D’après un journal israélien, ces deux candidats éligibles représentent la tendance la plus pro-sioniste pour chacun de leur parti respectif ! Pour leur programme économico-social ? Les deux se sont couchés face aux banquiers et prônent l’austérité. C’est-à-dire plus de misère pour les plus pauvres pour renflouer les caisses des plus riches. Pour leur politique vis-à-vis de l’islam et des musulmans. Elle est identique : encourager l’islamophobie pour faire diversion ou y être indifférent (dans le meilleur des cas).
Les 2/3 des français ne croient pas à ce système ou s’en détournent. Si les gens ne votent plus, c’est qu’ils n’y croient plus. Ils ne croient plus à aucun de ces candidats et ne font plus confiance à ce système en général où ne règne que « mensonges » et « fausses promesses ».
J’ai beaucoup plus confiance à l’opinion populaire qu’à ce système mensonger toujours au service des nantis. Je refuse cette attitude presque méprisante vis-à-vis de ces 2/3 des français qui ne votent pas ou vis-à-vis des « jeunes » de nos quartiers populaires.
Le discours de la « pensée unique » veut nous faire avaler que les 2/3 des français qui ne votent pas sont des mauvais citoyens qui doivent se faire « éduquer ». Un discours que l’on connait bien chez les musulmans et autres « dominés », on leur disait qu’ils avaient un « manque d’intégration chronique ».
Les classes pauvres ou/et musulmanes sont soit pas assez « intégrés », soit pas assez « éduqués civiquement »… Injonction d’intégration, injonction d’éducation, toujours ce discours colonial. Et le plus terrible est que ceux qui sont censés représenter ces gens reprennent ce discours du « maître », sans en comprendre le sens.
Au lieu de donner des leçons de bonne conduite civique, ne faudrait-il pas essayer de comprendre pourquoi « les nôtres » adoptent cette attitude ? Et pourquoi ce serait la minorité votante qui aurait raison sur cette majorité « abstentionniste » ?
Et si la majorité avait raison ? Et si le mot « élection » dans notre continent n’était plus équivalent à celui de « démocratie » ? Et si le monde doucement, insidieusement mais radicalement était entrain de changer ?
Hier en Grèce, puis en Italie, aujourd’hui en Espagne, et même sein des institutions de l’Europe, les technocrates banquiers prennent le pouvoir sans même passer par la case « élections ». Que des anciens des banques d’affaires américaines Goldman Sachs ou Lehmann Brothers ! Un véritable coup de force avec les complicités de nos élus et de nos grands médias.
Ceux-là prennent les vraies décisions mais ils ne sont pas élus. Au même moment, on nous demande d’élire des candidats qui n’auront plus la capacité de décider sur quoi que ce soit. Ils devront se soumettre sinon les « agences de notation », les « marchés » se chargeront de les faire remplacer.
Sur la rive sud de la méditerranée, nos sœurs et frères sont prêts à mourir pour un état de droit démocratique car, là-bas, il y a un véritable enjeu : Établir un système démocratique confisqué par des régimes policiers ou militaires (soutenus par l’Occident dit démocratique (!)).
Sur la rive nord de la méditerranée, le système démocratique en place est vidé de son sens, falsifié par les lobbies financiers. La majorité, écœurée, ne veulent même plus y participer.
Le monde change mais nous fonctionnons toujours avec des anciens logiciels. Je suis conscient que ce discours passe difficilement. Mais je suis aussi convaincu que ces multiplications d’appels incantatoires à voter sont une erreur, c’est emmener les « nôtres » vers une impasse.
En fait, la vraie question est : « Qu’est-ce que nous voulons ? »
Si le projet est le fait que des « musulmans » ou des « gens de chez nous » soient aussi au pouvoir, je pense que ce n’est pas un problème. Il faut effectivement s’organiser pour participer massivement aux élections. Ce système permet à tout le monde d’accéder au pouvoir tant que l’essentiel n’est pas remis en cause : idéologie de la croissance, soumission aux logiques financières, sionisme… Obama est un bel exemple. Le pays du génocide noir et de l’esclavage a bien réussi à mettre un black au pouvoir. Cela n’a bien sur rien changé. Comme le confirmait un responsable de la résistance palestinienne faisant le bilan de la politique Obama au Moyen-Orient, à part la « couleur », rien de nouveau.
Mais si le projet global est de changer le système, l’appel à voter en « bon citoyen bien intégré » ne peut pas être présenté comme LA solution où tout le monde devrait s’investir. (Même si je comprends que certains puissent s’engager ponctuellement lors d’élections locales. Cela peut s’avérer nécessaire et/ou utile.)
L’essentiel dans ce contexte, c’est s’atteler à réformer un système, c’est un projet ambitieux. En fait, c’est le projet prophétique. Il ne doit pas nous faire peur : Dieu ne nous récompense-t-Il pas à la hauteur de nos intentions. À l’image de nos prophètes (paix et salut sur eux), il faut être patient et travailler sur le long terme. Et commencer par comprendre ce qu’est ce système. On ne peut pas combattre un ennemi sans d’abord l’identifier.
D’autres, musulmans ou non, y travaillent déjà. La question est donc : Quel est notre objectif ? C’est la question du sens que peu de gens veut se poser. Car elle prend la tête…
Mais on a plus le choix car nous assistons à la fin d’un monde, à l’écroulement d’un système avec toutes ses « vérités ». Il faut aller voir ailleurs, avec tous ceux qui réfléchissent et agissent pour un autre monde.
Et l’Islam apporte de véritables solutions au niveau spirituel, économique et social, n’ayons plus peur d’en parler.
Yamine Makri
Source : Globislam