Déclaration de soutien

Appel pour la Marche décoloniale du 8 Mai, 1948 – 2008, la Nakba : 60 ans d’histoire volée.

Le 29 novembre 1947, face aux aspirations sionistes, l’Assemblée générale des Nations unies proposait, sans même consulter ses habitants, le partage de la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe. Lorsque l’État d’Israël voit le jour le 14 mai 1948, le territoire conquis englobe 78% de la Palestine mandataire, 418 villages sont détruits et environ 800 000 palestiniens sont expulsés et dispersés à travers le monde.

Depuis plus de 60 ans, la Nakba (catastrophe) palestinienne se traduit par le déracinement violent et continu d’un peuple de sa terre. De Haifa à Yafa, de Jérusalem à Gaza, à Jénine ou à Hébron, la présence palestinienne est sans cesse menacée, cloisonnée, et la terre nous est arrachée. Aujourd’hui que reste-t-il de la Palestine à part quelques cantons isolés, où se replie la population arabe palestinienne, tandis que la majorité des palestiniens sont toujours des réfugiés.

Bien loin de reconnaître sa responsabilité, Israël cherche à légitimer sa politique menée depuis 60 ans en nous faisant accepter l’idée qu’il est un État juif pour les juifs. Qu’adviendra-t-il des 1 millions ½ de palestiniens vivants encore sur leur terre, à l’intérieur des frontières de l’État colonial, sont-ils définitivement devenus des étrangers chez eux, et qu’adviendra-t-il du droit au retour des réfugiés ? Ce nouvel apartheid que prône la doctrine sioniste, est incompatible avec le droit et contraire aux valeurs que nous défendons.

Le déclenchement de la 2nde Intifada en 2000 puis la crise dans laquelle furent plongés les territoires palestiniens occupés ont marqué définitivement l’échec du processus de Paix entamé à Oslo en 1993. Le refus israélien de respecter les engagements internationaux s’est traduit par un nombre croissant de colons, la construction d’un Mur, des exactions meurtrières de l’armée d’occupation, tout cela dans le déni le plus total des droits de tout un peuple. Par la politique du fait accompli, l’occupant a visé à accroître sans cesse son emprise sur le terrain pour remettre en cause la résolution des questions de fonds tels que le retour des réfugiés, le sort de Jérusalem et les colonies.

La Communauté Internationale, trop souvent spectatrice devant ces pratiques, se contente de bailler des fonds pour financer les différents processus, sans que ne soit jamais assumée la volonté politique de mettre l’occupant au pied du mur face à ses obligations. L’économie palestinienne est à ce point étouffé que ces sommes colossales n’offrent aucune perspective tandis que l’on fait des palestiniens un peuple d’assistés. Et bien que se prononçant désormais en faveur de l’établissement d’un État Palestinien viable et souverain, les préoccupations de politiques internes, idéologiques, stratégiques ont sans cesse pris le dessus sur les principes d’autodétermination et du droit international. Étant donné leurs responsabilités historiques dans l’apparition du conflit, une grande continuité apparaît dans la gestion que font les puissances occidentales de la question palestinienne. Celles-ci semblent toujours privilégier une représentation faussée de la situation en Palestine, notamment la vision sioniste d’« une terre sans peuple pour un peuple sans terre », négligeant la capacité d’autodétermination des palestiniens qui luttent encore aujourd’hui pour être acteurs de leur propre histoire.

L’Etat d’Israël y trouve un soutien tacite, voire de plus en plus explicite et les conséquences en sont lourdes pour notre peuple. Ainsi en le sanctionnant par un blocus meurtrier qui continue dans la bande de Gaza, la Communauté Internationale fait preuve d’un deux-poids-deux-mesures irresponsable et injuste. À Annapolis, l’administration américaine s’est fixée l’horizon 2008 pour promettre l’aboutissement d’un accord final entre palestiniens et israéliens et l’établissement d’un État palestinien, mais dont les termes de référence restent indéfinis. En inscrivant les parties dans un processus dont on ne voit pas le bout, Annapolis n’a été qu’un plan supplémentaire sans lendemain, et la situation s’enlise sur le terrain. En outre, la situation en Palestine est intimement liée à l’agenda guerrier des États-Unis au Moyen-Orient.

L’occupation continue de dévaster l’Irak alors que la guerre menée en Afghanistan par les alliés de l’Otan s’intensifie. Tout cela sur fond de menaces contre l’Iran et la Syrie. Ainsi la répression israélienne dans les territoires palestiniens occupés est cautionnée par cette guerre prétendue « globale et permanente contre le terrorisme ». Nos préoccupations sont réelles car l’attitude israélienne, et de ses alliés, contribue à polariser dangereusement les positions et pousse à la division interne et aux guerres intestines, choses qui ne seront jamais au profit de notre peuple ni d’une stabilité dans la région.

