Hortefeux est rejeté dans l’ombre mais pas sa xénophobie puisqu’en ressuscitant le ministère de l’Intérieur et de l’Immigration notre Président renoue avec les pages et les dérapages les plus sombres du débat sur l’identité nationale. Preuve supplémentaire que celui-ci assume l’orientation dangereuse de sa politique, la nomination à la défense de M. Longuet fondateur du groupuscule d’extrême droite « Occident », qui expliquait encore récemment à des journalistes la différence entre Français et Français en glosant sur « le corps traditionnel de la nation ». Aux affaires étrangères nous avons désormais M. « le meilleur d’entre nous »qui devra se départir de sa morgue naturelle s’il ne veut pas subir le même sort que Boris Boillon, le chippendale diplomate fraichement nommé ambassadeur à Tunis et déjà conspué.
Dans son allocution, M. Sarkozy, nous a clairement indiqué les grandes lignes de la future présidentielle. Il ne fait aucun doute que l’Immigration et l’Islam seront les deux boucs émissaires de la prochaine campagne. En choisissant délibérément de chasser sur les terres arides de l’islamophobie, de la xénophobie et de la division, le président en exercice commet une double erreur morale et stratégique.
Dans ce discours sans surprises M. Sarkozy, n’a aucun remord, pas même l’esquisse d’une tentative de réflexion introspective sur les échecs de la diplomatie française en particulier et de sa politique en général. Au contraire le cadre idéologique du Sarkozysme est défendu, réhabilité par le réajustement entrepris. Comme si le fond restait valide et que seule la forme avait failli ! Notre président prétend avoir compris l’aspiration des peuples arabes, il nous engage à ne pas en avoir peur et nous mets, dans la foulée, en garde contre le Tsunami migratoire qui va nous submerger maintenant que ses amis bien aimés Benali, Moubarak et Kadhafi ne sont plus là pour nous en protéger. Etranges digues, curieux remparts en vérité, mais très éloquents pour le coup. Dans l’esprit de notre chef de l’état la liberté des peuples du Maghreb, du Machrek et d’Afrique entraîne inéluctablement la liberté de venir chez nous sans être massacrés dans le désert libyen, noyés au large de Lampedusa ou dans le détroit de Gibraltar. M. Sarkozy se réjouit que l’Islam politique ne soit pas le moteur de ces insurrections et s’étonne presque que les leitmotivs des révolutions en cours soient si proches des valeurs universelles qui nous sont si chères. Dans la tête de notre président il semble que cette « universalité » des valeurs est restrictive et qu’elle pourrait être résumée par la formule suivante : « les valeurs universelles occidentales ». Celui qui a écrit ce discours est surement le même que celui qui a rédigé le pathétique discours de Dakar…Incorrigible ! M. Sarkozy n’a pas manqué de nous resservir son projet néocolonial d’Union Pour la Méditerranée, comme unique perspective de collaboration et de partenariat entre les deux rives. Il oublie simplement que ces interlocuteurs ont changés, que la docilité des dictateurs corrompus est révolue et que les dirigeants de ces pays se sentiront dans l’obligation de faire aux mieux des intérêts de leurs peuples ! Les Accords de Partenariat Economique contenus dans le projet de l’UPM sont univoques et ressemblent à ceux qui ont affamés les peuples de l’Afrique subsaharienne. Inacceptables !
Quartiers Nord/Quartiers Forts
27 Février 2011