Je crains qu’ils ne déchantent bientôt.
Je crois aussi que Obama est un mirage, un rêve, un de plus, qui a été créé de toute pièce pour parer à une situation, et en installer une autre, encore plus profitable, et plus confortable, pour ceux qui l’ont initiée, et dont les coûts se limiteront à un changement de décor, sans même qu’il soit besoin de changer de style.
Le meilleur révélateur de cette orchestration, menée de main de maître, se trouve dans le financement de la campagne de Monsieur Obama. Plus de 600 millions de dollars, dont probablement plus de 400 viennent de lobbies et de groupes financiers. L’un de ces généreux donateurs est Goldman Sachs,la plus grande banque d’investissement au monde. Goldman Sachs est l’archétype même des groupes de pression qui installe dans toute les institutions américaines et dans le monde enier, des « agents » chargés de servir ses stratégies. Le Secrétaire d’Eta au trésor américain, Henry Paulson, était Pdg de Goldman Sachs. L’ex Premier ministre italien, Romano Prodi était un conseiller payé de Goldman Sachs.De nombreux politiciens européens, hauts responsables dans les institutions financières mondiales et autres ministres importants dans les pays productuers d’hydrocarbures émargent chez Goldmlan Sachs.
Cette banque d’investissement est plus qu’un Etat dans l’Etat. C’est l’Etat qui fait et qui défait les Etats. Et si ce groupe a décidé de financer une partie très importante de la campagne de Obama, ce n’est pas pour redonner un « immense espoir au monde » ni de « rendre justice aux opprimés de la terre » C’est juste pour le faire croire, pour permettre à ses stratégies de pouvoir se redéployer dans un autre régistre. Parce que l’actuel est arrivé à son point de rupture.
L’autre indice qui nous renseigne clairement sur la marge de manoeuvre qui a été laissée à Obama, se trouve être dans le choix de ses collaborateurs. L’un d’eux, par exemple, est Dennis Ross. C’est lui qui a été chargé du dossier Iran. Avant même l’élection de Obama. Cet homme, fortement imprégné du néo con Paul Wolfowitz, dont il a été uncollaborateur, fait partie du petit groupe d’extrémistes américains qui ont fondé, avec l’aide de l’AIPAC, le « Washington Institute for Near East Policy », un Think-tank qui distille une propagande israélienne jusqu’auboutiste. A côté de Dennis Ross et de ses discours belliqueux sur l’Iran, Condoleeza Rice fait figure de pacifiste béate.
Deniss Ross est résolument, et publiquement partisan d’une attaque »préventive » contre l’Iran, avec la collaboration d’Israël, et l’assistance des « pays amis du golfe » et du Caucase.
Dans un document récent élaboré par un groupe d’experts qu’il a présidé, Deniss Ross préconise de: » mettre en place dans la région des forces militaires américaines et alliées plus importantes, déployer des groupes de porte-avions et des navires démineurs, implanter dans la région des stocks de matériel de guerre (y compris des missiles), augmenter localement le nombre de bases militaires, conclure des partenariats stratégiques avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie pour pouvoir être opérationnel contre l’Iran de plusieurs endroits ». Comme par hasard, dans ce groupe de reflexion se trouvent des »experts » éprouvés, qui ont fabriqué les fausses preuves d’armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein.
Mais Deniss Ross ne sera pas le seul faucon à encadrer Obama. Presque tous les futurs collaborateurs de Obama, et les collaborateurs de ceux-ci, sont étiquetés néocons. Rahm Emanuel, surnommé « Rahm-bo » pour ses dispositions guerrières, un inconditionnel d’Israël s’est toujours opposé énergiquement à toute forme de pression contre celui-ci. Fils d’un extrémiste juif, il hait les Palestiniens et ne s’en cache pas. Il sera probablement le secrétaire général de la Maison Blanche. C’est dire. Il semblerait que c’est lui qui a suggéré à Obama de déclarer devant un parterre de juifs américains, au siège de l’AIPAC, que Jérusalem doit être la capitale éternelle et indivisible de l’Etat d’Israël. Un pas que même G.W.Bush n’a pas franchi.
Et dans ces nouveaux schémas, pour ne pas être en reste, et ne pas paraître jouer le rôle du simple paravent où les vrais maîtres du monde l’ont fait élire, Monsieur Obama y va de ses propres professions de foi, en annoncant qu’il va renforcer l’armée américaine de 100 000 hommes, d' »éliminer », c’est le terme qu’il a utilisé, la menace que fait peser l’Iran sur Israël, qu’il ne transigera jamais quand la sécurité d’Israël sera en jeu. Et, cerise, il a promis d’offrir à Israël tous les moyens pour se défendre « de toutes les menaces qu’elles viennent de Gaza ou de Téhéran ».
Imaginez un peu le cocasse, ou le tragique, de la situation. Promettre à une puissance nucléaire de la doter de tous les moyens contre un peuple emprisonné entre des murs, et qui ne dispose que d’un armement de simple police.
