le directeur de la publication du Canard Enchaîné,

 

Dans votre édition du 15 novembre dernier, Anne-Sophie Mercier publie un article mensonger, calomnieux et diffamatoire.

Je réponds ici point par point à la plupart de ses affabulations..

 

Poser à côté d’une pancarte « sionistes au goulag » serait antisémite. A-S Mercier écrit en effet : « Les ‘sionistes’, hein, pas les ‘Juifs’, quelle idée. Elle est comme ça Houria Bouteldja, elle n’aime pas les ‘sionistes’.  Elle a le droit pour elle. Écrire les ‘sionistes’, ça passe. Dieudonné fait la même chose, c’est une simple question politique, ça se discute, tandis que si on dit les ‘Juifs’ et qu’on veut les diriger vers le goulag, ça passe mal, ça fait tout de suite antisémite. »

Comment peut-elle faire ce procès d’intention alors que rien n’indique que je confonds « sioniste » et « Juif » ? En effet, j’utilise le mot « sionistes » précisément pour ce qu’il désigne : les sympathisants d’une idéologie politique qui pour la grande majorité d’entre eux ne sont pas juifs. Toute la littérature du PIR en témoigne à commencer par la condamnation ferme et sans appel du soralisme. Ici, un exemple parmi d’autres tiré d’une intervention que j’ai faite au colloque « Penser l’émancipation » : « L’intégration par l’antisémitisme nous fait horreur (…). Nous avons en horreur tout ce qui nous intègre ou plutôt poursuit notre intégration dans la blanchité, l’antisémitisme étant un pur produit de l’Europe et de l’Occident. En tant que décoloniaux, il allait de soi que nous ne pouvions pas soutenir Dieudonné. »

Plus loin, A-S Mercier ironise : « Jean-Luc Mélenchon (…) a vivement condamné une phrase pas du tout antisémite ou haineuse d’Houria Bouteldja selon laquelle « Les Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe » ». Cette citation est vraie[1] mais l’écrivain Yitzhak Laor dans son livre « Le nouveau philosémitisme européen » ne dit pas autre chose : « Les pieds et les poings sont ceux de l’Occident, mais nous sommes les bottes et les coups de poings en acier ». Ainsi, on peine à cerner le caractère antisémite de cette formule car c’est précisément le contraire qu’il faut comprendre : il s’agit d’une dénonciation ferme et sans appel de l’instrumentalisation de la communauté juive à des fins impérialistes. D’ailleurs, la plainte de la Licra à ce propos été classée sans suite par le Procureur de la République.

A-S Mercier poursuit. Je défendrais l’idée selon laquelle : « Un Blanc qui viole une noire c’est un crime, un macho noir qui agresse une noire, pas question de porter plainte. » Je n’ai jamais dit ni même pensé une telle ignominie. Une lecture même superficielle de la partie « Nous, les femmes indigènes » de mon livre aurait permis de comprendre que je fait un constat et non une préconisation. En effet, il apparaît que plus la répression policière s’abat sur les hommes noirs, moins les femmes n’osent porter plainte. Dois-je expliquer qu’une description ne vaut pas prescription ? Hélas, A-S Mercier ne s’arrête pas là. J’aurais dit que les homosexuels « sont plus nombreux » en Europe. Cette déclaration est tellement stupide que je refuse de la commenter. D’où la journaliste tire-t-elle cette citation ? C’est ce que le lecteur du Canard Enchaîné ne saura jamais.

Last but not least, A-S Mercier m’attribue la paternité de « Nique La France » sans doute intoxiquée par l’extrême droite dont c’est le leitmotiv. Bien que je m’insurge contre les poursuites à l’encontre de ses véritables auteurs qui sont nos frères de lutte, un démenti a été apporté à cette assertion lors du procès que j’ai gagné contre l’AGRIF. Il y aurait bien d’autres mensonges à relever mais est-il charitable d’accabler l’auteure de ce « portrait » plus que je ne viens de le faire ?

 

Houria Bouteldja, membre du PIR

 

Note

[1] Houria Bouteldja, Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ?

 

 

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