Cependant, il serait inconséquent de croire que les délires vengeurs de Mohamed Merah viennent du néant. La terrible violence qu’il vient de manifester s’est nourrie depuis des années de la raison froide des guerres meurtrières menées par les grandes puissances en Afghanistan, en Irak et ailleurs, avec le soutien de l’Etat d’Israël. Comment pouvait-on ne pas prévoir qu’un jour tout cela mènerait à des actions violentes dont les Français juifs, constamment identifiés par la propagande israélienne au sionisme, seraient la cible ? C’est pourtant ce lien qu’il faut briser pour empêcher les amalgames entre Juifs et Israël. Et c’est là que réside l’honneur du mouvement antisioniste : œuvrer pour la libération des Palestiniens mais aussi des Juifs.
Comment pouvait-on ignorer que l’islamophobie croissante qui s’exprime ad nauseam, jusqu’à devenir cette année un argument électoral majeur, finirait par inciter certains partisans de groupuscules violents à passer à l’acte ? Cet arrière-plan idéologico-politique ne pouvait être ignoré. Déjà on cherche à instrumentaliser ce crime, déjà reprennent les amalgames comme le fait de manière scandaleuse le Crif qui, depuis qu’a été révélée l’identité du meurtrier, renonce à la marche qui devait être organisée avec des organisations musulmanes. On ne manifeste pas avec des coupables! C’est là une attitude honteuse vis-à-vis des victimes, irresponsable et dangereuse. La juste émotion soulevée par cette tragédie ne doit en aucun cas devenir l’otage d’intérêts politiciens ou lobbyistes. Ce doit être au contraire l’occasion pour la société française de méditer collectivement les ravages de choix politiques nationaux et internationaux contraires au bien commun. Anders Behring Breivik et Mohamed Merah ne sont pas des accidents en terre d’Europe. Ils sont l’expression de l’incroyable désordre généré par le système impérialiste et raciste. Ils en sont à la fois des conséquences et des symptômes. En ce sens, Breivik et Merah sont bien des produits de l’Europe.
Le PIR