Il dira aussi, avec un zèle qui frise la flagornerie, qu’il aidera Israël à créer un État palestinien. Ce qui est un comble. Mais cela renseigne déjà sur le futur scénario destiné à la Palestine. Et pour clore le sujet sur une note symapathique, il rassurera la communauté juive américaine en s’engageant à ne jamais permettre aux “terroristes du Hamas” de s’asseoir à la table des négociations.
La marge de manœuvre de Barack Obama est donc toute tracée. Elle est très étroite et il ne pourra pas prendre des initiatives qui pourraient contrarier les stratégies de ceux qui l’ont fait Ubu roi. Il aura la latitude de réformer quelques secteurs qui menacent de générer des troubles intérieurs, comme la sécurité sociale et autres problèmes domestiques. Cela aura le mérite de lefaire passer pour un grand réformateur et d’empêcher la machine sociale de s’emballer. En plus de faire illusion sur la capacité de l’Amérique à remettre en cause ses fondements les plus symboliques, pour le Bien souverain.
Mais hors d’une certaine latitude qui lui sera allouée, Obama ne sera l’homme le plus puissant de la planète que pour la galerie. Et lui même l’a très bien compris, puisqu’il n’en rate pas une pour rassurer sur toutes ses intentions. Et sur ses ancages. Jusqu’au point où il a gommé son propre prénom, Hussein, qui détonnait dans la partition.
Du temps de l’esclavagisme, les américains blancs distinguaient leurs esclaves en deux catégories: Les “Field Negroes et les House negroes” Les esclaves des champs et les esclaves domestiques.
Les premiers, utilisés dans les champs de coton, étaient considérés comme des bêtes de trait ou de somme. Vêtus de haillons, nourris de bouillie de maïs, il trimaient de l’aube au crépuscule, sans autre salaire que les châtiments corporels et les mauvais traitements. Et, pour la messe dominicale, une place au fon de l’église.
Les House negroes avaient droit à un autre traitement. Ils s’occupaient à tenir l’intérieur de la maison, à faire la lessive, la cuisine, à servir leurs maîtres, à conduire la calèche, à prendre soin des enfants, et parfois même, à jouer de la musique, pour le plaisir de ceux dont ils sont la propriété. Ceux là étaient bien nourris, puisqu’ils mangeaient les restes, les femmes pouvaient, éventuellement, servir à l’initiation sexuelle des jeunes maîtres, et ils étaient bien vêtus, de livrées toutes neuves, parce qu’il y allait de la réputation de l’exploitation et du maître. Parce que des House negroes dépenaillés signifiaient que leurs maîtres étaient pauvres.
Cette proximité faisait même naître un certain attachement des maîtres pour leurs esclaves domestiques. Et réciproquement. Certains furent même affranchis par leurs maîtres affectueux, mais ils refusaient de les quitter et restaient à leur service. Par contre, pour bien ressentir toute l’importance de leur statut privilégié, ces êtres humains qui avaient été décérébrés et ravalés au rang de serviteurs par naissance, affichaient ostensiblement leur profond mépris pour leurs propres frères, esclaves des champs, qu’ils se gardaient bien de fréquenter et avec lesquels ils ne s’alliaient jamais. Malcolm X, Mohamed Ali et d’autres noirs contestataires avaient bien compris toute l’horreur de cette situation. Et c’est bien pour cela qu’ils refusaient de se comporter en house negroes dociles.
Aujourd’hui les choses ont changé. Mais, si tant est que nous pouvons caricaturer le contexte, il existe toujours des field negroes, sauf qu’ils habitent les villes, dans des ghettos, au bas de l’échelle sociale, et au plus bas de la considération sociale. Ce sont eux qui forment le plus gros des 40 millions d’ américains qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Et il y a des House Negroes, parfois aux plus hauts niveaux de l’échelle sociale. Ce sont des vedettes de cinéma, des chanteurs, des sportifsde haut niveau, des noirs fortunés. Mais comme leurs prédécesseurs, ils ne se mêlent pas aux noirs d’en bas. On les trouve dans tous les dessus de panier, et de la même manière que leurs ancêtres étaient vêtus de livrées neuves pour faire honneur à la réputation de leurs maîtres, la société américaine les a élevés à des rangs où ne manquent ni les paillettes, ni la fanfare, ni les honneurs, ni les Sitcom qui entretiennent l’illusion. Parce qu’ils doivent donner l’image d’une Amérique où les plus humble ont leur chance et où ils sont la preuve vivante du rêve américain. Et à chaque circonstance, l’Amérique a su dépasser ses propres limites de l’hypocrisie et du fardage. Après Colin Powel, ce fut Condoleeza Rice ainsi que de nombreux autres qui ont été engloutis par l’anonymat, après avoir servi..
Cette fois-ci, ceux qui façonnent l’image de l’amérique, pour l’usage des foules, ont confectionné une livrée que personne n’aurait imaginé. Ils ont fait d’un noir, qui n’est même pas issu de leurs anciens esclaves, le président des Etats Unis. Barack Obama. Il aura un rôle à jouer. Bien plus important que celui de Rice ou de Powel. Et il ne faut pas douter qu’il le jouera très bien.
Djamaldine BEN CHENOUF