Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
« Ô les croyants! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Dieu l’ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos pères et mères, ou proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, Dieu a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, (sachez qu’) Dieu est parfaitement connaisseur de ce que vous faites. »
(Sourate 4 Les femmes – Verset 135)
Nous sommes musulmans…
Nous nous affirmons musulmans et satisfaits de l’être : l’Islam pour nous est un cadre structuré et structurant, il ne nous accompagne pas uniquement à la mosquée, mais aussi au foyer, au travail, au marché, à l’école. Le Coran éclaire notre vie. Nous aimons notre Prophète صلى الله عليه و سلم ([Que la paix et la bénédiction de Dieu soit sur lui.)]: il est notre modèle : c’est sur ses pas que nous nous efforçons de marcher. Par conséquent, nous ne demandons pas le droit de croire, nous sommes croyants et nous déclarons légitime l’affirmation de notre foi dans la sphère publique. Nous participons, en tant que ce que nous sommes, à la construction de la société dans laquelle nous vivons. Cette société est aussi la nôtre.
La France est à nous et la langue française aussi. Elle est notre langue, nous la parlons et l’écrivons comme bon nous semble et assumons seuls le fait de nous rendre intelligibles, ou pas. Langue sacrée du Livre, l’arabe est aussi notre langue, vivante, poétique, et où la langue française a puisé nombre de ses mots. Nous nous affirmons comme les témoins de la grande civilisation islamique. Celle dont les savoirs ont fasciné de nombreuses cultures y compris européennes même s’il est à déplorer que ces dernières en aient négligé le message essentiel à savoir celui de la transcendance et de l’unicité de Dieu (At Tawhid) et de l’affirmation de la communauté des hommes. Nous sommes ici et maintenant les héritiers et continuateurs de quatorze siècles de civilisation.
Face à tous ces pseudo-prophètes de la théorie du choc des civilisations, nous opposons notre volonté de vivre en harmonie avec notre milieu : dans l’équité, la fraternité, le respect et la liberté. Tout en refusant l’idée que le vivre ensemble impliquerait une obligation de ressemblance. Nous ne serons donc ni les adeptes de l’Islam de France concocté par ce gouvernement et quelques musulmans dociles, ni de cet Islam des salons mondains, où fleurissent les fatwas « hallalisant » l’intégration par le jambon. L’Islam n’est pas à l’aval de nos vies, bien au contraire, il en est le principe actif. Il est la structure de notre existence, il en est la lumière et il est la source de notre éthique.
… et nous le resterons…
Le CRILA (Cercle de Réflexion : Islam, Libération et Anticolonialisme) est un espace de réflexion critique interne au PIR. Il entend problématiser les discours et les pratiques d’exclusion dont les Musulmans font continuellement l’objet, en France notamment. Inscrite au sein du Parti des Indigènes de la République, cette structure se veut forte des dialogues engagés avec d’autres acteurs, qu’ils soient Musulmans ou non. Nous sommes convaincus du potentiel émancipateur de l’Islam, en dépit de ce que prêche une certaine vulgate laïciste. Nous n’avons pas honte de notre foi islamique. Nous ne cherchons ni à nous justifier de cette foi, ni à offrir le visage “modéré” du Musulman civilisé.
Ce cercle n’a cependant pas la prétention de fournir un Islam exemplaire, il se propose d’insuffler aux stratégies des luttes décoloniales l’élan libérateur de l’Islam. Dans le contexte idéologique actuel – climat de méfiance, de peur, voire de haine de l’Islam – nous offrons un “témoignage musulman”, comme en leur temps des résistants français de confession catholique ont offert “un témoignage chrétien”.
En prenant appui sur ses références islamiques et en harmonie avec les principes fondamentaux du PIR, le CRILA contribuera à l’élaboration de réponses politiques et programmatiques face à la répression et aux débats imposés par le gouvernement. Nous appelons l’ensemble des espaces de résistance qui, comme le nôtre, critiquent l’Islam institutionnel, à unir leurs forces autour d’une démarche décoloniale car nous rejetons fermement toute division entre les Musulmans.
Quelle que soit la tendance à laquelle ils appartiennent, nous considérons comme nos frères toutes celles et ceux qui prennent parti contre l’oppression.
Nous offrons un espace ouvert aux théologiens et aux croyants qui, forts du référent islamique, peuvent s’engager au sein du Parti des Indigènes de la République et offrir de nouvelles perspectives aux combats qui sont les siens.
… car nous ne craignons que Dieu.
Aussi, le CRILA se fixe t-il pour but l’élaboration d’une pensée islamiste débarrassée des oripeaux du consumérisme, comme de la vaine béatitude. N’en déplaise aux chantres des lumières aveuglantes, notre démarche, fraternelle et collective, correspond à un retour à Soi, à rebours des injonctions occidentales. Nous opérons, en tant que Musulmans, un mouvement autonome, dans la continuité du Message délivré par les prophètes. C’est un retour sur nous-mêmes : l’émancipation des hommes dans le processus de l’Histoire est bien conforme au message du prophète Muhammad صلى الله عليه و سلم délivré dans le Coran.
Le Livre Saint n’est nullement réservé à un peuple élu. A cet égard, Allah nous dit dans Sourate Al-Anbiyâ (Coran, Sourate Les Prophètes – verset 107.) : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers », et l’ultime sermon du Prophète s’adresse aux « Hommes ».
Pour nous, enfin, l’action politique ne se réduit ni à la simple gestion de la cité, ni à un calcul populiste à court terme : il s’agit bien de réformer les hommes. Nous considérons comme un devoir religieux l’implication active dans les affaires du monde, sans quoi nous subirions passivement les contraintes fixées par d’autres, celles des injustices. S’engager politiquement est un continuum de la foi : une prolongation, et non pas un renoncement. Sans cette action, nous serions incomplets, nous trahirions l’idéal de plénitude “Insan al Kamil” de notre bien aimé Prophète Muhammad صلى الله عليه و سلم. Aussi, nous ne fuirons pas nos responsabilités ici-bas. Nous ne fuirons pas physiquement, en quittant la France. Nous ne fuirons pas psychologiquement, en renonçant à notre identité, la foi et la culture islamique. Rester, c’est résister.
Or, la résistance exige une structure, une organisation au sein d’un parti fédérateur – où les enseignements de l’Islam s’imprègnent de la mémoire des luttes de l’immigration et du combat anticolonial des peuples d’Asie et d’Afrique. L’arrogance conjuguée des capitalistes, des racistes et de ceux qui considèrent la planète toujours comme un moyen et jamais comme une fin n’est pas acceptable. Nous sommes nombreux, par-delà ces mêmes convictions religieuses qui nous animent, à lutter contre les oppressions: racisme, hiérarchie des rapports humains, économie spéculative et destruction de l’environnement. Le CRILA, solidaire des résistances anticoloniales – notamment celles portées par l’Islam politique décolonial – sera présent aux côtés des déshérités en lutte, conformément au principe islamique d’Unicité Divine. Parce que nous ne haïssons que l’oppression et nous ne craignons que Dieu.