Prenez une Lafâme blanche-hétéro-baptisée-sensible-et-douce, qui s’appellerait Caroline, par exemple. Collez lui sur le dos une jolie robe longue, mélangez le tout et collez là au lycée. Qu’obtenez-vous ? Une jolie lycéenne en robe longue.
Maintenant, prenez une autre Lafâme, non blanche, qui s’appellerait par exemple Salima. Par exemple. Collez lui sur le dos une jolie robe longue, mélangez le tout et collez là au lycée. Qu’obtenez-vous ? Une vilaine musulmane qui fait du prosélytisme, qui provoque et ne respecte pas Le Principe Sacré de Laïcité (LPSL).
Et c’est là que, n’écoutant que son courage pour défendre ses élèves, l’administration d’un lycée peut se montrer d’une inventivité sans bornes. C’est le cas au lycée Blanqui de Saint-Ouen, où des jeunes femmes ont été rappelées à l’ordre pour… « port de robe longue unie ». Et si.
Le communiqué nous arrive du CCIF, le Collectif Contre l’Islamophobie en France :
“Des lycéennes convoquées pour… port de robe longue unie !
LE COLLECTIF CONTRE L’ISLAMOPHOBIE CONDAMNE AVEC FERMETÉ L’EXPLOSION ISLAMOPHOBE ACTUELLE.
L’expression de l’islamophobie au sein de l’éducation revêt différentes formes plus ridicules et illégales les une que les autres. Les acteurs de ces injustices de plus en plus nombreux ne semblent pas comprendre la gravité de leurs actes et les conséquences de ceux ci sur des jeunes filles que l’on ne cesse de traumatiser depuis trop longtemps.
Paris – le 16 mars 2011
Après les propos nauséabonds de Marine le Pen sur les prières musulmanes, après l’ingérence de l’Etat dans les affaires religieuses avec le débat sur l’Islam, après la sortie scandaleuse du ministre de l’Education Nationale sur les mères musulmanes accompagnants les sorties scolaire c’est au tour du Lycée Auguste Blanqui, à Saint Ouen (Seine Saint Denis) d’être le théâtre d’un nouveau scandale islamophobe. Depuis quelques jours, plusieurs lycéennes sont convoquées, l’une après l’autre, par la proviseure adjointe et la CPE, parce qu’elles portent…de robe longue unie !
Les jeunes filles dont le CCIF a obtenu le témoignage, ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre car leur tenue « ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste » d’après leurs « juges », qui leur ont demandé de porter des jeans et des T-shirts « comme tout le monde » sous peine d’être renvoyées de l’établissement, conformément au règlement intérieur et ce, afin de respecter le principe de laïcité.
L’une des jeunes filles a remarqué une feuille sur le bureau de la proviseure adjointe comportant une liste sur laquelle figure le nom des jeunes filles convoquées avant elle, ainsi que le sien.
L’ensemble de ces jeunes filles portent le voile en dehors de l’enceinte de l’établissement.
Le groupe de jeunes filles a ensuite été réuni pour être une nouvelle fois menacer de sanction.
La plupart d’entre elles ne s’en tireront pas sans séquelles à quelques mois de l’examen le plus important pour elles jusqu’à présent.
Il semblerait que le lycée ait décidé de surveiller de près ces lycéennes et de leur réserver un traitement particulier, humiliant comme si la loi liberticide sur le port du voile à l’école n’avait pas fait suffisamment de dégâts moraux.
Au lieu de lutter pour que les jeunes filles puissent jouir du droit de disposer de leur corps comme elles le souhaitent, d’être traitées de la même façon que leurs camarades, les femmes responsables de cet établissement, se sont évertuer à pourrir leurs vies scolaires.
Le Collectif Contre l’Islamophobie en France condamne fermement les méthodes qui bafouent les droits les plus élémentaires de la République.
Ces faits sont bien entendu illégaux et ne sont que la conséquence de l’islamophobie actuelle, symptôme du climat délétère de notre pays.
Aujourd’hui, l’attitude de nombreux politiques laisse penser certains agents de l’Etat qu’ils bénéficient d’une impunité, et qu’ils peuvent continuer à terroriser des citoyens du fait de leur religion !
Voilà une des innombrables situations où peuvent nous mener des débats stériles sur l’Islam alors que les citoyens de confession musulmane n’ont qu’une seule revendication : L’Egalité – que les lois soient appliquées de la même façon pour tous !
Nous invitons tous les acteurs politiques dont les discours sont à l’origine de ces violences islamophobes à réagir face à cette injustice et à prendre les mesures qui s’imposent.
Collectif Contre l’Islamophobie en France”
Alors, tenez vous bien : il est reproché à ces jeunes femmes de porter une jupe longue unie. D’après le règlement intérieur du lycée, qui reprend la loi du 15 mars 2004 : « Conformément aux dispositions de l’article L141-5-51 du code de l’éducation, le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ».
Il semblerait donc que la robe longue unie soit considérée par l’administration du lycée comme un signe ou une tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse.
La robe longue unie.
La… robe longue unie ? Non, pas la robe en elle-même, rassurez-vous, La robe longue unie… portée par une jeune femme de religion musulmane.
On a donc convoqué ces lycéennes pour leur intimer l’ordre de faire « comme tout le monde », c’est à dire de revêtir un jean et un tee-shirt, et de cesser cette odieuse provocation à base d’agressive et ostentatoire robe longue. Les lycéennes ont donc été obligées de s’infuser un discours sur la Rrrrrrrépublique, la Laaaïcité, et le Rrrrrrrrrespect de la Patrie, qui serait en danger à cause du port de robe longue unie. Après ce rappel à l’ordre inique, humiliant, et des menaces de sanction, les propositions de dialogue émises par les familles ont été rejetées par l’administration de l’établissement. Emploi du temps trop chargé, leur a-t-on dit.
C’est là que Mademoiselle se dit que le lycée n’est pas allé assez loin dans l’absurdité.
Ne pourrait-on pas demander à ces jeunes femmes de changer de prénom, afin de s’appeler Caroline, « comme tout le monde » ?
Ne pourrait-on pas demander à ces jeunes femmes d’arborer un épiderme bien blanc, « comme tout le monde » ?
Parce que, comme le dit Môssieur Guéant, « Les Français (…) ne sont pas xénophobes. Ils veulent que la France reste la France. » (Le Monde du 15 mars 2011).
Ah, la France éternelle, son pâté, son camembert, ses colonies…
Mademoiselle pense donc qu’il faudrait de toute urgence légiférer de manière à rendre obligatoire le port de signes ostensible de francitude. Ainsi, tout(e) lycéen(ne) désireus(e) de montrer son amour de la Patrie et de la Laïcité devrait désormais venir au lycée en arborant :
Un jambon beurre et sa serviette à carreaux :
et/ou une photographie du Général,
et/ou des lunettes « Optique 2000 » sponsorisées par notre chanteur national Johnny,
et/ou un coq (à réserver aux lycées agricoles),
Avant de vous laisser, Mademoiselle vous propose trois vidéos d’une conférence sur la fameuse laïcité, par Christine Delphy. Très bon, et ça fait du bien.
Mademoiselle