Ainsi, nous déclarons :
- notre volonté d’œuvrer dans la perspective d’un front décolonial à moyen et à long terme.
- qu’il existe un universel de la condition du sujet colonial, qu’il soit africain, antillais, musulman, arabe, berbère, sud-américain, asiatique…Il existe une expérience commune de l’histoire coloniale et du présent de l’immigration qui unifie ces populations et surdétermine leur rapport au reste de la société : racisme, discriminations, violences policières, ségrégation sociale et spatiale, acharnement médiatique, déni d’humanité…
- qu’il existe un ennemi commun et supérieur : la suprématie blanche qui garantit une plus grande sécurité sociale, économique, politique aux Blancs au détriment des non Blancs.
- être conscients des difficultés objectives qui sont les nôtres et qui pour certaines sont le fruit de l’histoire et du colonialisme, à savoir : des statuts différents dans la hiérarchie raciale à l’intérieur de la communauté des post-colonisés, infériorisation au sein même de l’indigénat, mise en concurrence qui empêchent notre union et la possibilité d’une résistance commune plus efficace. Cela peut se traduire par un racisme des Arabes envers les Noirs, un mépris des Antillais envers les Africains, des Noirs et des Arabes envers les Rroms, des divisions nationales ou confessionnelles, contradictions de genre et de classe…).
- que la traite dite orientale est un contentieux non résolu qui se dresse entre les communautés noires et arabo-musulmanes. Cet esclavage est une réalité dont les conséquences socio-idéologiques persistent encore… Toutefois c’est bel et bien l’échelle industrielle inédite (dans les annales de l’histoire de l’humanité) du trafic négrier transatlantique qui a le plus sévèrement ruiné les sociétés négro-africaines, les plongeant dans un profond déclin, et qui associé à l’expansion du capitalisme et des empires coloniaux occidentaux, a constitué le socle historique d’une fracture raciale planétaire toujours active.
- avoir la volonté de ne pas occulter ces contradictions internes car contraires à notre idéal de justice et d’égale dignité.
- avoir la volonté de ne pas occulter ces contradictions internes pour nous renforcer et déjouer les plans de division que les forces racistes n’hésitent pas à instrumentaliser.
- Comprendre la nécessité de l’autonomie à l’intérieur d’un front car si le racisme d’Etat et impérialiste que nous subissons provient de la même matrice coloniale, tous les racismes ne se confondent pas. Ainsi, il est important de préserver la spécificité de la lutte contre la négrophobie comme celle contre l’islamophobie ou contre le racisme anti-Rroms. D’abord parce que le racisme d’État les distingue et ne frappe pas de la même manière les communautés arabo-musulmanes et les communautés noires mais aussi parce que le déséquilibre démographique en faveur des maghrébins pourrait faire la part belle à la lutte contre l’islamophobie et pour la Palestine au détriment des autres racismes et de la Françafrique notamment.
- ne pas situer notre action dans le cadre d’une problématique axée sur l’opposition entre le progrès et le sous-développement mais dans celui de la reconnaissance pleine et entière de nos espace-temps, de nos identités et cultures – africaines, islamiques, créoles, arabo-berbères – qui ne sont ni en retard, ni en avance mais empêchées d’être.
- vouloir assumer la direction pleine et entière de notre politique.
- être ouverts aux alliances avec les forces antiracistes et anti-impérialistes du champ politique blanc qui renforcent nos luttes.
Paris le 17 juillet 2013
Brigade anti-négrophobie, Parti des Indigenes de la République