C’est une voix qui s’éteint. La voix d’une chanteuse mais surtout la voix du peuple noir sud-africain longtemps opprimé par les lois iniques de l’apartheid. A 76 ans, le coeur de Miriam Makeba a lâché dans la nuit après un dernier concert de soutien à Caserte, non loin de Naples. Cette fois, « Mama Africa » avait chanté pour soutenir l’auteur italien de Gomorra, Roberto Saviano, menacé de mort par la mafia, et condamné à l’exil.
L’exil, Miriam Makeba en a souffert pendant près de trente ans. En 1959, trois ans après avoir signé ce qui reste son plus grand succès, Pata Pata, la native d’un bidonville de Johannesburg était contrainte de quitter son pays pour être apparue dans un film anti-apartheid, Comme-back Africa. Elle allait pourtant en devenir une de ses ambassadrices les plus célèbres avec Nelson Mandela. L’Afrique du sud, elle n’y retournera qu’en 1990, à l’invitation justement du plus célèbre prisonnier anti-apartheid, récemment libéré et qui allait en devenir le président.
Pendant ces trente ans, Miriam Makeba n’a jamais cessé de combattre l’injustice du racisme à travers sa musique. Un combat qui a fait d’elle une citoyenne du monde. Elle obtient ainsi des titres de citoyenneté dans plusieurs pays dont la France en 1990. Honorée aux Etats-Unis en 1966 par un Grammy pour son disque avec Harry Belafonte, elle n’abandonne pas pour autant ses convictions. Bien au contraire. En 1969, son mariage avec le chef des Black Panthers, Stokely Carmichael, lui vaudra d’être surveillée de très près par la CIA, ce qui conduira le couple à s’installer en Guinée.
Dimanche soir, Miriam Makeba était une nouvelle fois sur scène, pour un autre combat pour la liberté. Après avoir interprété plusieurs chansons, elle a fait un malaise. Elle a alors été conduite à la clinique Pineta Grande où elle s’est éteinte.
Source : http://www.lejdd.fr/cmc/culture/200846/miriam-makeba-meurt-au-combat_163901.html