Les difficultés rencontrées par le mouvement national palestinien tant au niveau diplomatique que sur le terrain, ainsi que la détérioration des mécanismes de représentation au sein de l’OLP, seul organe légitime prévu pour représenter l’ensemble des palestiniens, a fortement secoué notre peuple, en exil comme sous occupation. Malgré cela, la société palestinienne s’est trouvée en ébullition, cherchant sans relâche les formes de sa réorganisation et de sa résistance. Les écueils sont nombreux, et les affrontements internes sont venus nous rappeler combien notre lutte au caractère universel pouvait être réduite à peu de chose. Néanmoins la solution ne se fera pas sans les palestiniens et nous sommes conscients aujourd’hui de l’ampleur du défi à relever. Pour nous, les revendications n’ont pas changé et l’unité et la souveraineté de notre peuple restent sacrés. Nous réaffirmons ici notre attachement au droit au retour de tous les réfugiés dans leurs foyers d’origine ainsi qu’au droit de notre peuple à l’autodétermination. Si négociations il doit y avoir, c’est sur la base du respect de nos droits. Nous refuserons celles qui les remettront en cause et resterons vigilants face à toute initiative ne s’inscrivant pas clairement dans ces principes énoncés par les palestiniens. Si nous admettons la position difficile dans laquelle se trouvent nos dirigeants, nous leur demandons toutefois de respecter plus que tout la volonté de notre peuple en ne pratiquant pas le jeu de la division, de la surenchère ou de la fuite en avant, car nous sommes convaincus qu’aucune solution n’aboutira jamais sans l’unité de notre peuple. Pour l’heure, la levée du blocus sur la bande de Gaza est une priorité absolue, car la crise politique et humanitaire endurée par ses habitants laisse une cicatrice dont souffre l’ensemble de notre peuple, sous occupation et en exil.

En s’inscrivant dans les processus successifs, l’État sioniste cherche à normaliser ses relations avec le reste du monde, en particulier le monde Arabe et à faire taire les voix dissidentes des mouvements solidaires avec notre peuple. Nous appelons ces derniers à ne pas relâcher leur vigilance et à maintenir partout leurs pressions sur leur gouvernement et les institutions sionistes. L’heure n’est pas venu de considérer la puissance coloniale et ouvertement raciste israélienne sur ses bonnes intentions et donc comme ayant droit à des relations diplomatique ou économique normales. En Palestine, l’occupation et la colonisation perdurent et aucune mesure concrète n’a encore été prise pour y mettre terme. Aussi il nous faut multiplier les initiatives visant à organiser les moyens de pression à l’égard de l’État d’Israël, car nous sommes convaincus que seuls nos efforts continus de résistance pourront servir de base à une solution juste, condition absolue de la paix.

Cette année l’État d’Israël célèbre son 60ème « anniversaire », à grand renfort de tapage médiatique jusqu’ici en France. Les français sont ainsi vivement invités à prendre part aux festivités, à l’image du Président Nicolas Sarkozy. Le peuple palestinien commémore quant à lui les 60 ans de sa Nakba, catastrophe qui n’est à bien des égards pas achevée. L’oubli de ce pan tragique de l’histoire, ne purgera certainement pas le crime commis ni même la culpabilité de la France sans cesse invoquée.
Afin de rappeler ces principes et l’exigence de mémoire qui sont les nôtres, nous vous invitons à participer partout aux initiatives de commémoration des 60 ans de la Nakba pour que les palestiniens ne soient pas dépossédés de leur histoire ici en France.

En se rappropriant leur histoire, les palestiniens ont fait le choix de se rapproprier leur avenir.

La GUPS, Union Générale des Étudiants de Palestine, vous appelle à participer à la Marche décoloniale du Jeudi 8 Mai à 14h à Barbès à Paris.

La GUPS, Union Générale des Étudiants de Palestine, réclame :

Le droit au retour de tous les réfugiés dans leurs foyers d’origine.
Le respect du droit à la Résistance du peuple palestinien.
L’établissement et la reconnaissance de l’État palestinien, viable et souverain avec Jérusalem comme capitale.
Le démantèlement de toutes les colonies israéliennes et du Mur d’annexion.
La fin de la politique d’apartheid contre le peuple palestinien.
La libération de tous les prisonniers palestiniens des prisons de l’occupation.
L’application de sanctions contre l’État d’Israël puisqu’il ne respecte pas ses obligations.

www.gupsfrance.org / gups_france@yahoo.fr

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