Immédiatement, ce fut un déferlement de violence. Témoins, plusieurs fidèles ont compris instantanément avec quelles intentions étaient venus les policiers. Il s’agissait de ne pas répondre aux provocations. Un autre habitant a réagi en parlant aux policiers : il a reçu un tir de flashball dans la jambe et sur le flanc et s’est fait embarquer. La foule s’est alors manifestée : les policiers ont sorti grenades et lacrymos.
Jeudi matin, plusieurs fidèles sont allés témoigner en faveur des deux personnes interpellées et afin de tenter d’obtenir des informations, pour savoir s’ils étaient en garde à vue ou hospitalisés. Ils n’ont pas eu d’informations. Et pour leur témoignage, les policiers présents leur ont dit « pourquoi dire ça ? C’est un faux témoignage. » Jeudi en fin d’après-midi ils étaient encore sans nouvelles de ces deux hommes. Tous deux risquent des sanctions : pour le premier, Amrane M., la police a dressé un P.V. pour « outrage, rébellion et violences ».
Le quartier Arnaud Bernard a une identité forte et une vie collective qu’on ne retrouve dans aucun autre quartier de la ville. C’est cela qui le fait résister à la gentrification, aux attaques successives de l’extrême-droite, aux descentes de police. Il y a bien la Dépêche du Midi pour entretenir le fantasme d’un quartier dangereux et hostile. Mais la réalité est vivante et populaire. Les bruits d’Arnaud Bernard, ce sont ceux des étudiants qui viennent boire des coups pas cher, des matchs de foot, les bruits des marchés, des sorties de discothèque, des marchés et des brocantes. Mais la mosquée, c’est tout sauf un lieu bruyant. Pourtant, le président de l’association a déjà été convoqué par la police, par rapport au bruit. L’eau du local a été coupée, sur des prétextes tellement invraisemblables que le propriétaire du local a porté plainte contre le syndic. Alors ce qui s’est passé mercredi sonne comme un nouveau coup de pression, pour que la Mosquée ferme, ce que les fidèles n’acceptent pas. Mercredi soir, plusieurs personnes présentes en ce lieu ont vu deux hommes se faire violenter par la police de manière illégitime. Pire, des témoignages susceptibles de légitimer l’action de la police auraient été récoltés auprès de voisins prêts à tout pour se débarrasser de cette mosquée. Ces violences policières sont d’autant plus injustifiées qu’elles se déroulent pendant le mois de Ramadan, qui est un mois sacré pour les musulmans. Cela rend ces attaques islamophobes et racistes encore plus insupportables.
Nous manifestons notre soutien aux fidèles de la mosquée d’Arnaud Bernard ainsi qu’aux personnes touchées par les violences de mercredi et nous dénonçons :
– L’omniprésence policière injustifiée dans le quartier Arnaud Bernard, et son renforcement depuis le début du mois de ramadan
– Le harcèlement dont fait l’objet la mosquée d’Arnaud Bernard, avec la complicité des forces de police
– L’intervention policière de mercredi soir, rue de l’Hirondelle et en particulier les violences policières dont ont été victimes A. M. et B.
Le PIR Toulouse
lepir31@gmail.com