A leur retour, les propriétaires des maisons trouvaient généralement tout dévasté – soit par les premiers obus que les Forces de Défense (FDI) ont tirés pour en chasser les habitants, soit par des effractions et la destruction de meubles, de vêtements, de murs, d’ordinateurs et d’appareils ménagers. Souvent les maisons saccagées restaient debout dans un voisinage où les autres maisons avaient été réduites en gravats par les bulldozers. Les habitants trouvaient aussi toutes les ordures laissées par les soldats.
En Israël, des instituts de recherche décomptent le moindre slogan abusif griffonné dans un cimetière juif à l’étranger et documentent tout article problématique, afin de surveiller la montée de l’antisémitisme. Les médias attachent de l’importance au moindre graffiti contre le premier ministre assassiné Yitzhak Rabin. Mais le racisme quotidien – à la fois institutionnalisé et populaire, déclaratif et pratique – contre les Arabes d’Israël et les Palestiniens de Cisjordanie, celui-là est précautionneusement et pudiquement couvert.
Pas étonnant que les graffiti hébreux, dont les auteurs ont aussi été destructeurs, sur des murs dans le cœur des quartiers palestiniens n’ont pas été relevés par des antennes israéliennes, toujours tellement sensibles au racisme contre les juifs.
Les porte-parole militaires ont pu écarter les rapports et témoignages sur le meurtre de nombreux civils, à courte ou à moyenne portée, comme prétendument fabriqués ou manipulés, ou ils ont pu répondre en général que les terroristes étaient responsables parce qu’ils se cachaient dans les environs. La société israélienne, pour laquelle Plomb Durci a été enterré dans un dossier clos, est toujours prête à n’importe quelle astuce pour expliquer combien son armée est vertueuse et moralement supérieure.
Mais pour ce qui est de l’évidence photographique des graffiti hébreux, difficile de la dénier ou de la prétendre fabriquée, et ce d’autant plus lorsqu’ils apparaissent accompagnés des noms d’unités militaires et de soldats individuels. En effet, le porte-parole militaire a dit que les graffiti contreviennent aux valeurs des FDI, et les FDI les considèrent comme graves.
Tous les soldats n’ont pas commis de graffiti, mais les camarades et les commandants de ceux qui les ont écrits ne les ont pas fait cesser et n’ont pas effacé ce qu’ils avaient gribouillé. C’est en cela que nous pouvons apprécier la sincérité et l’intégrité des soldats. Ils se sont sentis libres d’écrire ce qu’ils ont fait parce qu’ils savaient – comme les pilotes et les opérateurs des drones porteurs de missiles – qu’ils avaient reçu de leur gouvernement et de leur commandant carte blanche pour attaquer une population civile. Alors pourquoi les mots qu’ils ont choisis poseraient-ils un problème ? Ce qu’ils ont écrit sur les murs reflète leur compréhension de l’esprit de leur mission.
Contrairement aux commandants plus âgés qui peuvent se permettre de parler à certains journalistes acceptables pour l’armée, et qui récitent soigneusement ce que les conseillers légaux des FDI et le Bureau du Procureur d’état leur dit de raconter, les scripteurs de graffiti – soldats de l’armée régulière qui ont grandi avec l’occupation et la supériorité militaire d’Israël – n’ont toujours pas compris que le monde fait plus que des armes. Il fait aussi des lois, des règles et des normes humaines.
Leurs commandants leur ont permis de contrevenir aux normes dont ils n’ont manifestement pas conscience. Contrairement à ceux qui formulent les réponses du porte-parole des FDI, les jeunes soldats, peu sophistiqués, n’ont pas d’expérience pour dissimuler les actions de l’armée et ses missions, leur mission, avec des mots qui brouillent la vérité.
Amira Haas
SOURCE : Info-Palestine.net