Nous, enseignant-e-s, avons eu connaissance de la décision prise par la direction du lycée Blanqui à Saint-Ouen d’isoler et de menacer d’exclusion de jeunes élèves au motif qu’elles portent des robes longues de couleur sombre. La raison avancée est que ce vêtement constituerait un « signe ostentatoire » marquant leur appartenance à une religion déterminée, l’Islam.
A ce jour, à notre connaissance, aucun représentant du monde enseignant n’a pris la peine d’interpeller l’opinion publique. Nous estimons donc de notre devoir d’exprimer notre consternation et notre indignation.
En effet, les élèves portaient ce type de vêtement depuis longtemps déjà, nous ne nous expliquons donc pas qu’ à trois mois de la fin de l’année et du baccalauréat pour certaines d’entre elles, un tel ostracisme soit pratiqué par la direction. Quelles que soient nos positions par ailleurs, c’est d’abord la stricte dimension déontologique qui nous fait ici réagir : de même que le médecin veut le bien de ses malades, les membres de la communauté éducative ne sont-ils pas supposés vouloir le bien des élèves, et n’y a-t-il pas claire volonté de nuire quand on exerce un chantage du genre de celui proposé par la direction du lycée Blanqui ?
De plus, la jupe longue de couleur sombre n’a jamais fait partie des accessoires interdits par une loi qui ne vise que le port de signes ou tenues à caractère ostensiblement religieux. A quand l’interdiction des couleurs blanche et bleue du fait qu’elles évoquent la Vierge Marie, le bannissement du rouge et du noir, car emblématiques d’une divinité vaudoue, et la prohibition du vert pour cause d’islamisme ?
Plus sérieusement, nous refusons de nourrir un rapport haineux à l’Islam, religion adoptée par certains de nos élèves. Nous considérons de plus que la décision de contraindre sans aucune base légale ces jeunes filles à renoncer à porter un vêtement qu’elles affectionnent participe de cette même idéologie islamophobe dont l’expression désinhibée est désormais constamment encouragée par les différentes prises de positions et campagnes lancées par le gouvernement.
Pour toutes ces raisons nous demandons à la direction du lycée Blanqui d’arrêter tout harcèlement à l’égard de ces jeunes filles et de lever toutes les sanctions qui auraient été prises contre elles et celles-ceux qui les ont soutenues. Il s’agit de réaffirmer le droit fondamental à l’éducation pour toutes et tous qui a été bafoué par la décision de la direction du lycée Blanqui.
25 mars 2011
Alix Héricord
professeur de philosophie
TZR, Seine–
Jean-Marie GRANETIER
Documentaliste
Lycée Gérard de Nerval ;Noisiel (77)
Pierre Stambul
professeur de mathématiques, retraité, Marseille
Syndiqué SNES tendance Emancipation
Jànos Borovi
professeur de mathématiques, retraité du Collège Guy Môquet,
Gennevilliers (92)
syndiqué à SUD Education 92
Siryne Zoughlami
professeur de philosophie Lycée Mozart Blanc Mesnil (93)
Noëlle Guilbon,
retraitée du collège Travail, Bagnolet (93),
syndiquée SNES tendance Emancipation.
Valérie Duguet,
professeur de lettres au lycée Georges Clemenceau, Villemomble, 93.
syndiquée Sud Education
Max Sébastien,
professeur d’anglais, Lycée Delacroix, Drancy (93)
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robelongue2011@yahoo.fr