Quand celui-ci rime avec 1954, alors ce jour claque comme une voile tendue en pleine tempête.
Nous le savons, les jours de dignité constituent entre eux d’insoupçonnables généalogies. Ainsi le 1er novembre est lui-même enfant d’un autre jour, prestigieux, sans lequel il ne serait pas. Le 7 mai 1954, à Dien Bien Phu, quelque part en Asie, date à laquelle l’armée française voit écrasée pour longtemps sa morgue hautaine. On sait en effet à quel point cette victoire inspira le soulèvement du peuple algérien dont elle porta tous les espoirs. Et puis le 1er novembre peut se réclamer d’autres ascendances, bien antérieures. Celle d’un certain 30 mars 1947, par exemple, jour où le glorieux peuple malgache en un combat par trop inégal entreprit un soulèvement qui certes lui attira la folie criminelle que l’on sait d’une république cynique et sans pitié mais qui déjà dessina à la face de tous les colonisés, les contours de la liberté.
Cependant, le 1er novembre est aussi jour de promesse. Et à son tour il enfantera plus tard et plus loin. Sur la terre d’Afrique, là, il fécondera d’autres terroirs. Nous le savons, après le 1er novembre 1954, la France craignant une nouvelle guerre d’envergure se trouve contrainte de négocier l’indépendance de ses colonies d’Afrique de l’Ouest et de ses deux protectorats d’Afrique du Nord. Le 1er novembre annonçait ainsi d’autres batailles héroïques au Cameroun, en Côte d’Ivoire et ailleurs. C’est dire combien le tournant engagé à cette date ne peut nous laisser indifférent. « Pourquoi le 1er novembre ? Comment osez-vous assimiler la situation des indigènes algériens en 1954 et la vôtre ?», s’entêteront à répéter ceux pour qui un jour de plus ou un jour de moins d’oppression n’aura décidément jamais pour eux qu’une importance relative. Et bien, répondra t-on, ce souffle de novembre, comment ne pas y succomber. Et certes, même si la conquête à venir n’est pas territoriale, il est le vent du sud qui poussant notre navire indigène nous aide à larguer les amarres. Vers une libération qui elle est toujours d’actualité.
Youssef Boussoumah, le 1er novembre 2008