Ce matin sur France Inter le ministre de l’intérieur Gerald Darmanin a confirmé sa volonté d’obtenir la dissolution d’un ensemble d’organisations accusées d’être « ennemies de la république », notamment l’ONG BarakaCity, dont le président Idriss Sihamedi a été maintenu deux fois en garde à vue, et le CCIF. Depuis plusieurs semaines, de nombreuses mosquées, associations et imams ont été perquisitionnés par la police.
Cette chasse aux musulmans a été dénoncée par de nombreuses organisations internationales, et a choqué les opinions publiques à travers le monde. Une campagne internationale de boycott des produits français a également été lancée. En France, nombreux sont ceux qui s’alarment d’une dérive grave de l’État de droit.
Si la polémique prend à juste titre de l’ampleur, une question se pose : Pourquoi ? Sur quelles bases s’attaquer à une organisation d’aide juridique (donc basée sur la législation) pour venir en aide aux musulmans et à une ONG humanitaire musulmane ?
- Ces organisations sont-elles autonomes de l’état ? Oui. Donc elles sont “dangereuses“ et indésirables.
- Ces organisations critiquent-elles la politique de l’état ? Oui. Donc elles sont dangereuses et indésirables.
On pourrait multiplier les points, mais la réponse sera toujours la même “elles sont dangereuses et indésirables.“Une organisation critique de l’état et autonome de ce dernier est tout bonnement inadmissible. Cela s’arrête-t-il aux organisations musulmanes ? Il semble bien que non. Le projet à moyen et long terme est bien plus redoutable.
Lorsque Darmanin dit vouloir « faire passer un message », à l’aide de perquisitions dignes des pires régimes, à des organisations qu’il sait innocentes de toute entreprise terroriste, il assume clairement qu’il s’agit bel et bien d’une attaque ouverte contre l’ensemble des organisations autonomes et/ou politiques de l’immigration. Cette attaque renforce une offensive déjà engagée : en France comme en Belgique, des militants antiracistes, décoloniaux ou panafricains (tels Mwazulu Diyabanza, Franco Lollia ou Nordine Saidi) et des organisations sont l’objet de procédures judiciaires et d’intimidations visant à entraver et à criminaliser leur combat. Avec les menaces explicites de dissolution de BarakaCity et du CCIF, le « message » du ministre de l’intérieur s’adresse à toutes les organisations indigènes luttant contre le racisme d’état.
Le champ politique indigène n’a plus qu’une question à se poser : lutter, résister et faire front ensemble, ou mourir seuls ?
Atman Zerkaoui, membre du PIR