Tout d’abord dans la droite ligne de ses prédécesseurs, de droite comme de gauche, le président, une fois de plus, s’est exprimé vivement contre l’indépendance des colonies françaises, au nom des intérêts supérieurs de la Nation. De Mayotte, le message adressé à tous les outre mers est bel et bien : «l’indépendance, c’est la seule ligne rouge» (à ne pas franchir).
Nous notons que pour «ancrer définitivement dans la France» les territoires ultramarins, Mr Sarkozy a mis en route un programme massif, pour la seule année 2009.
Nous citons d’abord le référendum sur la départementalisation précipitée de Mayotte, en mars 2009, qualifié par un juriste, «d’excès de pouvoir» («La prochaine consultation sur l’évolution statutaire de Mayotte » par Olivier Gohin (La Semaine Juridique – Administrations et Collectivités territoriales, n° 11, 9 mars 2009, act. 289).) au regard du Droit français. Signalons que cette mascarade de consultation a été condamnée par les instances internationales en tant qu’elle est contraire au Droit international qui stipule, l’appartenance de Mayotte aux Comores, depuis l’accession de ce pays à l’indépendance (1975). C’est un conflit larvé, puisque les Comoriens affichent dans les rues de Moroni «Mayotte est comorienne et le restera à jamais», tandis que Monsieur Sarkozy, dans son discours, affiche sa détermination en déclarant : «Je ne laisserai aucune puissance étrangère le droit de décider qui serait français et qui ne le resterait pas. Mayotte, c’est la France. Mayotte restera française ». Avis aux juristes, aux démocrates, aux anticoloniaux !
Nous pouvons continuer par une kyrielle de mesures dans cette phase offensive contre la libération des outre – mers: février 2009, lancement des états généraux de l’outre mer et création du Conseil Interministériel de l’Outre-Mer (CIOM); juin 2009, modification de la loi organique sur la Nouvelle Calédonie en la liant, curieusement, à la départementalisation de Mayotte (l’on est en droit de se demander ce que sont devenus les accords de Nouméa ; si la partition de la Nouvelle Calédonie est déjà en route…).
Novembre 2009 : publication des décrets sur la consultation des électeurs de la Guyane et de la Martinique. A ce propos, nous avons enregistré ces derniers jours leurs votes, bien orchestrés en faveur de l’article 73, ce qui n’est pas sans amplifier le «triomphe» de la visite de Monsieur Sarkozy à Mayotte, où il a pu clamer «Mayotte, c’est la France!». Le message subliminal est ainsi prêt à circuler: «Mayotte est française, car les Mahorais le veulent (…) ; la Martinique et la Guyane veulent rester dans la France, de plus ils refusent l’autonomie (…) ; avis aux Guadeloupéens et aux Calédoniens! … ».
Le Président peut donc savourer sa victoire dans cet océan indien francophile: en clamant la francité de Mayotte sur place, et en se rendant à La Réunion – l’autre bon élève de la République coloniale, pour adresser les vœux à tous les outre mers. L’on peut alors penser à quelques avantages politiques, en perspective, à l’approche des élections régionales de 2010…
Dans son discours politique de Mayotte, le Président joue sur 2 leviers. D’un côté, celui des promesses électoralistes, à l’instar de celles de la campagne de 2007 : pour l’horizon de 2011 (date prévue pour la départementalisation de Mayotte), sera mis en œuvre un programme alléchant aux plans économique, culturel, écologique … D’un autre côté, celui du discours sécuritaire, évoquant le «renforcement (massif) de la lutte contre l’immigration clandestine» ; dès son arrivée à Mayotte, ses premières rencontres ont concerné les forces de police et la gendarmerie !
Arrêtons – nous sur ce deuxième levier. En période préélectorale, en 2006, le premier ministre Sarkozy a obtenu «13 253 personnes () expulsées de Mayotte contre 24 000 en métropole » ( http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20070815.FAP0792/a_mayotte_la_lutte_sans_fin_contre_limmigration_illegal.html
] ) (ce qui représente près de 20% des habitants de l’île !). C’est Mayotte laboratoire, comme la Guyane et les autres outres – mers. Ces «clandestins chez eux» sont exploités et corvéables à merci sur cette île qualifiée, à juste titre, de «zone de non droits » ( http://www.cimade.org/nouvelles/477-Mayotte–zone-de-non-droit ).
Pour nous défenseurs de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des Comores, la France coloniale est redevable de plus de 8000 morts comoriens, victimes du visa d’entrée à Mayotte instauré par le gouvernement Balladur – Pasqua, depuis 1995.
Pour nous militants anticoloniaux, l’occupation illégale de Mayotte fait partie d’un plan stratégique, nommé la «Mayottisation» ( http://www.temoignages.re/partition-d-un-pays-et-de-son,36502.html ) : c’est une ingénierie globale, appliquée aux Comoriens, puis aux Kanaks, consistant à diviser le Peuple puis à séparer les régions, aux seules fins de pérenniser la place de la France dans «ses» 3 océans. Au nom de la grandeur de la France.
Nous dénonçons également la complicité des autorités comoriennes qui ne font rien pour arrêter l’hécatombe des «morts Balladur» ( http://ilesdelalune.over-blog.com/article-memorandum-sur-la-commemoration-du-12-novembre-39274027-comments.html )
, pour faire respecter le Droit international qui, en la matière, est supérieure au Droit français ( http://www.temoignages.re/mayotte-l-ouverture-de,35322.html ).
Ce 20/01/2010
Pour le Collectif des Comoriens de la Diaspora,
Le Collectif des Associations et Amis des Comores (CAAC)
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Port. : 06 99 93 10 20