Dissolution du CCIF et de Barakacity par le régime islamophobe français : communiqué du PIR

Il a osé. Hier soir, le ministre de l’Intérieur a notifié à ses responsables la dissolution du CCIF, association historique de lutte contre l’islamophobie. Après avoir dissous l’ONG Barakacity, lancé des centaines de perquisitions contre des associations, des mosquées et dans des foyers musulmans, l’Etat français poursuit et signe sa politique de censure et d’intimidation, en dépit des indignations internationales qu’elle soulève.

Cette offensive contre des organisations musulmanes autonomes et respectées vise à sidérer la communauté musulmane, et par-delà l’ensemble des indigènes et des organisations antiracistes, afin de libérer le terrain pour une attaque généralisée contre toute forme d’autonomie dans les modes de vie et dans les expressions de la foi propres aux musulmans. Cette politique de sécularisation forcée de l’islam et des musulmans, vieux rêve de l’Etat français, constitue, avec leur mise au pas sécuritaire, l’enjeu de la loi annoncée contre le « séparatisme ». Sous couvert de vouloir « réformer » l’Islam, l’Etat entend oeuvrer littéralement à sa désislamisation.

Le ridicule des accusations gouvernementales à l’encontre de Barakacity et du CCIF aurait pu prêter à sourire si les conséquences de la politique actuelle n’étaient pas aussi terribles. Les enfants musulmans terrorisés par les perquisitions n’oublieront pas. Les croyants criminalisés par cette prétendue lutte contre un « islam politique », dont les contours rejoignent ceux de la communauté musulmane dans son intégralité, n’oublieront pas non plus. Et il ne suffira pas au gouvernement de reformuler une énième fois ses projets islamophobes, en jouant sur les mots, pour réussir à masquer cette radicalisation autoritaire qui apparait chaque jour plus manifeste. L’islamophobie de l’Etat français apparait nue au regard du monde entier, et ridiculise ses dirigeants quand ils tentent de justifier l’injustifiable. Du côté de la France, nous ne pouvons que déplorer le silence assourdissant d’une grande partie du mouvement social. Ce silence était déjà de mise lors de la dissolution de Barakacity.

Aucune menace terroriste ne peut justifier la mise au pas de toute une communauté, la négation de toute une tradition, la promotion du blasphème comme catéchisme d’Etat, la discrimination dans l’emploi, à l’école et dans la représentation politique. Les parallèles historiques avec les expériences autoritaires du passé donnent sens à ce processus qui s’abat sur les musulmans de France, au nom d’un antiterrorisme qui devient le fondement de la justification de l’action de l’Etat dans les domaines sociaux, juridiques, policiers, militaires. Le régime antiterroriste français menace dangereusement les libertés publiques de tous les musulmans, celles d’organisation, d’association, d’expression, de croyance.

Nous tenons à saluer la dignité, l’intelligence et la combativité dont ont su faire preuve Barakacity et le CCIF face à la machine répressive de l’Etat confortée par une ignoble campagne médiatique. Nos frères et soeurs ont raison d’internationaliser leurs activités. Les musulmans ne se laisseront pas enfermer dans ce face-à-face provincial avec un gouvernement ayant fait le choix de la course au racisme avec les mouvements d’extrême droite, représenté par des provocateurs vulgaires défendant un chauvinisme suprémaciste. L’islamophobie d’Etat, au-delà des spécificités nationales françaises, est un phénomène global. La résistance des musulmans et des peuples du Sud aussi. 

PIR

Ce contenu a été publié dans Actualités, Actus PIR, Archives, Communiqués. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.