La déception n’a pas été terrible dans la mesure où je n’attendais pas grand-chose de lui. Je pensais qu’il serait un président démocrate comme les autres. En matière de politique étrangère, cela ne fait pas une grande différence avec un président républicain. Il est aussi nationaliste, expansionniste, impérialiste et va-t-en guerre. Il n’y a donc eu ni attente ni déception de ce côté-là. Sur le plan intérieur, les présidents démocrates sont généralement plus réformistes. Plus proches des syndicats, ils font plus volontiers passer des lois au profit des citoyens ordinaires et Obama l’a fait. Traditionnellement, les réformes démocrates sont néanmoins toujours limitées et prudentes et, là encore, Obama ne fait pas exception à la règle. A propos de la réforme du système de santé, le président a commencé avec un compromis, et, quand on commence avec un compromis, on finit avec un compromis de compromis, ce qui est effectivement là où nous en sommes aujourd’hui.
Je pensais qu’il ferait plus de choses sur le plan des droits constitutionnels. C’est sur ce point que je suis le plus déçu, car Obama sort de la faculté de droit de Harvard et devrait se sentir particulièrement concerné par cette question. Aujourd’hui président, il n’a pris aucune mesure significative pour se distinguer de son prédécesseur, George Bush. Bien sûr, il n’arrête pas de parler de la fermeture de Guantanamo, mais il considère toujours ces prisonniers comme des « terroristes présumés ». Ces hommes n’ont toujours pas été jugés ni condamnés. Quand Obama propose de les sortir de Guantanamo pour les enfermer dans d’autres prisons, il ne fait guère avancer la cause des droits garantis par la Constitution. Il a également plaidé pour leur maintien en détention préventive et n’a pas mis fin aux renvois de prisonniers dans des pays où ils risquent d’être soumis à la torture.
Je pense que les gens sont éblouis par la rhétorique de ce président, et il est temps qu’ils comprennent que cet homme ne sera qu’un président médiocre – c’est-à-dire, à notre époque, un président dangereux -, à moins qu’un mouvement national n’émerge et ne le pousse à faire mieux.
* Une histoire populaire des Etats-Unis est paru aux Editions Agone. Il a été adapté en bandes dessinées par Vertige Graphic sous le titre Une histoire populaire de l’empire américain
source: Courrier International